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«Le karaté marocain est devenu une référence mondiale»

Quelques jours après la belle prestation de l’équipe nationale aux Championnats du monde minimes, cadets et espoirs avec une très belle sixième place, le directeur technique national, Hassan Fekkak, revient sur cette performance, sur la place du karaté marocain sur l’échiquier mondial, ainsi que sur les efforts que déploie la Fédération royale marocaine de cette discipline pour développer la pratique du karaté au Maroc.

«Le karaté marocain est devenu  une référence mondiale»

Le Matin : Quelle évaluation faites-vous de la participation marocaine qui a réussi à décrocher trois médailles, une en or et deux d'argent ?
Hassan Fekkak : C'est une belle performance pour le karaté marocain en particulier et pour le sport national en général. Il n'est pas simple de s'imposer et de jouer trois finales face à 91 nations participantes à ce Championnat du monde. Faire retentir l'hymne national et décrocher un titre de champion du monde par le jeune marocain Ouchen Achraf est une fierté pour le Royaume, une belle récompense pour le travail de longue haleine effectué. Ce résultat est le fruit des sacrifices et du travail au quotidien des jeunes karatékas, de leurs parents de ceux qui les soutiennent, des professeurs des clubs et de la politique fédérale menée par le président Mouktabil.
Pour revenir à l'analyse technique de la participation de nos athlètes à ce Championnat du monde, le Maroc a participé avec une petite délégation de 16 athlètes dans 16 catégories sur les 36 engagées dans cette compétition. C'est un choix volontaire de notre fédération de participer avec des athlètes qui ont un réel potentiel de podium. Notre objectif était d'être dans les dix premières nations et nous sommes sixième nation mondiale, c'est parfait pour une petite délégation de 16 athlètes, trois coachs et un responsable, si on la compare aux nombreuses nations qui débarquent avec pas moins de 60 personnes. Nos athlètes ont fait un excellent parcours. Techniquement, ils étaient, sincèrement, parmi les meilleurs. Certains manquent encore de combativité et de confiance en eux. D'autres ont commis certaines petites erreurs tactiques, sinon ils seraient aussi montés sur le podium. Je pense à Oussama Mime dans la catégorie des moins de 60 kg espoirs. Il était très fort sur son tableau. Il a gagné ses deux premiers tours haut la main et, au troisième tour face à l'italien, Oussama menait au score par 5 à 2 et, à quelques secondes de la fin, il était tellement confiant qu'il a relâché et a manqué de rigueur et d'attention, ce qui a permis à l'italien d'égaliser. À la fin du temps réglementaire, les arbitres ont donné la victoire à l'italien.

Quel dommage !

La même chose avec l'athlète Sanae Amirouch. Pour la médaille de bronze, elle a battu la Française (championne d'Europe) sur le score sans appel de 6 à 1 et pour son dernier combat, qui permet de décrocher le bronze, Sanae s'est inclinée face à la Mexicaine sur le score de 1 à 0. Techniquement, Sanae était largement au-dessus, mais elle manquait de précision et de concentration dans son travail. Quant à Amina Ezianni, elle a créé la grande surprise en battant la Japonaise, l'Indonésienne, la Brésilienne auxquelles elle a été confrontée… avec classe. Mais pour la médaille de bronze, elle a manqué de lucidité et de stratégie. Évidemment, les athlètes médaillés Achraf Ouchen, Yassine Sekouri et Khaoula Ouhman ont fait un parcours exceptionnel, ils ont gagné leurs matchs avec l'art et la manière. Un vrai spectacle de précision, de technique, de stratégie et surtout de comportement exemplaire. Une fierté et un bonheur de voir cette jeunesse marocaine évoluer à ce niveau de la compétition mondiale. Je dirais que le karaté marocain progresse d'année en année et à chaque sortie internationale nos athlètes sont sur le podium.

À quel niveau peut-on aujourd'hui situer le karaté marocain sur l'échiquier mondial ?
Le Maroc occupe la sixième place à ce championnat du monde, mais d'une façon générale, le karaté marocain est devenu une référence mondiale. Les athlètes marocains sont régulièrement sur les podiums. Les coachs marocains se font recruter par d'autres pays et sont souvent sollicités pour encadrer des séminaires à l'étranger. Le Maroc compte environ 17 arbitres mondiaux, dont un membre de la commission mondiale de l'arbitrage. Le Maroc est connu dans le monde du karaté comme un des meilleurs pays organisateurs d'événements internationaux de karaté. Tous les ans la Coupe internationale du Roi Mohammed VI attire de plus en plus de participants. La dernière édition a connu la participation de 25 nations. En 2016, elle sera jumelée avec la Premier League en partenariat avec la Fédération mondiale de karaté. Désormais, elle comptera dans le classement mondial des athlètes. Et pour nous, c'est plus de participants et plus de notoriété. Le Maroc s'est doté d'un Centre national de karaté avec un hébergement 4*, un restaurant bio et adapté aux sportifs de haut niveau, une salle de sport d'environ 1.000 m², une piscine, des salles de formation… Ce centre formera les professeurs et les futurs cadres fédéraux, mais il est également ouvert aux autres sports nationaux. Notre objectif est d'en faire aussi une plateforme de formation en Afrique et un lieu de concentration sportive pour les équipes internationales.

Sur quel plan les karatékas marocains doivent-ils progresser pour devenir encore plus performants ?
La progression doit se faire à différents niveaux :
• La croyance en soi et l'estime de soi.
• Intégrer la culture du haut niveau au quotidien.
• Former plus de coachs spécialisés pour intervenir au niveau régional et national.
• Une implication des professeurs des clubs et plus de coopération avec le haut niveau et le staff technique de la fédération.
• Développer le statut d'athlète de haut niveau avec le ministère.
• Créer des structures sport-études, ce qui est indispensable pour maintenir l'équilibre et garantir l'avenir de l'athlète.
• Un soutien inconditionnel du public marocain.
• Enfin des moyens financiers. Il n'y a pas qu'un sport ou deux au Maroc, il y en a plusieurs.
Voilà des pistes qui nous permettront d'aller plus loin au niveau des résultats sportifs. Cependant, la préoccupation de notre fédération est la performance durable et saine. Le chemin qui mène vers la performance et les médailles est plus important. Il forme les femmes et les hommes de demain et nous voulons que ce chemin soit semé de valeurs nobles telles que le respect, la rigueur, l'humilité et l'honnêteté. Apprenons à nos athlètes à donner, avec sincérité et authenticité, le meilleur d'eux-mêmes.

Que pensez-vous du fait que le karaté ne soit pas une discipline olympique, sachant l'énorme potentiel des karatékas marocains ?
C'est triste ! le Karaté, un sport noble, un sport issu du code Bushido (Samouraï) avec des valeurs morales très puissantes pour une excellente éducation. Un sport qui compte 10 millions d'adhérents à la Fédération mondiale de karaté, 50 millions de pratiquants dans le monde et des millions de sympathisants (selon la dernière étude de KPMG). C'est triste qu'il ne soit pas présent à cette grande fête olympique. Une lueur d'espoir cependant, le karaté a été proposé aux Jeux olympiques 2020 par la commission d'organisation à Tokyo. Si cette décision est entérinée par le CIO au mois de novembre 2016, le Karaté sera olympique en 2020 aux Jeux de Tokyo (Japon). Le Maroc aura ainsi des chances de médailles dans cette discipline.

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