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Equipement : électrification des bidonvilles

La Lydec fait de l'électrification des bidonvilles l'un de ses principaux projets stratégiques. L'objectif est aussi bien social qu'économique.
Le journal interne de la Lydec a consacré dans sa dernière livraison un dossier sur l'électrification des bi

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On pouvait à peine croire que les bidonvillois étaient branchés au réseau d'électricité. Pourtant, nombre de personnes le savaient, car certains ont été électrocutés. Les habitants du bidonville d'Ain Sebâa ont eu vent de travaux engagés par une équipe de la Lydec. La lumière n'est pas loin. Bientôt, ils n'auront plus à courir le risque de pirater le réseau. Ils auront leur propre interrupteur.
Deux pâtés de baraques plus loin, les services de Lydec sont en train de procéder au branchement électrique dans le cadre de la stratégie d'électrification des bidonvilles et arriveront prochainement jusqu'à la maison du plus petit écolier de l'agglomération.

Plus d'une tonne de câbles

Cependant, pour arriver à bout de leur travail, les membres de l'équipe devaient se réveiller de bonne heure pour mettre à exécution une véritable tactique qui évite le maximum d'accrochage avec certains habitants. L'opération commence alors à 4 heures du matin. Rassemblement de nuit à la délégation de Aïn Sebaâ. Quatorze agents se préparent pour une opération surprise. Cette nuit, ils vont démanteler des branchements illicites qui desservent environ 2.000 baraques du bidonville de Carrières centrales. L'opération est menée de nuit car les fraudeurs peuvent se montrer très violents vis-à-vis des équipes. Sur place, les agents se déploient rapidement et commencent le travail de débranchement, sous l'œil des représentants de l'autorité, avertis d'avance. Deux camions nacelles et trois fourgons, équipés par des porte échelles, forment le principal de l'équipement. Entre 4h50 et 7h40 du matin, près de quatre sources d'alimentation vont être déposées (3 en aérien et 1 en souterrain). Au final, des dizaines de mètres de câbles, correspondant à plus d'une tonne, vont être déposés, de même qu'une dizaine de poteaux en bois, utilisés par les fraudeurs.

Une première dans le monde arabe

Lancées depuis 1998, les opérations d'électrification des bidonvilles visent un objectif principal : permettre à chaque citoyen de Casablanca, même les familles aux revenus limités, d'avoir accès à l'électricité.
Pour donner à ce projet toutes les chances de réussite, selon la Lydec, une cellule d'électrification des bidonvilles et des quartiers défavorisés a été mise en place.
Première expérience de ce type dans le monde arabe, cette opération est conçue comme un système provisoire d'approvisionnement, c'est-à-dire que l'installation pourra disparaître au fur et à mesure du relogement des habitants de ces quartiers, prévu dans le cadre des programmes sociaux de l'Etat.
Antoine Merceron, responsable de la cellule, confirme l'engagement des agents dans ce projet : “Nous avons comme objectif de raccorder d'ici fin 2002 plus de 20.000 foyers supplémentaires. Les agents qui travaillent dans cette cellule (plus de 50 personnes aujourd'hui) sont tous très impliqués dans la réussite de ce projet. Nous avons pu le vérifier le 10 juillet dernier lors du premier séminaire qui a regroupé tous les acteurs de l'électrification des bidonvilles”.
Déjà à fin mai 2001, plus de 28.000 personnes étaient branchées dans une vingtaine de bidonvilles. Et les travaux se poursuivent d'arrache-pied pour le raccordement légal de 60.000 autres habitants répartis dans une vingtaine de quartiers. L'entreprise fait ainsi d'une pierre deux coups. D'une part, elle réalise une action sociale en permettant à des familles aux revenus très limités d'accéder à l'électricité dans un cadre légal spécifiquement aménagé et accessible. D'autre part, l'opération d'électrification des bidonvilles lui permet de sécuriser le réseau électrique sujet à des piratages fréquents et d'offrir à ses clients habitants aux alentours une meilleure qualité de fourniture.

Comment se déroule l'opération ?

Electrifier un bidonville est une opération complexe qui nécessite plusieurs étapes.
Une fois l'accord des autorités donné, il faut identifier les habitants, recenser les baraques et évaluer les besoins matériels et logistiques.
En concertation avec différents acteurs (représentants de la population, communes, autorités, associations…), les équipes chargées de l'électrification dépendant des délégations, appuyées par la cellule centrale d'électrification des bidonvilles, mènent tout un travail de sensibilisation, de formation et de conseil autour du projet.
L'objectif étant de s'assurer, dans le cadre d'une démarche participative, l'adhésion des populations. Par la suite, les représentants des blocs ou des rues du bidonville s'engagent par un contrat de type “provisoire et révocable” pour l'électrification de leur quartier.
Une fois cette étape franchie, Lydec réalise les travaux pour développer le réseau à l'extérieur du quartier et installe un compteur en tête de rue. Les habitants, assistés des techniciens de Lydec et de la commune, sous-traitent à des électriciens privés l'installation du réseau situé en aval de ce compteur. Pour minimiser les risques électriques, les techniciens assistent les électriciens lors de cette opération et vérifient cette partie du réseau avant sa mise en service. Allant encore plus loin, Lydec loue aux habitants un coffret de comptage qui comprend un disjoncteur, des prises de courant et un compteur démarquant qui servira de base de répartitions de la facture.
Le représentant de la rue ou du bloc, “l'amine” comme l'appelle ses voisins, se charge de collecter les montants des traites et des consommations individuelles en fonction des index marqués sur les compteurs, pour payer la facture d'électricité que Lydec lui adresse. Toute la procédure est ainsi basée sur la solidarité des habitants d'une même rue ou d'un même bloc.
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