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Toujours pas de formule politique pour l'après Taliban

Kaboul est tombée hier matin aux mains des forces de l'opposition afghane de l'Alliance du Nord, chassant les talibans après cinq années de mainmise sur la capitale.

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Un dirigeant de l'Alliance du Nord a assuré depuis Kaboul qu'elle n'avait pas prévu de gouverner le pays après son entrée dans la ville et qu'elle restait engagée dans le processus de paix sous l'égide de l'ancien Roi Zaher Shah.
Des centaines d'hommes de l'Alliance du Nord, combattants et policiers sont entrés hier tôt le matin dans la capitale par l'ancienne route du nord, à bord de camions et véhicules militaires ou à pied, suivant des détachements d'avant-garde arrivés dans la nuit de lundi à hier. Peu après 0630 GMT, le commandant Amanulah Guzar de l'Alliance du Nord, confirmait l'entrée de ses forces dans la ville tandis que la télévision d'Etat iranienne qui montrait des images de la foule en liesse annonçait l'arrivée du commandant Mohammad Quassim Fahim, chef des forces de l'Alliance du nord.
«Le commandant Fahim (successeur d'Ahmad Shah Massoud) et Abdullal Abdullah (ministre des Affaires étrangères du gouvernement de l'opposition) sont arrivés ce matin à Kaboul», a précisé la télévision, citant son correspondant sur place.Alors que les premiers éléments armés de l'opposition, armés de kalachnikovs et de lance-grenades avaient pénétré dans la nuit de lundi à hier par le nord de la ville à bord de véhicules tout-terrain, les miliciens talibans fuyaient par le sud.
La radio iranienne avait fait état hier tôt le matin de «tirs sporadiques» dans la ville, et rapportait que «de longues files de véhicules» de talibans quittaient la capitale afghane.
Tous les talibans ont quitté Kaboul, a affirmé hier un haut responsable de l'Alliance du nord.
«Tout est OK ici», a affirmé Younis Qanooni, un responsable proche de Burhanuddin Rabbani, l'ancien Président afghan chassé par les talibans en 1996. «Il n'y a plus aucun taliban», a-t-il assuré.
Des turbans noirs, symboles des talibans, pendent, déroulés, du balcon du quartier-général de la police de la capitale afghane, rapporte un journaliste de l'AFP. Les badauds s'amusent à tirer dessus, riant, criant «mort aux terroristes».
Un témoin raconte : six Arabes ont été tués après un échange de coups de feu et gisent maintenant dans le parc de Share Naw, là où avant les talibans, se trouvait l'un des cinémas les plus fréquentés de Kaboul.
Ce quartier était réputé accueillir de nombreux Arabes, partisans et combattants d'Oussama Ben Laden.
Selon ce témoin, des centaines de personnes se sont massées autour des cadavres, aux cris de «Allah est grand», «Mort au Pakistan», «Mort aux terroristes».
Le Pakistan est généralement considéré comme le «parrain» des Talibans dont il a aidé à la montée en puissance.
Un ancien prisonnier, Esmatullah, raconte que 360 détenus ont été libérés du quartier général de la police de Kaboul. «Quand l'opposition est arrivée, ce matin, ils ont libéré tout le monde», dit-il.
Libération des
prisonniers
La communauté 111110nale semble avoir été prise de court par la rapidité de la chute de Kaboul. Aucune formule politique pour gérer l'après-talibans, n'a été encore trouvée malgré d'intenses tractations diplomatiques .
La Grande-Bretagne a appelé hier les 110ns Unies et la communauté 111110nale, après la prise de Kaboul par l'Alliance du Nord, à redoubler d'efforts pour susciter un gouvernement temporaire représentatif en Afghanistan.
«L'ONU et le reste de la communauté 111110nale doivent faire face à la situation telle qu'elle est à Kaboul, toujours dans le but de susciter un gouvernement temporaire largement représentatif qui reflète la diversité du pays», a affirmé le Foreign Office dans un communiqué.
«Il est clair depuis quelques jours que des progrès sont faits dans ce but et que les choses ont évolué très vite», a noté le ministère des Affaires étrangères britannique. Depuis Abou Dhabi, le Président français Jacques Chirac a déclaré, après la chute de Kaboul, qu'»il est extrêmement urgent de mettre en place la solution politique» qui «laisse à chacun sa place» en Afghanistan.
L'entourage de l'ancien roi d'Afghanistan Mohammed Zaher Shah à Rome surpris hier par l'entrée à Kaboul de l'Alliance du Nord a exprimé des «inquiétudes» pour la sécurité des habitants et l'avenir politique du pays.
«Ce n'est pas une solution si un parti et quelques groupes ou factions entrent dans Kaboul. Nous revenons à la case départ s'ils y restent et ne partagent pas le pouvoir et si toutes les réalités culturelles et géographiques ne sont pas représentées», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ex-roi, Youssouf Nouristani, joint par téléphone.
Un leader des commandants afghans pachtounes basés au Pakistan, le commandant Haji Mohammad Zaman, a appelé l'Alliance du Nord, à ne pas gouverner seule, mais avec tous les Afghans.
«L'avance des troupes de l'Alliance du Nord et leur entrée dans Kaboul est une bonne nouvelle», a-t-il dit à la presse à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan.
Pour un partage
du pouvoir
Mais «l'Alliance du Nord doit gouverner avec tous les Afghans, et pas seule», a-t-il dit. «Nous ne voulons pas que les erreurs du passé se répètent».
De 1992 à 1996, de féroces batailles, accompagnées de massacres et de pillages, ont opposé les factions rivales après la prise du pouvoir par l'Alliance à Kaboul, faisant des milliers de morts.
L'Alliance est une coalition de minorités ethniques comme les Ouzbeks et les Tadjiks. Les Pachtounes sont l'ethnie majoritaire en Afghanistan.
Par ailleurs, la Choura (Conseil) des commandants afghans pachtounes basés au Pakistan est entrée en contact avec les talibans qui tiennent la ville stratégique de Jalabadad, dans l'est de l'Afghanistan, a annoncé hier à Peshawar (nord-ouest du Pakistan) le commandant Haji Mohammad Zaman.
«Nous sommes en contact avec les talibans» de Jalalabad, capitale de la province du Nangarhar, a déclaré le commandant Zaman à la presse.
Une réunion informelle de la Choura de l'est de l'Afghanistan, qui groupe quelque 80 commandants et représentants civils en exil, se tenait hier dans les bureaux du commandant Zaman à Peshawar, à la suite de la chute de Kaboul. «Nous ne voulons pas entrer dans Jalalabad par des moyens militaires, nous ne voulons pas aller à Jalalabad pour combattre», a déclaré Zaman, une figure de la lutte contre les forces d'occupation soviétiques.
Il n'a pas voulu en dire plus sur la teneur des contacts avec la direction des talibans à Jalalabad, une ville d'importance stratégique située sur la route entre le Pakistan et Kaboul, à 60 kilomètres de la frontière.
L'entrée des forces de l'opposition dans la capitale afghane 111vient moins de 24 heures après le début de leur offensive sur Kaboul.
Partis depuis une cinquantaine de kilomètres au nord de Kaboul, en milieu de journée lundi, environ 7.000 à 8.000 hommes de l'Alliance avaient réussi dans l'après-midi à enfoncer les lignes de front talibanes sans rencontrer de résistance majeure.
Les Américains, qui avaient demandé à l'Alliance d'encercler la capitale sans chercher à y entrer, ont été pris de vitesse. A Washington, un responsable du Pentagone avait admis lundi que les Etats-Unis n'avaient «aucun contrôle sur ce que veulent faire» les forces d'opposition. Le Président russe Vladimir Poutine est arrivé hier aux Etats-Unis où il doit rencontrer à Washington le Président George W. Bush.
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