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La tension persiste

A la frontière où Inde et Pakistan ont massé leurs troupes, les incidents sont quotidiens et, si les deux puissances nucléaires ne sont pas formellement en guerre, c'est ici la peur qui domine parmi la population.

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Des dizaines de milliers d'habitants de cette zone frontalière ont fui les échanges quotidiens de tirs d'artillerie, de mortier et d'armes automatiques, laissant derrière eux des localités fantômes, une situation inédite depuis le troisième et dernier conflit, en 1971.
Au nombre de ces réfugiés figurent les centaines d'habitants de Garkhal, localité située à l'extrême pointe d'une étroite avancée de territoire pakistanais à l'intérieur du Cachemire indien baptisé «Chicken's Neck» («Cou de poulet»).Deux bataillons de l'armée pakistanaise retranchés derrière de grosses fortifications constamment renforcées au fil des ans tiennent «Chicken's Neck».
Pour les habitants de Garkhal, à quelque 35 kilomètres au nord-ouest de Jammu, capitale d'hiver du Cachemire, les échanges de tirs ont été monnaie courante pendant des années. Cependant ces dernières semaines leur intensité a été telle que même les plus endurcis se sont résignés à partir.
«Une fois de plus nous devenons des réfugiés même s'il n'y a pas de guerre», explique Shyam Sharma, chef de Gharkal, qui a préféré à envoyer sa famille loin du danger à la suite de tirs de roquettes pakistanaises qui ont blessé deux militaires indiens mardi.
Après ces tirs, les militaires pakistanais, visibles à seulement une cinquantaine de mètres, ont pris pour cibles quelques habitations de Garkhal.

La frontière de la peur

Au cours du conflit de 1971, l'armée pakistanaise avait réussi à s'emparer du district de Chamb, à majorité hindoue, et quelque 1.800 réfugiés avaient été installés par les autorités indiennes dans la zone stratégique jouxtant Chicken's Neck.
Le gouvernement de New Delhi a accordé des indemnisations à ces réfugiés, qui ont été en mesure de construire une maison, et chaque foyer a reçu une superficie de 2,5 hectares de terres dans ce secteur.
«On nous a tiré dessus pendant des années. Mais aujourd'hui la situation est si mauvaise que nous n'avons pas le courage de sortir de nos fermes», souligne Milkhi Ram, un réfugié de la guerre de 1971.
La crise actuelle a commencé avec l'attentat-suicide du 13 décembre contre le Parlement fédéral indien, à la suite duquel New Delhi a mis en demeure les autorités pakistanaises d'interdire les activités des organisations islamistes implantées sur son territoire.
«Depuis 1965 nous sommes déplacés», raconte Pratima Devi, dont l'état de réfugié remonte à la seconde guerre indo-pakistanaise.
Les impacts des balles sur les murs et les petits cratères laissés par les obus de mortier sont le signe du danger permanent qui guette la population. Ici les enfants ont le réflexe immédiat de se jeter à plat ventre aux premières détonations.
La plupart des escarmouches se produisent en soirée ou durant la nuit. Aussi certaines familles ayant fui Garkhal pour se mettre à l'abri un peu plus loin y reviennent durant la journée.
«Nous revenons chaque matin pour nourrir le bétail mais il nous faut reprendre le bus à 17H00 car à partir de ce moment les affrontements peuvent reprendre à tout moment», déclare Rita Sharma.
Au cas où la guerre viendrait à écarter, la zone de Chicken's Neck serait à coup sûr le théâtre de durs combats car elle est voisine d'une voie rapide stratégique reliant le Cachemire indien au reste du pays.
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