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Le point de non-retour

Un kamikaze palestinien s'est tué hier à Jérusalem dans une attaque suicide qui a blessé légèrement trois personnes, un acte de défi après deux jours de raids militaires israéliens contre l'Autorité palestinienne en représailles à une vague d'attaques

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La situation au Proche-Orient a -t-elle atteint le point de non retour ? Si on veut garder un brin d'optimisme, on se limitera à dire qu'il s'agit ni plus ni moins d'une nouvelle crise dans le conflit comme il y en a eu beaucoup auparavant et qu'on pourra surmonter. Mais cette fois-ci, la crise prend des dimensions gravissimes du fait qu'elle menace un équilibre régional et ruine les aspirations de la communauté 111110nale. C'est une crise porteuse de plusieurs dangers, plusieurs 111rogations et plusieurs inconnues.
Il y a dix ans, se tenait la conférence 111110nale de Madrid sur le Proche-Orient. C'était au lendemain de la guerre du Golfe, une guerre qui avait imposé une vision nouvelle du conflit du Proche-Orient en particulier et des confrontations armées en général. Le «tremblement de terre» causé par cette guerre et les passions qu'elle avait déchaînées dans le monde arabo-musulman et ailleurs versaient dans la nécessité de trouver une solution au conflit israélo-arabe surtout que l'alliance américaine contre l'Irak comprenait des pays arabes et non des moindres tels l'Égypte, la Syrie et l'Arabie Saoudite. Depuis, la question a connu des développements qui sont allés dans le bon sens notamment depuis le départ de Ytzhak Shamir et l'on a vu Palestiniens et Israéliens signer une série d'accords à Oslo, au Caire et à Washington ayant permis un rapprochement israélo-arabe sans précédent et qui avait donné lieu à la mise sur pied de plusieurs instances pour favoriser la coopération entre Israël et les pays arabes. Il en était ainsi, par exemple, de la rencontre entre pays du Maghreb et du Proche-Orient dont la première édition avait été organisée à Casablanca.
Oxygène
Le parti travailliste, sous la houlette de Ytzhak Rabin, avait fructifié ces rencontres et le rapprochement se traduisait par plusieurs aspects, commercial, économique, social et surtout diplomatique car Israél était parvenue à avoir des représentations diplomatiques (bureaux de liaison) dans des pays arabes en plus de son ambassade à Amman, sans oublier celle du Caire ouverte longtemps auparavant.
Après des décennies d'isolement sur la scène proche-orientale et de boycottage par les pays arabes et leurs alliés, Israél était enfin parvenu à sortir de son isolement régional et commençait à espérer s'infiltrer encore davantage dans le corps arabe.
Mais cette situation aussi bénéfique fût-elle pour L'Etat hébreu, était née au milieu d' un système idéologique et politique qui n'avait jamais prévu un tel retournement. Un système de représentation et une échelle de valeur, qui conjugués à l'enseignement religieux, n'auraient jamais admis une réconciliation entre Juifs et Palestiniens au risque de compromettre «la souveraineté juive sur le grand Israël».
État se disant laïque, Israël n'en nourrit pas moins les idées religieuses extrémistes. L'immigration effrénée a donné naissance à un nouveau paysage religieux aussi complexe que dangereux.
Et c'est un jeune israélien d'origine yéménite qui va canaliser tout cela en s'en prenant au Premier ministre Rabbin qu'il assassine pour avoir fait beaucoup de «concessions» aux arabes. Israël et le monde entier ont été frappés de stupeur. Le fils qui tue le père: un scénario digne des psychodrames de la mythologie grecques.
Shimon Péres a remplacé Rabin mais fut épinglé dans les événements de Qana au Liban.
L'avènement de Benyamin Netanyahu ne présageait rien de bon. Difficilement il a accepté de rencontrer Arafat et il n'avait jamais manifesté son accord à l'égard des accords signés entre Israël et les Palestiniens. Son immobilisme lui a valu une défaite face à Ehud Barak, un travailliste qui a réalisé un ras de marée électoral. Barak a poursuivi la politique des négociations et celles- là allaient bon train jusqu'à ce qu'elles achoppent, à la fin du deuxième mandat Clinton, sur les question d'Al Qods et des réfugiés lors des négociations de Camp David. Juste avant et avec sa bénédiction, Ariel Sharon se rendait à l'Esplanade des mosquée, une provocation intolérable qui a été derrière l'Intifada d'Al Aqsa et derrière la défaite de Barak aux élections parce que l'électorat arabe ne pouvait tolérer ce forfait.
Retour à la case départ
L'arrivée au pouvoir de l'actuel Premier ministre Ariel Sharon, après une défaite plutôt inattendue du leader travailliste étant donné la réputation du candidat du Likoud, allait tout remettre en cause. Les accords conclus depuis la conférence de Madrid ne sont plus qu'un souvenir. Depuis presque un an qu'il est à la tête de l'exécutif, Sharon n'a jamais rencontré le Président palestinien, pire, il n'a jamais cru en la volonté d'Arafat d'instaurer la paix, bien sûr celle qui convient au Premier ministre israélien. «Le Bulldozer», comme on le surnomme n'a pas failli à sa réputation. Il s'était donné cent jours pour mater l'Intifada; échec. L'Intifada s'est poursuivi avec toujours plus de détermi110n et de ferveur. Il a promis la sécurité aux Israéliens; Il n'en est rien. Il a dit vouloir redresser l'économie; Il l'a ruinée. Il veut donner du rayonnement à son pays; il a participé à son discrédit.
Les derniers événements démontrent jusqu'à quel point Sharon est impulsif et, par conséquent, il n'a aucun recul stratégique et diplomatique. Son offensive tous azimuts contre les Palestiniens et leurs symboles, même avec la bénédiction apparente des Etats-Unis ne peut venir à bout des Palestiniens. Par contre elle nourrit un sentiment anti-américain déjà assez poussé. Mais si ce genre d'actes étaient attendu de la part de Sharon parcequ'on connaissait l'homme, c'est les réactions du Président américain qu'on ne comprend pas. Le revirement américain annoncé donne déjà un goût amer, un goût de trahison.
Les médias arabes, comme les chancelleries, les intellectuels et les analystes crient déjà au scandale. Washington n'avait rien entrepris avant le fait 11 septembre dernier au Proche-Orient. Aujourd'hui après avoir usé du soutien des pays arabes et musulmans dans sa lutte contre «le terrorisme», l'Amérique non seulement tourne le dos, mais elle donne le feu vert à Sharon de mater les Palestiniens à l'aide d'armes américaines.
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