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Les interconnexions électriques sont là, mais les échanges sont quasi nuls

À travers l’initiative du Comité maghrébin de l’électricité, les 5 pays du Maghreb ont démontré qu’ils sont capables de s’unir autour d’une problématique essentielle, l’intégration énergétique. Toutefois, 42 ans après la création de ce comité, les échanges électriques entre les 5 pays sont très modestes. De même, le projet d’un marché régional de l’électricité intégré et interconnecté avec celui de l’Union européenne tarde à voir le jour.

Les interconnexions électriques sont là, mais les échanges sont quasi nuls
Il existe actuellement deux lignes de 400 KV et deux lignes de 225 KV entre le Maroc et l’Algérie. Deux autres lignes de 225 KV existent par ailleurs entre l’Algérie et la Tunisie.

Malgré leurs faibles volumes, les échanges énergétiques entre les 5 pays du Maghreb existent bel et bien, surtout au niveau des interconnexions électriques. Dans le cadre du Comité maghrébin de l’électricité (Comelec), créé en 1972 (bien avant la création de l’Union du Maghreb arabe), plusieurs lignes d’interconnexion électrique ont été initiées. L’objectif est de développer les échanges électriques pour un marché qui constitue un potentiel de consommation de 136 TWh. Cette demande évolue de 8% par an et dispose d’un parc de production totalisant une capacité installée de 33 000 MW environ. Dans le détail des accords établis, une interconnexion Maroc-Algérie-Tunisie fonctionne en mode synchrone.
La liaison Tunisie-Libye existe aussi, mais ne fonctionne pas pour des raisons techniques. En revanche, le réseau maghrébin est synchroniquement connecté au réseau européen depuis 1997, date de la mise en service du premier câble sous-marin entre le Maroc et l’Espagne.

Un deuxième câble a été posé et le renforcement de l’interconnexion entre l’Espagne et le Maroc est prévu avant 2020. «Une troisième interconnexion avec l’Espagne est en phase d’études. Elle s’ajoute aux deux interconnections maroco-espagnoles déjà en service, pour porter la capacité globale de transit de 750 MW à 1 000 MW», nous confie Abdelkader Amara, ministre de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement.
Toutefois, les interconnexions électriques actuelles sont peu adaptées aux possibilités de développement de la région. «L’utilisation prépondérante a pour objectif des échanges à bilan nul notamment pour disposer d’un secours ponctuel ou bien pour répondre aux aléas des programmes d’équipements. De même, la ligne d’interconnexion entre la Tunisie et la Libye, achevée en 2003, est non opérationnelle et il existe très peu d’échanges entre ces deux pays», souligne Abdelaziz Rassaa, ancien ministre tunisien de l’Industrie.

De même, plusieurs projets d’interconnexions sont envisagés en Méditerranée, mais pas encore initiés.
Si l’interconnexion électrique existe sur le terrain, il ne faudrait pas se réjouir pour autant et parler d’une intégration électrique complète entre les 5 pays du Maghreb. En effet, en 2012, les échanges d’électricité entre les pays du Maghreb ont atteint à peine 155 GWh, soit 0,1% de la consommation électrique de la région. Pire, la seule interconnexion active sur le plan commercial est celle reliant le Maroc et l’Espagne qui permet d’importer 4 600 GWh environ par an, notamment suite à l’adhésion de l’ONEE au marché électrique espagnol en tant qu’agent externe en 1999.

Aussi, la Tunisie et l’Algérie échangent-elles à peine 400 GHW environ. Quant à l’interconnexion entre la Libye et la Tunisie, elle n’est pas encore entrée en service. Par ailleurs, les exportations totales algériennes de 802 GWh en 2010 n’ont représenté que 1,8% de sa production totale. «La 3e interconnexion entre le Maroc et l‘Algérie de 400 KV à 2 ternes, mise en service le 29 septembre 2009, a porté la capacité de transit entre les deux pays de 400 MW à 1 200 MW. Néanmoins, le volume des échanges d’électricité entre ces deux pays est resté à des niveaux modestes et l’échange se faisant à bilan nul» , nous déclare Abdelkader Amara.
Pourtant, le potentiel d’intégration électrique existe dans la région et les possibilités de coopérations sont nombreuses. Mais la mise en place d’un marché maghrébin d’électricité est conditionnée par la réforme des secteurs électriques dans tous les pays du Maghreb (régulation, accès des tiers aux réseaux, unbundling…). Il s’agit également de renforcer des interconnexions de manière à permettre l’échange de grandes quantités d’énergie. Ceci sans oublier l’harmonisation des règles régissant le fonctionnement des marchés internes. Par ailleurs, pour créer un marché ouvert et compétitif de l’électricité, le réseau doit être mâture et efficient avec un système d’information fiable, ce qui représente un investissement lourd. «Les marchés doivent être relativement larges et suffisamment fluides pour favoriser la compétition.

L’Algérie a essayé l’ouverture du marché aux investisseurs privés en production sans garantie de marché, mais cela n’a pas encore produit tous ses effets. L’investisseur privé reste privilégié pour la conclusion de contrats garantissant les achats à terme.
D’où le recours, dans une première étape, à la formule d’investissement en partenariat avec des entreprises publiques (Sonatrach et Sonelgaz) tout en laissant la porte ouverte aux futurs investisseurs privés», souligne l’ONEE. Pour la mise en place d’un marché maghrébin, l’ONEE recommande par ailleurs une harmonisation du cadre institutionnel et réglementaire, l’adoption d’une tarification basée sur les coûts et un taux minimum d’indépendance, car l’électricité est un produit sans substitut et à demande inélastique. Dans ce contexte et dans un premier stade, «l’embryon du marché maghrébin de l’électricité s’est développé sur la base de contrats commerciaux d’échange entre opérateurs historiques. Le marché euromaghrébin de l’électricité pourrait démarrer ainsi avec l’interconnexion Espagne-Maroc et consisterait, d’abord, dans le cadre des échanges du Maroc et de l’Algérie avec le marché ibérique. Dans un second temps, il sera élargi aux interconnexions actuellement en projet entre l’Algérie, l’Espagne et l’Italie d’une part et la Tunisie d’autre part», déclare l’ONEE.

Cependant, l’organisation progressive d’un marché régional de l’électricité intégré et interconnecté avec celui de l’Union européenne nécessite de résoudre progressivement plusieurs questions d’un commun accord comme la détermination des tarifs de transit et le développement de la concurrence et l’élaboration de codes de réseaux en cohérence avec un code régional commun. Ceci sans omettre la mise en place d’autorités de régulation et la réglementation de l’accès des tiers aux réseaux ainsi que la création des instances institutionnelles nécessaires par des accords appropriés.

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