Éco-Conseil : Quelles conséquences peuvent avoir les retards répétés aussi bien pour le salarié que pour l’entreprise ?
Mohamed Benouarrek : Les gens restent fidèles à eux-mêmes. Les retards sont souvent enregistrés chez les mêmes personnes. Les raisons sont multiples, mais le comportement demeure le même. Pour les retardataires attitrés, les conséquences sont navrantes, que ce soit pour eux ou pour l’entreprise qui les emploie. Les conséquences les plus logiques pour le salarié en question résident dans le fait que sa carrière risque d’être lourdement compromise en termes d’ascension et de chances d’être promu. Parfois, les retards répétitifs risquent de compromettre sa carrière et aboutir même à son renvoi. Du côté de l’entreprise, elle perd du temps et de la performance. Dans certains cas, les retards d’un salarié peuvent causer d’énormes pertes et compromettre la performance de tout un service ou une équipe. Grosso modo, les retards répétitifs sont nuisibles et peuvent être contagieux. Une culture qui tolère ce comportement condamne l’avenir de l’entreprise et ouvre la porte aux dépassements.
Comment le manager pourrait-il réagir face à ce phénomène ?
Le reste des collaborateurs observent effectivement le comportement de la hiérarchie vis-à-vis des retardataires. Toute sanction envoie un message clair à ceux qui seraient tentés de rejoindre le pool. Le manager a l’obligation morale de parler au collaborateur pour explorer les raisons derrière ses retards récurrents. À cet effet, je souhaite souligner que connaître et comprendre les raisons n’est pas synonyme de tolérance du dérapage. Parfois, le manager peut aider son collaborateur à trouver lui-même une solution durable à ses retards, mais en aucun cas il ne devra tolérer ce comportement. La récurrence dénote un dysfonctionnement. Ce dernier risque fort d’engendrer un fléau au niveau de l’entreprise – effet boule de neige. Des mesures disciplinaires peuvent être envisagées avec le concours de la direction des ressources humaines, après avoir essayé toutes les solutions dérivées des pratiques d’un manager coach. Proximité, accompagnement et fermeté sont des mots clés complémentaires, mais pas mutuellement exclusifs.
Et en cas de non-traitement de la situation ?
J'insiste sur l'importance de l’attitude zéro tolérance à l’égard des retards récurrents. Les solutions varient selon les cas et les collaborateurs, mais l’attitude devra rester la même. Le principe ne change pas, les approches si. Encore faut-il distinguer entre la flexibilité et l’anarchie. Certains seraient tentés par une attitude flexible. Je ne suis pas contre, tant que les retards rentrent dans le cadre d’un programme de flexi-time adopté par l’entreprise et appliqué à l’ensemble des collaborateurs. En dehors d’un cadre pareil, les dépassements représentent des déviations morbides à éradiquer avec rigueur et systématiquement, car ils peuvent facilement engendrer un relâchement sur le plan disciplinaire. En cas de non-traitement de ce phénomène, il deviendra une réalité ossifiée faisant partie de la culture interne de l’entreprise. Les managers ne pourront alors par la suite que se plier à cette nouvelle réalité, d’où l’importance d’adopter une attitude managériale concertée et identique à travers tous les niveaux hiérarchiques.