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Washington propose une résolution

Les Etats-Unis discutent avec leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'Onu d'un projet de résolution prévoyant de rapatrier des contingents entiers de Casques bleus soupçonnés d'abus sexuels, ont indiqué vendredi des responsables américains.

 Washington propose une résolution
Un soldats de la paix de la Monuc à Bunia dans le nord de la RDC, ils ont un devoir de protection envers les civils. Des mesures ont été prises contre les délits sexuels du personnel de maintien de la paix. Ph : AFP

Il s'agirait de la première résolution du Conseil consacrée spécifiquement à ce problème récurrent dans les missions de maintien de la paix de l'Onu, en particulier en République centrafricaine et en République démocratique du Congo (RDC).

La résolution permettrait d'expulser des missions les pays dont les soldats «commettent régulièrement» de tels abus ou qui ne montrent aucun empressement à sanctionner leurs soldats.

Il s'agit «d'utiliser la menace de rapatriement comme moyen de pression» pour obliger les pays fournisseurs de troupes à prendre des mesures, a expliqué un responsable américain parlant sous couvert d'anonymat.

Il incombe en effet à ces pays, et non à l'Onu, d'enquêter et de sanctionner pénalement les coupables mais ils le font avec réticence.

«Les pays contributeurs gardent jalousement leur juridiction sur leurs propres troupes, y compris les Etats-Unis, et c'est un sujet sensible», a reconnu un autre responsable américain. 

Face aux nombreux scandales d'abus ou d'exploitation sexuels dans les missions, l'Onu a commencé à faire le ménage en rapatriant des unités venues de RDC et du Congo-Brazzaville et opérant au sein de la Minusca (mission de l'Onu en Centrafrique).

La résolution demandera aussi au secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon de décider si un pays mis en cause doit continuer de participer aux opérations de maintien de la paix.

Les discussions sur le texte viennent de commencer et Washington souhaite une adoption «dès que possible», explique un responsable américain. «Tous les pays membres du Conseil reconnaissent désormais que c'est un problème qu'il faut traiter».

Les Etats-Unis sont le plus gros bailleur de fonds du maintien de la paix, payant 28% d'une facture devenue colossale (8,3 milliards de dollars par an pour plus de 100.000 Casques bleus). Mais ils ne déploient sur le terrain que 80 militaires et policiers (contre 936 pour la RDC ou 8.500 pour le Bangladesh).

La résolution, un texte court et de portée générale, ne reprendra pas certaines recommandations précises contenues dans un rapport publié vendredi par l'Onu.

Le rapport recommande notamment de créer des cours martiales in situ pour juger les coupables et de prendre les empreintes génétiques de Casques bleus afin d'accélérer les enquêtes.

Il indique que l'Onu a recensé l'an dernier 69 cas d'abus sexuels qui auraient été commis par des Casques bleus originaires de 21 pays, pour la première fois nommément désignés, et note qu'il s'agit d'une hausse «très inquiétante» sur 2014 (52 cas).

La moitié des 69 cas d'accusations d'abus ou d'exploitation sexuels ont été enregistrés dans deux seulement des 16 missions de l'Onu : 22 en Centrafrique et 16 en RDC.

En tout, des soldats ou policiers de 21 pays sont mis en cause, avec en tête la RDC (7 cas), le Maroc et l'Afrique du Sud (4 cas).

Cameroun, Congo-Brazzaville, Rwanda, Tanzanie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Canada, Gabon, Allemagne, Ghana, Madagascar, Moldavie, Niger, Nigeria, Sénégal, Slovaquie et Togo sont aussi mentionnés.

Ces accusations n'ont donné lieu à aucune poursuite pénale pour l'instant. Certaines des peines prononcées par les autorités nationales pour des affaires similaires les années précédentes apparaissent légères.

Le secrétaire général adjoint chargé de la logistique des missions Atul Khare a déploré que «les actes abominables de quelques-uns jettent le discrédit sur le travail et le dévouement de beaucoup».

Le Conseil de sécurité doit examiner le rapport et discuter du projet américain de résolution la semaine prochaine, selon des diplomates.

 

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