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Le nouveau président portugais prend ses fonctions

«Il est urgent de recréer des convergences et de renouer le dialogue» après la période d'incertitude et de crispation qui a suivi les législatives d'octobre dernier, a déclaré le nouveau chef de l'Etat dans son discours d'investiture.

 Le nouveau président portugais prend ses fonctions
Le conservateur modéré Marcelo Rebelo de Sousa, investi président de la République du Portugal, à Lisbonne. Ph : AFP

Le conservateur modéré Marcelo Rebelo de Sousa, investi mercredi président de la République du Portugal, sera appelé à jouer un rôle central en cas de crise menaçant la survie du gouvernement socialiste et sa fragile alliance avec la gauche radicale.

«Il est urgent de recréer des convergences et de renouer le dialogue» après la période d'incertitude et de crispation qui a suivi les législatives d'octobre dernier, a déclaré le nouveau chef de l'Etat dans son discours d'investiture.

«Nous devons panser les plaies engendrées par de si longues années de sacrifices», a ajouté après avoir prêté serment ce professeur de droit de 67 ans, qui devra cohabiter avec un gouvernement de gauche déterminé à mettre fin à la politique d'austérité menée depuis 2011, tout en respectant les règles budgétaires européennes.

Elu dès le premier tour de la présidentielle du 24 janvier avec 52% des voix, l'ancien commentateur vedette de la télévision portugaise s'est montré conciliant envers l'alliance entre les socialistes et les partis de la gauche antilibérale, inédite en 40 ans de démocratie.

«Le président a fait un discours dans lequel nous pouvons tous nous reconnaître», a réagi le Premier ministre Antonio Costa, ancien élève du chef de l'Etat à la faculté de droit de Lisbonne.

Pouvoir de dissolution

Rebelo de Sousa, qui a tenu à mener une campagne «indépendante» de son camp politique, est un communicant-né, aux antipodes de la rigidité affichée par son prédécesseur Anibal Cavaco Silva, issu comme lui du Parti social-démocrate (PSD, centre droit) puis devenu très impopulaire aux cours de son second mandat de cinq ans, marqué par un plan d'aide international assorti d'une sévère cure de rigueur.

Elu au suffrage universel direct, le président portugais n'a pourtant aucun pouvoir exécutif. Mais son influence s'accroît en période d'incertitude politique, car il peut provoquer la démission du gouvernement s'il estime que «le fonctionnement régulier des institutions» n'est pas assuré.

Rebelo de Sousa disposera du pouvoir de dissolution du Parlement à partir de début avril, soit six mois après les élections législatives.

Cependant, «la survie du gouvernement est davantage menacée par les contradictions au sein des partis qui le soutiennent que par l'action du nouveau président», a expliqué à l'AFP, le politologue Antonio Costa Pinto, évoquant les tensions entourant les discussions menées avec Bruxelles au sujet du budget de l'Etat pour 2016.

Très attendu sur ce dossier brûlant, le nouveau président a prévenu que «sans rigueur et sans transparence financière, le risque d'un perpétuel retour à la crise est nettement plus important».

 «Négociations difficiles»

Lisbonne a réussi à arracher un feu vert de la Commission européenne à son projet de budget, qui doit être définitivement adopté par le Parlement mercredi prochain, mais Bruxelles a émis de sérieuses réserves sur le virage que souhaitent opérer Antonio Costa et ses alliés.

Le chef du gouvernement devait s'entretenir avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker mercredi à Lisbonne. Antonio Costa recevra le lendemain le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, qui souhaite évoquer le train de mesures de rigueur réclamé par Bruxelles en cas de dérapage budgétaire.

«Je ne suis pas là pour boucler ces négociations difficiles» mais pour «manifester ma solidarité envers le nouveau président et le peuple portugais», a déclaré Jean-Claude Juncker, qui a assisté à la cérémonie d'investiture de Rebelo de Sousa aux côtés du président du Mozambique, Filipe Nyusi, et du roi Felipe VI d'Espagne.

L'adoption de mesures d'austérité supplémentaires «pourrait constituer le point de rupture pour l'alliance» de la gauche, a mis en garde vendredi l'agence de notation financière Fitch, évoquant des «risques politiques» qui freinent la réduction des déficits.

Signe de l'inquiétude des investisseurs, le Trésor portugais a dû consentir des taux d'intérêt en nette hausse afin d'emprunter mercredi 1,215 milliard d'euros de dette à cinq et dix ans.

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