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Jeudi 28 Mars 2024
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A la portée de tous de Tanger à Tunis

Décidément, la Fondation Sigma a beaucoup de chemin devant elle. Il s'agit d'une as116iation, à but non lucratif, créée, il y a moins d'un an, par un groupe de tangérois, décidés à doter leur ville d'une cité des sciences. Si au début, quelques-uns, d'ent

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Avec plus de 500.000 habitants, Tanger est la ville du nord du Royaume la plus apte à accueillir un tel projet. Ce dernier, qui se voulait pédagogique et scientifique, sera très probablement d'une grande importance économique et touristique. Les deux millions de personnes, habitant la région de Tanger-Tétouan, ainsi que les visiteurs étrangers, dont le nombre est amené à croître, profiteront beaucoup de cette réalisation.
N'ayant rien d'autre que leurs idées et leur volonté les membres du bureau exécutif de la Fondation ont entamé, sans attendre, leur tâche avec enthousiasme. Les uns travaillent sur les plans provisoires de cette cité, alors que d'autres cherchent un terrain convenable. Un troisième groupe s'occupe de trouver des appuis, indispensables à la réussite du projet. La première personne contactée, fût S.A.R. la Princesse Lalla Fatima Zohra. Ensuite, vint le tour de M. Abderrahmane Youssoufi, Premier ministre, celui de Mme Zoulikha Nasri, conseillère de Sa Majesté, de M. l'ex-wali de Tanger-Tétouan, de plusieurs ministres et personnalités. Toutes ces personnes ont été séduites par l'idée du projet, bien qu'elles n'aient pu voir que son esquisse. Pour aller de l'avant, la Fondation doit encore étudier profondément son projet, faire une étude de faisabilité, estimer son coût de réalisation et se mettre à la recherche des sponsors. La première aide concrète nous fut proposée par Dr. Mustafa El Tayeb, directeur de la division de l'analyse et des politiques scientifiques au siège de l'UNESCO à Paris. Ce grand responsable attira notre attention sur l'existence d'une Cité des sciences à Tunis, et décida de nous y envoyer pour voir plus clair dans notre projet. Ainsi, et grâce au soutien de l'UNESCO, une délégation représentant notre jeune Fondation a pu se rendre, en mission de cinq jours, à Tunis.
Dès la première vue, la Cité des sciences de Tunis nous a séduits. La Cité comporte quatre grands espace : les pavillons d'expositions dont l'accès est payant, des bâtiments ouverts gratuitement et en permanence au public, un parc archéologique et l'arboretum.
Les pavillons d'expositions sont réservés à des thèmes d'actualité. Ainsi, on y trouve un planétarium, sous forme d'une sphère de 22 mètres de diamètre, pouvant recevoir cent-vingt spectateurs. Des animateurs, passionnés et très bien formés, font la présentation, indifféremment , en arabe ou en français. Le pavillon "La Terre dans l'Univers" présente la terre avec son activité volcanique, des manipulations illustrant le mouvement des plaques continentales, le mouvement des neuf planètes autour du soleil, etc. Le pavillon "La vie et l'homme sur Terre" présente les différentes phases qu'a traversé l'humanité depuis l'âge de pierre. Le pavillon "L'eau et l'homme en Tunisie" sensibilise les visiteurs en soulignant l'importance de ce liquide, indispensable pour toute vie sur terre. Le pavillon "Explora (Cité des enfants)" se compose d'une grande salle, contenant une quarantaine de manipulations interactives, et d'un laboratoire, pouvant accueillir une vingtaine de jeunes, pour faire des expériences de physique, chimie ou biologie. Les chercheurs en herbe peuvent y assouvir leur curiosité scientifique et développer leurs performances. Pour assurer l'entretien du matériel exposé, les ateliers de maintenance sont très bien équipés.
L'espace gratuit se compose du "Pavillon des expositions temporaires", de deux auditoriums, d'une médiathèque, d'un cyber café et d'un restaurant. Le grand auditorium, avec ses trois cents places, est polyvalent. Il peut accueillir, indifféremment, des conférences, des projections de films, des concerts de musiques et des représentations théâtrales. Ses nombreuses loges sont réservées à la régie, aux caméras de la télévision, aux traducteurs et aux journalistes. La médiathèque, avec son espace pour enfants, sa grande salle pour adultes et celle réservée aux chercheurs, a tout pour séduire. La résidence Abou Fehr, avec ses trente chambres confortables, a été construite pour accueillir les chercheurs et les visiteurs de la Cité.
Les différents bâtiments sont disposés autour d'un parc archéologique, datant du XIIIème siècle. Le grand bassin Hafside, ressemblant à celui de Meknès, avec le vaste jardin et ses multiples fontaines, rendent cet espace fort agréable.
L'arboretum, enfin, s'étale sur huit hectares et présente aux intéressés plusieurs variétés d'arbres et de plantes. Pour permettre aux visiteurs d'accéder aux différents pavillons, une passerelle traverse la Cité, joignant l'arboretum au planétarium. Elle est recouverte par une aqueduc transparent, conduisant l'eau, pompée au puits de l'arboretum, et la déversant en cascades au bassin du planétarium.
Pour souligner, encore plus, le but de la Cité, de grandes œuvres sont réparties sur son site: le pendule de Foucault prouve la rotation de la terre, une sphère, pesant une tonne et soutenue par un jet d'eau vertical, parait flotter dans l'air, la vis d'Archimède rappelle comment les civilisations anciennes déplaçaient l'eau vers le haut, le grand cadran solaire donne l'heure exacte à Tunis, la grande nouria alimente le courant d'eau dans l'aqueduc, et le planétarium, dans son bassin, ressemble plus à une sphère flottante qu'à une salle de spectacles. Pour accueillir les visiteurs, quoi de mieux que la statue d'Albert Einstein, assis sur un banc métallique, prêt à être photographié avec eux ?
Pour réussir à bien diriger la Cité, son directeur général, le professeur Tahar Gallali, a commencé par rassembler, autour de lui, une équipe de jeunes scientifiques , dynamiques , enthousiastes et compétents. Pour s'en convaincre, il suffit de voir les résultats de ce chef d'orchestre, dont la sympathie n'a d'égal que sa modestie. Avant même la construction de la Cité, son équipe a pu organiser plusieurs expositions itinérantes, permettant la vulgarisation des sciences auprès des tunisiens. Ainsi, les habitants des différentes villes de Tunisie ont découvert l'exposition "Mathématique sans calcul", celle des "Dinosaures", importée de Grande-Bretagne, celle des "Hologrammes", importée de Belgique, et celle de "Mathématique 2000", dont les éléments ont été fabriqués sous contrôle de la direction de la Cité. Cette dernière, animée par l'esprit de décentralisation du savoir, décida de participer à la formation qualifiante, en créant et en gérant une vingtaine de centres, pour enseigner l'informatique aux jeunes diplômés. Et comme cette équipe est infatigable, elle organise des rencontres pour débattre des différents sujets. Et pour couronner le tout, elle a créé "Cité Editions" , pour éditer les actes des rencontres dans une revue scientifique , appelé "Al Madar" , ainsi qu'une autre pour les jeunes "Al Madar-Junior". Mais ce qui nous a étonnés le plus, c'est les catalogues préparés par le Directeur général et ses collaborateurs. Dans chaque pavillon, un catalogue présente aux visiteurs les manipulations proposées, leur description, un aperçu historique sur le scientifique qui a étudié le phénomène, ainsi que la bibliothèque traitant du sujet. Grâce à toutes ces données, tout visiteur peut retrouver la théorie du phénomène qui l'intéresse, ainsi que ses applications.
Lors de notre dernière séance de travail, en soulevant la question de la coopération maghrébine , professeur Tahar Gallali proposa de nous prêter l'exposition "Mathématique sans calcul" et celle du "Planétarium itinérant". En entendant cette proposition, en pensant à l'attention dont nous avions bénéficiée, et en contemplant leur belle réalisation, en tant que maghrébin , nous ne pouvions que partager la fierté de nos amis tunisiens.
La Cité des sciences de Tanger, dont la Fondation Sigma rêve, est certes un projet coûteux, mais ses multiples retombées justifient amplement sa réalisation. L'agence pour la promotion et le développement économique et 116ial des préfectures et provinces du Nord du Royaume nous a promis son aide, mais pour réussir dans notre mission, à l'instar de nos amis tunisiens, nous souhaitons vivement bénéficier de toute aide susceptible de faire aboutir notre projet.
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