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Afrique de l’Est : le Maroc valorise ses atouts

En ce 21e siècle, le continent africain interpelle plus qu’il ne laisse indifférent. L'Afrique est de plus en plus perçue comme la future zone émergente du monde et donc comme un gisement de croissance pour les pays qui la recherchent. La Chine en fait partie et, par le biais de financements très attractifs, s’efforce d’assurer des approvisionnements de tout ordre.

Afrique de l’Est : le Maroc valorise ses atouts

Le continent africain, avec ses 30,2 millions de km², représente l'équivalent des surfaces de l'Argentine, de la Chine, des États-Unis, de l'Inde, de l'Union européenne et du Mexique réunis. Ce qui en fait l’une des surfaces terrestres les plus étendues au monde. À la fois plurielle, instable, convoitée, en quête d’unité et en pleine mutation, l'Afrique occupe une place centrale dans l’évolution géo-économique et géopolitique que connait le monde actuellement. Le Maroc, sous le leadership du Roi Mohammed VI, contribue par tous les moyens à faire de l’Afrique un acteur mondial stratégique. Rappelons-nous ces propos prononcés par S.M. le Roi à Abidjan en 2014 : «Si la coopération hier était basée sur la confiance et les liens historiques, elle est aujourd’hui de plus en plus fondée sur l’efficacité, la performance et la crédibilité (…) la crédibilité veut que les richesses de notre continent bénéficient, en premier lieu, aux peuples africains. Cela suppose que la coopération Sud-Sud soit au cœur de leurs partenariats économiques (...) Si le siècle dernier a été celui de l’indépendance des États africains, le 21e siècle devrait être celui de la victoire des peuples contre les affres du sous-développement, de la pauvreté et de l’exclusion (...) j’invite chacun de vous à imaginer ce que serait, alors, notre continent, libéré de ses pesanteurs».

Ce discours ne recèle-t-il pas les accents d’un leader qui, en stimulant les volontés et les énergies, visualise non seulement l’avenir de son pays, mais celui de tout un continent ? La vocation africaine du Maroc ne date pas d’hier, le Royaume avait placé l’Afrique au cœur de ses choix stratégiques depuis l’indépendance. Cette vocation a atteint sous le règne de S.M. le Roi Mohammed VI une nouvelle dimension avec trois mots d’ordre : équité, justice et équilibre dans tous les domaines économique, social et environnemental. De l’avis de tous, le développement durable reste la meilleure voie pour lutter contre l’obscurantisme, et par ricochet contre le terrorisme.

Nous sommes loin de la révolution copernicienne des années 1990 qui consistait à passer d’une géopolitique classique à une géo-économie ou guerre économique. Les États ne se livrant plus à des luttes pour maitriser les territoires, leur objectif devient tout autre. Dans son livre «Le Rêve américain en danger», Edward Luttwak précise que l’objectif précis des États est de «conquérir ou préserver une position enviée au sein de l’économie mondiale. (...) Aux vainqueurs les positions gratifiantes et les rôles dirigeants, aux perdants les chaînes de montage.» La vision marocaine adhère à une autre conviction intellectuelle, à savoir que la création de la valeur peut se faire dans des conditions différentes de celles qui favorisent ou organisent l’état actuel de la guerre économique.

Projets d’investissement, sécurité alimentaire, infrastructures, transport, bancarisation et inclusion financière et énergies renouvelables font l’objet de partenariats conclus lors de toutes les visites effectuées par le Souverain aussi bien à l’est qu’à l’ouest du continent. Le Maroc développe sa diplomatie et met en valeur ses atouts : ses fondamentaux, sa capacité de solidarité, comme c’est déjà le cas avec Royal Air Maroc qui avait continué à desservir les pays touchés par le virus Ebola en Afrique, ou encore sa culture de l’islam tolérant. À ce titre, S.M. le Roi Mohammed VI a reçu le titre de «Commandant des croyants» en Tanzanie et a donné le coup d’envoi de la construction d’une grande mosquée à son nom à Dar Es Salam, ses actions s’inscrivant dans le cadre de la promotion sur le continent d‘un Islam modéré. 


Points relatifs à la discrimination et aux perspectives socio-économiques dans la stratégie antiterroriste mondiale des Nations unies

• L’absence de perspectives socioéconomiques : L’extrémisme violent tend à se développer davantage dans les pays qui ne parviennent pas à avoir une croissance forte et durable, à créer des emplois décents pour les jeunes, à réduire la pauvreté et le chômage, à combler les inégalités, à endiguer la corruption et à gérer les relations intercommunautaires dans le respect des droits de l’Homme. Il s’y manifeste plus fréquemment que dans d’autres pays. Lorsque le développement laisse à désirer, il arrive que les citoyens voient là la preuve du manque de légitimité du pouvoir en place, ce qui nuit à l’efficacité de l’action publique si les institutions sont amenées à prendre des mesures contre l’extrémisme violent. Faute de perspectives sur le marché de l’emploi, l’appartenance à une organisation extrémiste violente peut par ailleurs être perçue comme une source de revenus intéressante.
• Marginalisation et discrimination : Aucun pays n’est parfaitement homogène. La diversité n’est pas en soi un facteur de vulnérabilité à l’extrémisme violent. Néanmoins, lorsqu’un pays connaît la précarité – du fait de la rareté de ses ressources, par exemple – et qu’un seul groupe, si nombreux soit-il, détient le pouvoir politique et économique au détriment d’autres groupes, le risque de tensions intercommunautaires, d’inégalités entre les sexes, de marginalisation, d’exclusion et de discrimination s’accroît, ce qui se traduit par des problèmes d’accès aux services publics et à l’emploi, le sentiment d’être écarté du développement régional ou encore celui d’être privé de sa liberté de religion. Ceux qui se sentent exclus peuvent alors céder à la tentation de l’extrémisme violent, dans lequel ils voient un moyen d’atteindre leurs buts.


Le Maroc, acteur de la coopération triangulaire

Le Maroc œuvre pour se positionner en interface dans le cadre des relations triangulaires entre différents espaces. Sa position de carrefour entre deux mers et deux continents en fait un acteur stratégique de l’interface Nord-Sud et Est-Ouest que constitue la mer Méditerranée. À la fois africain, arabo-musulman, méditerranéen et atlantiste, le Maroc dispose d’atouts dont il est conscient et qu’il lui importe de valoriser. Dans sa stratégie, le Royaume a pris le soin de s’appuyer sur des bailleurs de fonds essentiels pour le continent, à savoir la Banque africaine de développement (BAD), la Banque islamique de développement (BID) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l'agriculture (FAO). Cette coopération lui permet de bénéficier de la légitimité nécessaire et de l’assistance financière adéquate pour mettre en place des projets d’envergure. Le Royaume a également pris le soin d’organiser une logistique intérieure performante pour soutenir et atteindre les objectifs de Co-développement et de Co-émergence africains à travers notamment le renforcement de la compagnie aérienne nationale Royal Air Maroc et le renforcement de la logistique portuaire avec l’édification du port de Tanger Med. Il a également procédé au renforcement du volet financier avec la création de la Casablanca Finance City (CFC) qui accompagne les investisseurs potentiels dans le placement de fonds au Maroc et en Afrique.

Bouchra Rahmouni Benhida
Professeur à l’Université Hassan Ier, elle est aussi visiting professor aux USA, en France et au Liban. Ses travaux de recherche lui ont permis d’intervenir dans des forums mondiaux et des special topics dans des institutions prestigieuses à Hong Kong, en France, au Liban, aux Emirats arabes unis et en Suisse. Elle compte à son actif plusieurs ouvrages : «L’Afrique des nouvelles convoitises», Editions Ellipses, Paris, octobre 2011, « Femme et entrepreneur, c’est possible», Editions Pearson, Paris, novembre 2012, « Géopolitique de la Méditerranée », Editions PUF, avril 2013, «Le basculement du monde : poids et diversité des nouveaux émergents», éditions l’Harmattan, novembre 2013 et de « Géopolitique de la condition féminine », Editions PUF, février 2014. Elle a dirigé, l’ouvrage «Maroc stratégique : Ruptures et permanence d’un Royaume», éditions Descartes, Paris, 2013.

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