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Quelle solution appropriée ?

● Peter Knope
Président du Centre de contre-terrorisme, La Haye

Quelle solution appropriée ?
Radicalisation et endoctrinement • les gens tuent avec plus de facilité une fois qu’ils ont franchi cette ligne où la déshumanisation de «l’autre» est nécessaire pour être en mesure d’agir violemment.bPh. AFP

Au cours des deux dernières semaines, Les Européens ont été choqués suite à l’annonce que trois personnes de confession juive ont été abattues à Bruxelles par, ce qui plus tard s’est avéré être, un ancien combattant étranger de la Syrie. Les citoyens français ont été motivés ou ont annoncé le fait de se joindre à un conflit qui est assez complexe et peut confondre même l’analyste politique le plus expérimenté. Sans parler des jeunes dans la banlieue d’une ville européenne qui a peu accès à l’information appropriée.
Ce ne sont pas seulement les Européens qui partent rejoindre les parties en conflit en Syrie, bien au contraire, il y a des milliers de jeunes hommes (et de plus en plus de femmes) qui se déplacent de pays à majorité musulmane, aussi loin que l’Indonésie, le Pakistan et le Kazakhstan, mais aussi de l’Afrique du Nord. On estime à un millier les personnes qui ont voyagé en Syrie à partir du Maroc. En dehors des questions comme les contributions éventuelles aux crimes de guerre et les violations des droits humains au cours de leur séjour, il y a beaucoup plus en jeu.

Un des aspects inquiétants, c’est que ceux qui sont formés et «éduqués» et ont acquis une expérience de combat, sont plus «efficace» comme étant des acteurs potentiels de violence, sous n’importe quelle forme, une fois qu’ils quitteront la scène réelle du conflit. En effet, la plupart des attaques de haute incidence terroriste en Europe sont en quelque sorte reliées à des personnes qui ont été formées et ont acquis de l’expérience de combat et ont franchi le seuil qui consiste à tuer d’autres personnes. En d’autres termes, la formation théorique ou en ligne, apprendre à fabriquer des bombes et IED fait maison n’est pas aussi efficace que l’expérience réelle du combat. Ce qui fonctionne est le fait «d’avoir été là». Dans le sens que les gens tuent avec plus de facilité une fois qu’ils ont franchi cette ligne où la déshumanisation de «l’autre» est nécessaire pour être en mesure d’agir violemment.

Il est évident que de tels faits devraient nous inquiéter – y compris les autorités marocaines – principalement en raison du nombre élevé de combattants étrangers en Syrie. Poser la question : «qu’est-ce qui va arriver après ?» est d’une extrême importance politique. Certains pays développent des programmes de réinsertion pour rediriger les individus vers la bonne voie. Ils ont pu être traumatisés, radicalisés, endoctrinés. Ils ont pu avoir changé leur point de vue et perspective.

On leur a peut-être parlé de «qui sont les vrais ennemis», et de la haine de «l’autre», qui sait ? La seule façon d’obtenir la bonne information est de parler aux rapatriés. Directement ou indirectement. Indirectement par l’implication de l’environnement social des rapatriés – les parents, frères, sœurs et amis. L’une des questions est de savoir qui devrait aller parler à ces rapatriés. Est-ce que c’est une tâche du gouvernement, des services de sécurité, de la police ou est-ce les érudits religieux et les dirigeants de la communauté qui devrait tendre la main ? Ou devrions-nous impliquer les organisations de la société civile ?
Dans certains pays, une approche globale du gouvernement a montré son efficacité ; surtout en incluant les parents dans une approche qui s’est révélée fructueuse. En effet, cela nécessite une réflexion, des essais et une compréhension spécifique des motivations qui poussent ces personnes à rejoindre le conflit en Syrie. Cela exige également une compréhension du changement dans les récits, une fois que ces personnes rejoignent et s’impliquent dans des groupes comme ISIS et Al Nushra. Les décideurs européens trouvent des difficultés à expliquer ces points d’interrogation.

Il est clair que quelque chose a échappé et est resté sous le radar.
La communauté juive de Bruxelles et d’ailleurs est en deuil. Les Européens sont choqués. L’impact du conflit en Syrie a désormais atteint les villes de l’Europe directement. Quelque chose de même nature pourrait se produire demain dans n’importe quel pays musulman si nous ne commençons pas à travailler avec une grande priorité et le plus tôt possible sur cette question. Le gouvernement marocain peut être en mesure de tirer profit des leçons des pays européens ou d’ailleurs ainsi que des erreurs commises dans ce cas. Après tout, le conflit en Syrie est très complexe et désastreux. Nous devons limiter son expansion pour éviter son impact sur d’autres régions. Il n’est pas difficile de prédire ce qui se passera si nous échouons. 

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