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Blé : 2016, année difficile pour les producteurs, craintes pour 2017

Blé : 2016, année difficile pour les producteurs, craintes pour 2017
Avec une récolte de blé abondante, évaluée cette année à 751 millions de tonnes dans le monde, les cours ont chuté à leur plus bas niveau depuis 2006 sur le marché de Chicago, baromètre mondial des prix, à quelque 145 dollars la tonne.

L'année 2016, marquée par des récoltes mondiales de céréales historiques, a vu les cours du blé tomber à des niveaux plancher, fragilisant les cultivateurs des deux côtés de l'Atlantique, qui risquent encore
de souffrir en 2017.
Avec une récolte de blé abondante, évaluée cette année à 751 millions de tonnes dans le monde, les cours ont chuté à leur plus bas niveau depuis 2006 sur le marché de Chicago, baromètre mondial des prix, à quelque 145 dollars la tonne.

Les agriculteurs en pâtissent. En France, le secteur est en crise et aux États-Unis, où la récolte a certes été meilleure, leurs revenus ont chuté de 15% par rapport à l'année précédente et de 30% par rapport à 2014, selon le ministère américain de l'Agriculture (USDA). «Nous avons connu plusieurs grosses récoltes d'affilée» et «même si la consommation a augmenté, les stocks sont montés et les prix ont baissé», déclare à l'AFP John Newton, directeur stratégie et marché du lobby des agriculteurs américains, l'American Farm Bureau Federation. De 217 millions de tonnes en 2015, les stocks mondiaux de blé ont grimpé à 240 millions à la fin de la campagne 2016 et pourraient atteindre 252 millions l'an prochain, selon l'USDA.

Les grands pays céréaliers autour de la mer noire comme la Russie et l'Ukraine ont eux aussi battu des records de récoltes, mais l'Union européenne a, elle, connu une campagne décevante, voire catastrophique. En France, le printemps pourri et ses inondations ont mis les céréaliers à rude épreuve. Outre un grain souvent de piètre qualité, ils ont vu leurs volumes chuter (-32% environ), faisant au passage perdre à l'hexagone son statut de premier exportateur européen de blé. Sur l'Algérie, son premier débouché à l'export, «la France ne peut faire que la moitié de ce qu'elle a fait l'année dernière», commente Paul Gaffet, du cabinet ODA, qui prévoit 2,2 millions de tonnes d'export tricolore vers ce pays pour la campagne 2016/2017, contre 4,8 millions l'an dernier.

Une PAC plus protectrice ?

«Sur le marché à terme français, on a déjà vu des niveaux de cours similaires à ce qu'on connaît actuellement, on n'est pas sur des plus bas», estime Arnaud Saulais, courtier chez Star Supply commodity broker, en Suisse. Malgré tout, les prix ne sont pas florissants et la faiblesse des volumes a durement affecté les céréaliers. D'autant que contrairement à leurs homologues américains, très peu sont assurés contre les aléas climatiques. «On estime que 26% des agriculteurs grandes cultures en France étaient assurés», indique Sébastien Poncelet, du cabinet Agritel.

Nombre d'entre eux réclament une réforme de la politique agricole commune (PAC) inspirée de la fameuse «farm bill», cette loi agricole américaine qui comporte des outils pour aider les agriculteurs à s'assurer contre les déboires météorologiques et surtout les protège avec, depuis 2014, des mécanismes d'aides pour les céréaliers déclenchés quand les cours ou leurs revenus baissent fortement. «Dès février, mars, les cultures vont sortir de leur période d'endormissement et vont repartir et pour peu qu'il y ait de mauvaises conditions climatiques dans certains pays, ça pourrait faire monter les prix», veut croire Arnaud Saulais. «Aux États-Unis, on s'attend à des surfaces en recul (...) de 5 à 6%, ça aussi, ce sera peut-être un élément de hausse», prédit-il.

Mais d'autres experts sont beaucoup plus pessimistes. «Sur 2017, il y aura un stock mondial important, on n'est pas très optimiste sur la nouvelle récolte», indique un analyste du cabinet Inter-Courtage, qui «sauf pépin climatologique pendant l'hiver» dans les pays de l'hémisphère sud comme le Brésil ou l'Argentine, s'attend à «des prix très, très agressifs sur le début de la nouvelle campagne». «Les soucis sont à venir, on a mis la poussière sous le tapis», assure même Sébastien Poncelet, d'Agritel. «Lorsqu’on fait des projections» pour la récolte 2017 «avec un rendement moyen comme hypothèse (...) on s'aperçoit que les revenus agricoles vont rester faibles l'année prochaine, compte tenu de la structure des prix», prévient-il : «en 2017, il va falloir par définition rembourser les facilités de trésorerie qui ont été octroyées» cette année, notamment par les fabricants de machines agricoles. «Les craintes que l'on a, c'est que les vraies difficultés apparaissent
en 2017», conclut-il.

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