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Paléontologie : sur les traces des ptérosaures

“Emile” et “Lucien” ont persuadé les scientifiques réunis la semaine dernière en congrès à Toulouse (sud-ouest de la France) : les ptérosaures, étranges compagnons volants des dinosaures, dont on ne savait s'ils pouvaient voler, étaient tout aussi à l'a

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Emile et Lucien sont deux ptérosaures issus d'une modélisation informatique mis au point dans le cadre d'une étude lancée par Jean-Michel Mazin pour pouvoir interpréter les traces laissées il y a 140 millions d'années par ces reptiles dans la boue d'une plage qui se trouvait alors à Crayssac (sud-ouest).
Depuis la découverte, en 1993, des premières empreintes remarquablement bien conservées de toutes sortes d'animaux préhistoriques et en particulier de 80 pistes qui permettent de suivre, pas à pas, des ptérosaures, cette ancienne carrière de calcaire, à proximité de Cahors, est considérée comme site unique au monde.
Le 200ème anniversaire de la découverte des ptérosaures par le “père” de la paléontologie des vertébrés, Georges Cuvier, coïncidant avec la fin des fouilles à Crayssac, a été l'occasion de réunir à Toulouse les cinquante meilleurs spécialistes mondiaux des ptérosaures pour faire le point sur ces animaux énigmatiques.
Personne ne sait d'où ils viennent. Les fossiles les plus anciens, de 22O millions d'années, sont déjà ceux de ptérosaures parfaitement développés, avec leur particularité caractéristique: ils ont un énorme quatrième doigt de la main sur lequel est attachée une membrane de peau tendue jusqu'à la cuisse.
Certaines espèces avaient la taille du moineau, mais d'autres, rivaliseraient avec les avions de tourisme. Jusqu'à présent, un seul ptérosaure de cette taille, le quetzalcoaltus, de 12 mètres d'envergure, était connu. A Toulouse, Eric Buffetaut a révélé en avant-première la découverte, en Roumanie, d'un concurrent de ce ptérosaure du Texas, dont l'étude scientifique est en cours.
Pendant longtemps, on doutait des qualités de vol des ptérosaures. On pensait que ces animaux étaient tout juste de piètres planeurs et on les imaginait, par exemple, atterrir sur les murs de falaises en s'accrochant avec leurs griffes pour grimper au sommet et se jeter ensuite dans le vide, comme des deltaplanes.
Aujourd'hui, l'écrasante majorité des scientifiques admettent que les ptérosaures savaient bien voler.
En revanche, quant à leur locomotion au sol, on a continué à les considérer handicapés par leur anatomie : marchaient-tils sur leurs deux pattes, comme les oiseaux, ou avançaient-ils à quatre pattes, en s'appuyant sur les trois doigts “normaux” au milieu de leurs ailes, le quatrième doigt pointé vers le ciel.
Sur les belles images de synthèse réalisées par Pierre Roller à partir des données fournies par Jean-Michel Mazin, les ptérodactyles (l'une des espèces présentes à Crayssac) suivent en position quadrupède les empreintes de relevées sur le site.
“Comme les animaux, contrairement à l'ordinateur, ne sont pas des machines suivant des mouvements absolument réguliers, souligne le paléontologue, nos ptérosaures virtuels posaient parfois leurs pattes à côté des empreintes. Mais lorsque notre petit Jurassic Park à nous a tenu compte de ces imperfections, nous avons eu affaire à un excellent marcheur”.
Sur les images, c'est surtout Lucien qui a été applaudi au congrès. Par moment, aucune de ses pattes ne touche le sol: il ne marche pas, il court!
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