Les enjeux de la transition digitale expliquée par l’IRES

L’intérêt de l’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) pour la digitalisation en Afrique fait partie des préoccupations de l'IRES dans le cadre de ses programmes d'étude sur la compétitivité globale et le capital immatériel. En effet, comme l’a rappelé Mohammed Tawfik Mouline directeur général de l’IRES, lors de ce panel qui a eu lieu à Dakhla, l’Institut avait souligné dans son rapport stratégique 2018 l’importance de la transition digitale en tant que levier de changement au service d'un développement autonome de l'Afrique. Ce qui s’ajoute à de précédents rapports soulignant le même enjeu. 
Il a expliqué, à cette occasion la digitalisation progresse à grands pas pour constituer l’une des tendances lourdes conduisant à des changements profonds sur le plan politique, économique, social et sécuritaire. Selon lui, sur le plan politique, la transformation digitale pourrait, non seulement, bouleverser les modes d'élaboration des politiques publiques mais aussi constituer un enjeu de souveraineté pour les pays. Sur le plan économique, elle permettrait l'émergence d'un nouveau modèle économique centré sur l'usage et la créativité et impacterait la compétitivité des économies, en contribuant à la redéfinition des règles concurrentielles. Sur le plan social et sociétal, cette transformation apporterait de véritables changements dans les modes de vie, les manières d'être et de penser et les conditions du vivre-ensemble. Sur le plan sécuritaire, affirme le directeur général de l’IRES, le cyberespace est en train de devenir le nouveau terrain de jeu de la criminalité eu égard au vol d'identité numérique, au piratage des données, le recrutement d’extrémistes... Certains Etats sont même tentés de l'utiliser pour contrôler leurs populations, voire les censurer, allant jusqu'à la coupure des réseaux. Par ailleurs, en mettant en avant ces enjeux sur le plan du continent, il est également revenu sur l’intérêt de la question pour le Maroc où la question de la transformation numérique a une portée stratégique. Il a rappelé que le royaume a mis sur pied une stratégie Maroc Numeric Cluster 2020 et crée, récemment, l'agence de développement du digital.
Mohammed Tawfik Mouline, a présenté dans ce cadre les conclusions d’une analyse conduite par l’IRES sur la transformation numérique au Maroc. Etude qui a montré que les grandes entreprises publiques et celles intégrées à des groupes internationaux disposent d'une plus grande maturité. De ce fait, elles se trouvent en avance de " maturité " par rapport aux administrations et constituent des ilots d’excellence sur lesquels il convient de s’appuyer dans le cadre d’une stratégie nationale ambitieuse du numérique. Elle montre aussi que l’évaluation du positionnement du Royaume par rapport à un échantillon de pays, a mis en exergue la nécessité pour le Maroc de devenir rapidement un acteur de la transformation digitale dans ses multiples dimensions. « Cette évolution est possible eu égard aux potentialités du Maroc et à son positionnement économique et géopolitique, mais également en raison des grands défis que pose le digital à ses choix socio-économiques », a –t-il avancé en soutenant que pour cela, cinq enjeux stratégiques devraient être pris en considération. Il s’agit du développement du numérique, inclure les citoyens dans la transformation digitale, développer les ressources des territoires, agir pour la préservation de la souveraineté numérique et prendre en considération le Soft power numérique, qui est la dimension immatérielle du positionnement du Maroc. Dans ce sens, il a estimé que la diplomatie numérique pourrait constituer un levier essentiel de rayonnement du Maroc sur le plan international et de développement de son influence, notamment en Afrique, en zone MENA et en Europe.