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Crainte dans le quartier arabe


Des policiers stationnent aux carrefours et la plupart des boutiques gardent leur rideau de fer baissé : le quartier arabe d'Atlantic Avenue, au coeur de Brooklyn à New York, vit depuis les attentats de mardi dans la crainte d'actions racistes.

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Les médias et les hommes politiques martèlent la thèse d'une action de terroristes musulmans contre les tours jumelles du World Trade Center, nourrissant les sentiments xénophobes d'une partie de la population dont le patriotisme est exacerbé par les événements.
Dès mercredi, le maire de la ville Rudolf Giuliani a reconnu que des incidents xénophobes avaient éclaté à New York, comme aux temps de la guerre du Golfe, sans que la police ne procède pour autant à des arrestations. La presse a fait état d'actions éparses, comme l'incendie criminel d'une boutique tenue par un Pakistanais, des insultes, des menaces contre un imam...
Pour calmer les esprits, un porte-parole de la Maison Blanche a appelé à des prières dans les mosquées comme dans les églises hier, jour de recueillement 110nal décrété par le Président George W. Bush.
A la station de métro d'Atlantic Avenue, la ville n'a voulu courir aucun risque : un cordon de sécurité guide les voyageurs jusqu'à la sortie, un policier posté tous les 10 mètres.
Dehors, sous un soleil de plomb, l'avenue d'ordinaire si animée, présente un air abandonné : Shalwar-Qamez, marchand de tapis de prière et de vêtements, est resté fermé, tout comme les «Trésors de l'Islam» ou son voisin qui vend de l'artisanat en cuivre.
Plus d'une boutique sur deux a gardé son rideau de fer baissé, sans aucune explication : les étals habituels de tissus ou d'épices ont cédé la place à des trottoirs vides, même si le silence est couvert par le bruit d'engins effectuant d'importants travaux sur l'artère.

Appréhensions

«C'est tout à fait inhabituel», reconnaît Kevin, un noir américain qui vend des antiquités dans le quartier depuis 15 ans. «Certains des propriétaires ont peur, et la police leur a aussi demandé de ne pas ouvrir», assure-t-il.
Chez Al Arhamain, au milieu des tapis, des huiles essentielles et des produits exotiques, Ishake admet : «Aujourd'hui, on est tous un peu méfiants».
«La police, pour l'instant, c'est mieux qu'elle soit là», pense cet immigré d'origine marocaine.
«Jusqu'à maintenant, on dit que ce sont les Arabes qui ont fait cela (les attentats). Alors, on ne sait pas ce qui va arriver.
Tous les musulmans sont un peu inquiets».
Le Mauritanien Ibrahim, qui tient une boutique d'encens, de musique traditionnelle et de vêtements africains dit ne pas avoir peur, «même si les Américains, quand ils vont ouvrir le journal, ils vont nous faire mauvais visage», reconnaît-il en français.
Mais ce mouvement de rejet ne sera que temporaire, croit-il, «car un musulman ne peut pas avoir fait cela».
Et de le démontrer : «Nous, on n'a pas la capacité de faire ça, sinon Israël aurait été détruit depuis longtemps».
Son voisin, qui vend des antiquités, a quitté la Syrie depuis 15 ans. «Je ne me sens pas en danger», assure-t-il, tout en refusant de donner ne serait-ce que son prénom : «on a bien assez d'ennuis comme ça».
«Je ne pense pas que les Américains vont nous faire quoi que ce soit», veut croire sa fiancée. «Si nous sommes ici, c'est parce que nous aimons l'Amérique».
Tout en bas de l'avenue, sur Court Street, une vingtaine de personnes font la queue pour acheter rosettes, badges et fanions américains à des marchands ambulants. Parmi eux, de nombreux musulmans tiennent à afficher eux aussi leur patriotisme envers leur pays d'adoption.



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