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Accueil next L'humain au centre de l'action future

Entretien avec Najib Sefrioui réalisateur du film «Amour sans visa»

Il enregistre sa sixième semaine de succès. On ne s'attendait point à ce fracas suscité par la sortie du dernier film du réalisateur Najib Sefrioui, « Amour sans visa ». Ce film qui évoque les méandres de la douleur et les souffrances de la maladie du siè

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Le réalisateur a surtout voulu, tout le long de ce film, mettre l'index sur Lahchouma, un obstacle démesuré que les jeunes ne parviennent pas à faire exorciser. Najib Sefrioui associe sa voix à tous ceux qui militent pour accorder à la prévention une place de choix pour que le Sida qui gagne de plus en plus de terrain dans tout le globe fasse moins de dégâts. Explications.
Vous devez être content de l'aboutissement de votre film, “Amour sans visa”, maintenant qu'il a entamé sa 6e semaine de succès à Casablanca, et sa 2e à Rabat.
D'emblée, il faut toujours envisager la réussite d'un film comme si vous jouez à la loterie. Cela dit, je ne cache pas que je suis agréablement surpris par le résultat. Au moment de l'élaboration de l'idée, nous avions une espèce de crainte que l'idée ne soit pas acceptée par notre environnement. C'est pour cela qu'une période de quatre ans s'est écoulé entre l'écriture du film et sa sortie en salle, afin d'approfondir la réflexion et par la même occasion mesurer les tenants et les aboutissants d'une telle production. Il a fallu étudier le thème et son impact sur notre environnement, et sur notre comportement socio-éducatif tant sur le plan religieux que sur le plan sexuel.

On a remarqué que le public du long-métrage est essentiellement composé de jeunes, comment expliquez-vous cet engouement ?
Dès le départ, j'ai ciblé une tranche d'âge composée de jeunes. Le casting a ainsi ouvert la voie à des jeunes talents de 20 ans. Délibérément, j'avais l'ambition de découvrir de nouveaux visages tout en essayant d'accrocher l'attention du jeune public pour se prémunir des dégâts dévastateurs du sida. D'autant plus que les rapports de l'Organisation londiale de la santé (OM) démontrent que ce sont les jeunes qui sont les plus vulnérables à cette maladie. Et face au déficit des chiffres et des études fiables en ce domaine dans notre pays, on a tendance d'oublier le danger qui nous guette. J'ai jugé urgent de mettre au-devant de la scène le sida, un sujet qui n'arrive pas à percer dans le paysage médiatique en raison de Lahcouma ( la honte) qui empêche les initiatives de se libérer et les actions d'être concluantes. Non pas par manque de volonté, mais les institutions officielles peinent beaucoup pour faire mener leurs campagnes de sensibilisation, et n'arrivent pas jusqu'aujourd'hui à insérer des spots publicitaires concernant l'importance du préservatif pour éviter le sida. Subtilement, mon film a été orienté dans ce sens, et a insisté sur les mesures préventives à mettre en œuvre, surtout celle du préservatif qui est un moyen efficace pour contrecarrer la maladie.

C'est un film qui évoque une maladie qui demeure la hantise des chercheurs. Pourquoi cet intérêt énorme alors que l'on ne déclare que 913 cas au Maroc ?
J'étais à Genève, et je travaillais en tant que journaliste en free-lance pour couvrir le Congrès International du Sida qui s'est tenu dans la capitale helvétique, et auquel ont participé plus de 3000 participants constitués de la fine fleur du monde médical pour débattre ce problème. Une carte géographique géante était placée à l'entrée du Congrès, et sur laquelle on a montré les pays touchés par cette épidémie. À ma grande surprise, la région du Maghreb ne semblait pas être concernée, du moment que l'on n'a pas jugé nécessaire de tirer la sonnette d'alarme.
Des communications intéressantes marocaines animées par le Pr.Himmich ont établi un état des lieux du Sida dans notre pays, et les statistiques à l'époque révélant l'existence de 750 cas, alors que le reste du monde est affolé. Je sais que nombreux sont ceux qui vivent avec la maladie, qui la subissent, et qui meurent sans pouvoir exprimer leur douleur.
L'ennemi de toujours surgit : Lahchouma et les empêche de surcroît de vivre leur vie tout simplement avec ses peines et ses joies. A partir de ce moment, l'idée m'est venue de creuser plus loin, et d'en faire même un long-métrage. Il est urgent de réagir tant que l'on dispose encore un peu de temps. Demain ce sera peut-être trop tard, et on aura certainement du mal à tolérer les dégâts.

La manière du traitement du film, les répliques, les scènes sont jugées un peu osées. Même le titre, «Amour sans visa» est taxé par certains d'être un peu provocateur, qu'en dites-vous ?
En toute honnêteté, j'aurais tellement voulu avoir un titre comme « un amour sans préservatif », mais que faire avec la censure ?
Quant aux scènes, ce n'est pas à moi de rappeler que le rôle de l'art est de provoquer par diverses manières que ce soit par le langage, les personnages, ou même le thème. Tous ces éléments doivent êtres réunis, accompagnés bien entendu d'une manière artistique qui en principe, elle, attribue au travail une note particulière et différente. cela ne sert absolument à rien à vouloir ressembler au genre égyptien, ou encore reproduire le même travail que mes collègues.
Je tiens à me démarquer, en apportant une touche personnelle. Celle qui a traversé mon esprit s'inscrit au niveau du dialogue. J'ai insisté à reprendre fidèlement le dialecte utilisé dans la ville de Casablanca. Mahmoud Khaouti, célèbre pour ses succès théâtraux a été spécialement recruté pour réaliser le dialogue du film, une disposition qui n'a jamais été réalisée auparavant dans notre cinéma. Aussi, serait-il opportun de dire que le tournage du film a été effectué dans un endroit très sympathique, et méconnu par nous autres, celui du quartier du phare (El Hank). J'ai été particulièrement heureux de découvrir la beauté engendrée par la lumière du phare sur les habitations du quartier, et qui servi également comme toile de fond à toute l'ambiance du film.
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