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La mort d'Ahmed Shah Massoud confirmée

Le commandant Ahmed Shah Massoud, dont l'opposition afghane a confirmé samedi la mort à l'âge de 49 ans, se battait depuis fin 1994 en Afghanistan contre les Taliban, après avoir été le symbole de la résistance à l'occupant soviétique.

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Chef de guerre anti-Taliban - les fondamentalistes au pouvoir à Kaboul qui contrôlent la quasi totalité du pays -, il était replié avec ses troupes dans la vallée du Panshir (nord-est), depuis la prise de la capitale afghane par les “étudiants en théologie” en septembre 1996.
Ses forces, qui ont longtemps été considérées par les experts comme les seules capables de s'opposer à une victoire totale des intégristes issus principalement de l'ethnie pachtoune, représentent aujourd'hui le dernier bastion de l'opposition armée afghane.
Héros légendaire de la résistance à l'invasion soviétique dans son fief du nord de Kaboul, Massoud, surnommé “le Lion du Panshir”, est entré dans Kaboul le 29 avril 1992 devenant, le 8 mai suivant, ministre de la Défense sous la présidence intérimaire de Modjadeddi.
En mai 1993, il démissionne de son poste ministériel pour se conformer à un accord de paix entre les chefs des neuf principales factions moudjahidine.110naliste et révolutionnaire, Massoud a lu Mao Tse-Toung et Che Guevara.
Dès 1975, “le Lion du Panshir” lève sa propre armée en uniforme.
D'ethnie tadjike (20% de la population), ce fils de colonel de l'armée afghane participe à l'une des premières insurrections islamistes, écrasée par l'armée.
Stratège hors pair, Massoud a acquis son prestige grâce à ses succès militaires, parvenant à tenir tête aux forces soviétiques pendant toute la durée de la guerre d'Afghanistan (1979-1989), qui a fait plus d'un million de morts.
Selon les analystes, il disposait de quelque 15.000 combattants aguerris appuyés par quelques milliers de “paysans-soldats” panshiris, qui excellent dans la guérilla de montagne.
Au cœur de la chaîne montagneuse de l'Indu Kouch, se trouve la vallée du Panshir, le havre où vit la famille de Massoud - marié, il était père de trois filles et d'un garçon - dont le commandant ne parlait que rarement. Cette vallée profonde, encaissée entre des murailles, était à Massoud ce que le donjon était au seigneur du Moyen Age, le dernier refuge, imprenable, la forteresse où l'on se retire lorsque la fortune des armes se détourne du guerrier.
Solitaire, il ne courait pas non plus les capitales occidentales, et n'avait pas bougé lorsqu'en 1989, après le départ de l'armée soviétique, la CIA américaine, impatiente, rêvait d'une victoire militaire de son rival, Gulbuddin Hekmatyar.
Regard perçant, profil aigu, barbe clairsemée, Massoud, qui admirait le général de Gaulle, s'exprimait d'une voix posée, parfois en français. Après des études à Kaboul, il avait milité dans les années 70, à l'époque du Roi Zaher Shah, au sein de mouvements islamistes aux côtés d'Hekmatyar. Etudiant le Coran chaque jour avec des mollahs depuis son plus jeune âge, il dirigeait la prière et apparaissait aux Occidentaux comme un fondamentaliste modéré. Selon ses proches, il pouvait même abandonner ses adjoints en plein combat, pour aller prier et méditer, avant de donner de nouveaux ordres. Lors de son premier séjour en Europe, en avril 2001, Ahmed Shah Massoud avait affirmé à Paris, que, sans l'aide militaire et économique du Pakistan, les Taliban “ne pourraient pas tenir”. Le commandant Massoud a été remplacé à la tête de l'Alliance du nord par son ancien chef des services de renseignements, le général Mohammad Fakhim, 44 ans
L'Afghanistan:
Une tradition
de résistance
Les Afghans, qui ont perdu le chef de l'opposition militaire au régime islamiste des Taliban, le commandant Ahmed Shah Massoud, victime d'un attentat, ont combattu plusieurs des armées les plus puissantes du monde. Après les Britanniques - fin XIXème, début XXème siècle - la résistance des Afghans à dix années d'occupation soviétique a eu raison de l'Armée rouge qui a dû battre en retraite en février 1989.
Déjà, Alexandre le Grand (fondateur de Kaboul, Hérat, Kandahar - IVe siècle av. J.-C.) avait mis pas moins de deux ans pour venir à bout de la résistance afghane. Le pays, dont l'histoire fut jalonnée par de nombreuses invasions, connaîtra jusqu'au XVIIIème siècle la domi110n notamment des Arabes, des Turcs, avant l'invasion des hordes mongoles de Gengis Khan. Moins d'un siècle après la fondation de la première dynastie 110nale afghane par le pachtoune Ahmed Shah Durrani (1747), à la suite du partage du pays entre les Moghols et les Perses, les Anglais qui tentent de s'emparer du royaume se heurtent à la détermi110n des patriotes afghans. Leurs troupes se font massacrer après avoir dû abandonner Kaboul à l'issue de la première guerre anglo-afghane en 1841. Il ne faudra pas moins de trois conflits entre Britanniques et Afghans pour aboutir enfin à la reconnaissance 111110nale de l'indépendance de l'Afghanistan, en 1921. C'est ce même territoire qui va devenir quelques décennies plus tard un véritable bourbier pour les soldats de l'Armée rouge. Le 27 décembre 1979, les Soviétiques envahissent le pays. A la tête de ses quelque 15.000 combattants aguerris, qui excellent dans la guérilla de montagne, le commandant Ahmed Shah Massoud - et quelques autres moudjahiddine - vont tenir tête à la puissante armée soviétique.
Dix ans de combats acharnés auront raison des troupes soviétiques. Le 15 février 1989, les derniers soldats doivent se retirer du pays. La décision de retrait entérinait une défaite consommée sur le terrain. La guerre avait basculé début 1987 lorsque les missiles portables Stinger, fournis par la CIA, avaient commencé à se répandre dans les rangs de la résistance. Très vite, les Soviétiques perdent la maîtrise du ciel, tandis que leur emprise sur ce pays montagneux, sauvage, se réduit comme une peau de chagrin. Le conflit fait un million et demi de morts côté afghan, alors que Moscou déplore 15.000 morts. Après le départ des Soviétiques, les combats sans relâche entre différentes factions de moudjahiddines vont entraîner l'apparition sur le devant de la scène de la milice intégriste des Taliban, qui s'empare de Kaboul en 1996.
Le commandant Massoud, chassé de la capitale où il était ministre de la Défense, a dû se replier dans le nord du pays. Il prenait alors la tête de la résistance contre le régime des Taliban.
Cinq ans plus tard, l'Afghanistan qui héberge le terroriste islamiste présumé Oussama ben Laden, s'apprête à une nouvelle résistance: contre les éventuelles frappes des Etats-Unis avides de représailles après les attentats dont ils ont été la victime le 11 septembre.
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