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Accueil next L'humain au centre de l'action future

Les chantiers de la réforme cinématographique

D'aucun ne conteste, désormais, la nécessité de réformer le secteur du cinéma marocain. Aussi, responsables et professionnels s'accordent-ils à dire que seule une révision en profondeur du système de production cinématographique est à même de permettre le

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S'il est un des sujets qui mobilise les opérateurs du secteur plus que tous les autres, c'est bel et bien celui de la production. Le constat qui fait unanimité est celui du manque flagrant des ressources financières. La faiblesse du marché cinématographique, l'incapacité des maisons de production nationales à supporter les charges énormes de grandes productions limitent le champ d'action des producteurs et des réalisateurs. S'ajoute à cela, notent les observateurs, un certain manque de professionnalisme dans la gestion des productions et le recours à des procédés peu orthodoxes chez certains chargés de productions - généralement les réalisateurs eux-mêmes.

Dans ce contexte, les professionnels s'abattent sur le Fonds d'aide à la production cinématographique comme principal, parfois même unique moyen de financement de leurs productions. Un fonds dont le mode de fonctionnement déplaît quasiment à tous, d'où l'appel à la réforme de ce fonds.

Deux principales revendications sont généralement émises. Accusant la subvention d'insuffisante, ils réclament avec vigueur l'augmentation du montant du fonds. D'autres n'hésitent pas à appeler à une limitation du nombre des bénéficiaires de façon à ce que les projets subventionnés puissent profiter de sommes importantes. Ils exigent, en outre, la mise en place d'un mécanisme «clair et transparent» de sélection des projets et de répartition des fonds.

Ce mouvement d'opposition s'est constitué en un «Groupement des auteurs, réalisateurs et producteurs» (GARP). Cette organisation professionnelle est actuellement étroitement associée au chantier de réforme du fonds lancé par le ministère de la Culture et de la Communication. Or, si les professionnels expriment une certaine satisfaction quant à la qualité de la collaboration avec le ministère de tutelle et le C.C.M., ils constatent non sans regret le retard accusé dans l'adoption du nouveau texte réglementaire du fonds d'aide. Le «blocage» est attribué au ministère des Finances!

Mais le débat ne se limite pas là ! De nombreux spécialistes estiment que le développement de la production nécessite plutôt l'existence d'un marché fort et prometteur, la mise à niveau des maisons de production, la professionnalisation des procédures de prospection des financements notamment par l'encouragement l'investissement privé ( sponsoring, coproduction...).

Ceci passe entre autres par la mise en place d'un système de garantie adéquat. La convention avec l'Agence de la francophonie visant la création d'un Fonds de garantie pour les productions culturelles et artistiques devra profiter logiquement au secteur. Dans une telle optique, le Fonds d'aide à la production reprendrait sa mission initiale de complément financier aux productions.

L'autre principal handicap à l'essor du cinéma marocain serait le manque de compétences et de ressources humaines hautement qualifiées. L'ensemble des acteurs déplorent l'inexistence d'une institution de formation spécialisée dans les métiers de cinéma. En attendant la création d'un établissement étatique, l'on apprend de sources non officielles, qu'un projet d'institution d'une école privée par des opérateurs français est à l'étude.

Jusqu'à présent, la formation se fait de deux manières : études à l'étranger ou formation sur le tas. Ce système est jugé peu fiable par les spécialistes car il ne pourvoit pas l'activité de toutes les compétences nécessaires et ne permet plus de dépasser le manque chronique du savoir et savoir-faire en la matière. Les principaux postes techniques, par exemple, sont toujours accaparés par des étrangers ! Ce même système ne favorisera, expliquent-ils, pas le lancement de stratégies promotionnelles à long terme.

Par ailleurs, si une importance accrue est accordée à ces deux grands chantiers, il existe d'autres problèmes qui nécessitent des solutions d'urgence. Les questions relatives au statut du cinéaste en particulier le réalisateur et de ses droits intellectuels, en tant qu'auteur, sur son œuvre sont au centre des préoccupations des professionnels. Les droits sociaux et le bénéfice de système de couverture sociale constituent aussi des revendications permanentes.

Ce chantier semble unir les professionnels malgré tous les différends qui les opposent. Il n'en demeure pas moins vrai que les secteurs de la distribution et de l'exploitation, la question de l'éthique professionnelle et bien d'autres sujets sont à étudier.

Somme toute, la promotion du cinéma, assurent les spécialistes, exige la conception d'une stratégie globale visant la refonte totale de la chaîne d'activité cinématographique.

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