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Afghanistan : les troupes alliées à terre, une option inévitable

Après environ deux semaines de frappes aériennes sur l'Afghanistan qui, selon plusieurs experts, «ne gagneront pas la guerre», Washington et (peut-être) Londres semblent condamnés à déployer des troupes à terre, estimaient hier des spécialistes britann

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«Si les Américains veulent détruire le régime (des taliban au pouvoir à Kaboul) et le réseau Al-Qaïda d'Oussama ben Laden (maître d'oeuvre présumé des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis), ils vont devoir déployer des troupes à terre car ils ne peuvent compter seulement sur les forces de l'Alliance du Nord», a déclaré jeudi à l'AFP Paul Beaver, l'un des experts britanniques les plus respectés en matière de défense.
Selon M. Beaver, l'Alliance du Nord «n'est pas représentative de toute la population afghane» et «en ne s'appuyant que sur elle, nous ne ferions que remplacer un régime despotique par un autre».
«Il y aura donc des troupes à terre, a ajouté Paul Beaver. Le problème est de savoir quand, comment et où les déployer. Voire combien?».
Le futur gouvernement afghan, a pour sa part insisté jeudi le porte-parole de Downing Street, «devra être composé de représentants des principaux groupes ethniques» du pays.
«Les frappes aériennes ne gagneront pas cette guerre», estimait quant à lui jeudi le général de corps d'armée aérienne (Air Marshal) Timothy Garden dans les colonnes de The Independent. «La bombe la plus intelligente ne peut retrouver un individu par son nom».
Passée la destruction sans surprise de la modeste et vieillotte armée de l'air taliban ou de leur maigrichonne défense aérienne, la maîtrise de l'air ne peut jouer qu'un rôle mineur, selon ce spécialiste.
«Permettre à l'armée en guenilles de l'Alliance du Nord de prendre le pouvoir à Kaboul risque fort de ne pas être la meilleure recette pour un gouvernement pacifique, harmonieux et performant, poursuivait-il. Quelle que soit la forme d'administration qui suivra la fin du régime des taliban, elle aura besoin d'une solide force militaire 111110nale pour faire respecter la loi».
Pour Paul Beaver, seuls trois pays au monde peuvent aujourd'hui se livrer à des «projections de force» lointaines et sont donc capables de déployer rapidement des troupes en Afghanistan: les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France.
«Le problème, a-t-il indiqué, c'est que les Français comme les Américains n'aiment pas voir leurs troupes placées sous un commandement étranger. Si les Français sont prêts à travailler au sein de la coalition, sous commandement étranger, alors les choses peuvent être très efficaces».
Mais si les Français «ont leurs propres priorités, nous avons un problème», a conclu Paul Beaver, notant que l'échéance de l'élection présidentielle française de 2002 pouvait encore compliquer la donne.
La période actuelle, estimait pour sa part jeudi le spécialiste des questions militaires du Daily Telegraph, évoque celle de la «drôle de guerre», entre septembre 1939 et mai 1940.
Les frappes aériennes touchent certaines cibles mais leur efficacité réelle est difficile à évaluer, ajoutait-il, rappelant qu'au début de la Seconde guerre mondiale, les bombardiers britanniques avaient effectué plusieurs missions sur des installations militaires allemandes.
Mais, notait cet expert, «nous savons maintenant que les dégâts furent peu importants» et n'ont pas influé sur le cours de la guerre.
Reste la «bataille» à mener auprès de chaque opinion publique occidentale.
Et à ce sujet, le Financial Times soulignait jeudi que «des doutes commencent à occulter les progrès de la campagne et la capacité de la force militaire, en particulier la force aérienne, à produire la délicate solution politique indispensable à l'avenir de l'Afghanistan».
Le quotidien des affaires relevait aussi que «l'absence de succès militaire rapide et visible fait craindre aux politiciens concernés qu'ils perdront la guerre de propagande avant même de pouvoir gagner sur le terrain».

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