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Ligue des Champions : Bassir, la nouvelle vie

Attente. Complètement inutilisé pendant deux ans à La Corogne, le nouvel attaquant lillois Salaheddine Bassir retrouve son ancien club, ce mercredi. Encore loin, logiquement, de son meilleur niveau, il a l'occasion de frapper son premier grand coup.

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Une saison, pas plus ! Ebranlé par deux dernières années difficiles à La Corogne, Salaheddine Bassir a préféré s'engager avec Lille pour un minimum de temps. Histoire de voir, de savoir s'il est fait pour y réussir, et d'avoir la possibilité de repartir ou de prolonger de son propre chef. “Si jamais ça ne marchait pas, je n'aurais pas envie de rester bloqué comme je l'ai été à La Corogne, justifie-t-il. Arrivé au Deportivo en 1997, l'attaquant marocain a, en effet, dû attendre la fin de son contrat, l'été dernier, pour donner forme à ses désirs de changement et venir en France. A l'heure de retrouver son ancien club, au stade Bollaert, Bassir n'est pourtant animé d'aucun esprit de revanche et parle diplomatiquement d'un “match comme les autres”.
Il aurait pourtant des raisons d'en vouloir à son ancien coach Javier Irureta, dont la froideur et le conservatisme ne l'ont pas épargné au cours des deux dernières saisons. “J'ai connu des blessures (NDLR : dont une entorse à la cheville en 1999-2000, l'année du titre) et j'ai souvent été absent en raison des Jeux Olympiques ou des éliminatoires de la Coupe d'Afrique et du monde. L'entraîneur, qui n'a pas accepté que je privilégie la sélection, en a fait jouer d'autres, lesquels en ont profité pour s'imposer”. Malgré un gros programme (Liga, Copa del Rey, Ligue des champions), Irureta n'a pas jugé utile de faire appel à Bassir, qu'il n'a titularisé qu'une fois lors des deux dernières saisons. “Le problème, regrette le Marocain, c'est qu'il y avait cinq attaquants et six étrangers. Et, comme l'entraîneur préférait aligner des Espagnols et un seul attaquant en pointe, il était difficile de se faire une place”.
“A 60 ou 65 % de mes capacités”
Fidèle à son tempérament posé et pondéré, Bassir ne dérape pourtant pas lorsqu'il s'agit de dénoncer le manque d'attention de son ancien entraîneur. “Je lui ai dit que cette situation ne me convenait pas, tout en comprenant qu'il avait des choix à faire. Je me souviens que Didier Deschamps, champion du monde et d'Europe, n'a jamais reproché à son entraîneur de le laisser sur le banc la saison dernière, à Valence. Il disait qu'il fallait respecter les onze choix du technicien. Je suis d'accord avec lui. D'ailleurs, j'irai certainement dire bonjour à Javier Irureta avant le match de mercredi”.
Car Bassir a tourné la page. A Lille, le soleil n'illumine plus son quotidien, mais le moral est au beau fixe. “Ça me fait beaucoup de bien de rejouer enfin après une si longue période d'inactivité”, se réjouit-il comme un enfant qui retrouve un jouet longtemps égaré. Il y a un an déjà, le LOSC s'était manifesté auprès de lui. Mais César Lendroiro, le président-nabab du Deportivo, avait placé la barre trop haut (15 MF) pour céder une seule année de contrat.
Le Marocain arrive donc au meilleur moment, celui où le LOSC découvre les yeux grands ouverts la Coupe d'Europe. La réputation de Vahid Halilhodzic, qui avait mené le Raja de Casablanca au triomphe continental en 1997, l'insistance de son compatriote Abdelilah Fahmi, qu'il côtoie régulièrement en sélection, et la perspective de disputer la Ligue des champions ont suffi à convaincre Bassir de rejoindre le Nord.
Plutôt timide, même en sélection 110nale, et bien qu'il soit cornaqué par Fahmi, qui est présent à Lille depuis 1999, Salaheddine avoue éprouver quelques difficultés à se carrer dans ce nouvel environnement, avec ce “nouveau climat, cette nouvelle ambiance, ces gens nouveaux, cette nouvelle culture”. Sur le plan du jeu, l'ancien attaquant du Raja de Casablanca s'intègre également à petits pas dans la formation lilloise, non sans difficultés. “Je ne suis encore qu'à 60 ou 65 % de mes capacités physiques. Progressivement, avec le travail, je vais rattraper le temps perdu depuis deux ans”. Régulièrement titularisé, Bassir a effectivement été remplacé à chaque match ou presque. “Comme j'ai tendance à toujours jouer à fond, sans me gérer, j'ai souvent des crampes en fin de match et il m'est souvent impossible d'aller jusqu'au bout”. Son bilan est pour l'instant conforme aux prévisions, mais assurément encore éloigné de son véritable potentiel. D'autant que le schéma de jeu mis en place par Halilhodzic, qui a amplement fait ses preuves, n'est pas toujours adapté aux qualités du Marocain. “A l'extérieur, je ne joue pas à mon poste car je suis excentré à droite. Et, comme on défend beaucoup, on procède surtout par contre-attaques rapides où l'on doit très vite passer le ballon, alors que j'aime bien le conserver”.
Halilhodzic : “Il faut lui laisser le temps”
Des qualités qui sont mieux exploitées lors des matches à domicile, où Lille prend davantage le jeu à son compte et où Bassir tourne autour de Bakari, dans un rôle qui lui correspond mieux.
Ce duo d'attaque a déjà fait mouche. Bakari semble n'avoir jamais été aussi à l'aise depuis que Bassir joue à ses côtés. Le milieu de terrain Christophe Landrin a noté le changement. “C'est un renfort de choix. Devant, par sa vitesse et sa technique, il nous apporte énormément. On l'a constaté contre Parme, où il gardait bien le ballon. Le fait de ne pas avoir joué beaucoup ces derniers temps le handicape sûrement aujourd'hui. S'il n'est pas encore à son meilleur niveau, ça promet pour la suite !”.
Ceux qui ont connu Bassir de la dernière Coupe du monde ne douteront pas du potentiel de ce petit lutin de 168 cm qui donna de sérieuses inquiétudes aux Bleus d'Aimé Jacquet une dizaine de jours avant la compétition qui allait pourtant les immortaliser. Lors du Tournoi Hassan II, à Casablanca, Bassir avait en effet marqué les deux buts des Lions de l'Atlas, leur permettant d'obtenir un étonnant score de parité (2-2) et de faire le plein de confiance avant le Mondial disputé en France. Quelques semaines plus tard, les Marocains, emmenés par un flamboyant Bassir, allaient d'ailleurs échouer d'un rien pour la qualification en huitièmes de finale. Ce qui n'allait pas les empêcher d'être accueillis comme des héros à leur retour. Symbole de l'ère Henri Michel, Bassir, qui a fêté ses vingt-neuf ans la semaine dernière, a vu ses performances commencer à décliner jusqu'au néant après le départ du Français. Vahid Halilhodzic espère bien voir sa recrue prouver sa véritable valeur dans les prochaines semaines, mais ne lui met pas de pression futile sur les épaules. “C'est pas encore le Bassir que j'attendais, reconnaît le coach lillois. Mais aucun joueur ne peut retrouver son meilleur niveau après une telle coupure. Il faut encore lui laisser le temps, et surtout veiller à ne pas le faire trop jouer pour ne pas risquer une blessure. Ce que je sais, c'est qu'il vaut beaucoup plus que ce qu'il a fait depuis son arrivée à Lille”. Cette rencontre contre le Deportivo ressemble à s'y méprendre à un fabuleux signe du destin. A Bassir de mettre vraiment fin à cette très longue période de disette en marquant, ce mercredi, son premier but sous le maillot lillois. Le reste attendra.
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