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M. Othmane Benjelloun: des rencontres qui rendent hommage à Fès

Quel est le principal enjeu du processus de mondialisation actuel et comment vivez-vous à titre personnel et selon votre propre expression cet enjeu ?

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La où les spiritualités devraient précisément permettre que le phénomène de mondialisation que connaît nos sociétés puisse avoir du sens, avoir une finalité, cette finalité elle-même irriguant les processus d'interpénétration qui concernent aussi bien les économies, les sociétés , les civilisations, grâce aux prodigieuses avancées technologiques, à la diffusion sans précédent des savoirs à la mobilité comme jamais auparavant des biens et des hommes.
En outre, quelle que soit la forme, la modalité des spiritualités existantes de par le monde «qu'elles soient religieuses ou agnostiques - des valeurs devraient pouvoir fédérer la société des hommes, les spiritualités étant précisément les déclinaisons propres à chaque croyance, à chaque peuple ou société.
Ces valeurs sont la tolérance, la paix, l'amour du prochain, la liberté de croyance, le droit à une vie décente … en fait les droits qui fondent l'ossature de la déclaration internationale des droits de l'Homme.
Le processus de mondialisation en cours ne doit occulter l'exigence de spiritualité, c'est-à-dire l'affermissement de la foi dans l'immatériel, la résistance à l'envahissement dans nos vies du matériel. Cette exigence devrait pouvoir concerner l'ensemble des sociétés pour précisément éviter que le processus de mondialisation n'aboutisse à l'uniformisation des consommations, des modes d'une vie matérialiste, sans finalité car sans spiritualité.
Le principal enjeu du processus de mondialisation actuel est de préserver chez l'homme ces valeurs qui puissent être intemporelles, fédérer les femmes et les hommes au sein de groupes régionaux, au sein de la «société des nations» indépendamment de leurs croyances religieuses, de leur race , couleur, statut ou position sociale.L'enjeu du processus de la mondialisation est également de parvenir à établir des «règles du jeu» qui accompagnent ce mouvement d'interpénétration universel des cultures et des pratiques dans le monde social et du travail, dans le monde de la technologie , du savoir et de l'information. La spiritualité est garante de l'établissement de ces règles du jeu, de par l'élévation qu'elle autorise par rapport aux intérêts matériels et catégoriels des communautés qui pourront alors se rassembler, qu'elles appartiennent à des niveaux nationaux, régionaux ou supra-nationaux.
Une mondialisation «autrement» serait-elle envisageable? Quel en serait, selon vous, la finalité ?
Une «mondialisation autrement» comme vous le dites est requise, parce qu'à l'heure actuelle, nous sommes dans la société internationale au niveau du balbutiement de ces «règles du jeu internationales, supra nationales et de gouvernance mondiale».
Or elles sont impérieuses pour adresser des problèmes transversaux, comme la préservation de l'environnement, la gestion des ressources rares universelles, l'eau, la faune, la flore, l'air, les mers. Davantage que le qualificatif «autrement», la mondialisation devrait être une mondialisation maîtrisée car régulée, choisie et assumée par une majorité d'hommes et de femmes à travers le monde.
Sa finalité serait alors de préserver et de cultiver, dans toutes les sociétés humaines, ces valeurs universelles.
Quel sens revêtent pour vous de telles rencontres, se tenant à Fès, dans leur forme actuelle?
En tant que Marocain, on est flatté que ces rencontres rendent hommage à la capitale spirituelle du Royaume.
Fès est effectivement le lieu approprié pour abriter de telles rencontres parce qu'elle a été fondée à l'origine sur la base de la foi musulmane en l'occurrence. Son symbole sont ses multiples lieux de spiritualités, que sont les lieux de cultes et de savoir, c'est-à-dire ses mosquées, son université et ses medersas.
Fès a également permis de pérenniser en son sein, cette «ère de lumière et de civilisation brillante qu'a représenté l'Andalousie» où musulmans, juifs et chrétiens, cohabitaient et excellaient dans l'art, le savoir, la science et le raffinement.
Il est essentiel que les rencontres de Fès continuent de revêtir cet esprit de tolérance et de dialogue.
On doit s'y interroger sur le passé pour éclairer le présent et l'avenir, avec l'ambition de consolider un avenir basé sur des valeurs partagées universelles. Par la qualité de leurs actes, les «rencontres de Fès» peuvent représenter des sessions d'une «Universalité de la spiritualité».
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