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Éco-Conseil : Comment identifier la toxicité de certains collaborateurs ?
Souad Tazi : On entend souvent dire que les classifications en psychologie ne serviraient qu’à étiqueter les gens en les mettant dans une «case», alors que l’on sait très bien que chaque être humain est unique. Il est unique par le fait de plusieurs facteurs dont on peut citer l’hérédité, la culture, la famille, l’histoire de vie, l’appartenance, les expériences vécues, etc. C’est ce qui nous amène à nous poser la question : à quoi sert-il de classer les gens ? Comme dirait Christophe André, psychiatre et psychothérapeute, en cas de besoin, connaître un peu les nuages nous aidera à prévoir le temps des heures suivantes, et connaître un peu les personnalités difficiles nous aidera à mieux gérer certaines situations. Et là, si vous remarquez, j’ai bien dit personnalité difficile et non pas personne toxique. En effet, nous pouvons parler de relations toxiques engendrées par les personnalités difficiles et non pas de personnes toxiques. C’est bien la relation qui intoxique l’autre, par le fait des enjeux relatifs à un «pouvoir» excessif totalement dans la main d’une seule personne. Ceci nous amène à définir la personnalité difficile comme étant cette personne qui cherche à prendre le pouvoir par tous les moyens possibles et qui va nier totalement l’autre. Le profil ou les traits de caractère peuvent varier d’une personne à l’autre, mais ils restent toujours observables. Ceci aide les experts à classer les différents types de personnalités difficiles selon leur type de comportement. Parmi les types de personnalités difficiles, nous pouvons citer la personnalité dite «anxieuse», pour qui tout autour d’elle s’avère être source de danger et qui cherche par conséquent à tout contrôler, y compris ses interlocuteurs. D’autre part, la personnalité dite obsessionnelle se caractérise par son perfectionnisme. Tout ce qui n’est pas parfait à 100% et qui n’émane pas d’elle est un échec total. La personnalité narcissique, persuadée qu’elle mérite plus que les autres, va tout le temps se mettre en avant, va manipuler intensément pour déclencher l’émotion chez l’autre pour satisfaire son but. La personnalité paranoïaque se méfie de tout ce qui l’entoure, ce qui l’empêche d’avoir une capacité de flexibilité et la rend trop rigide. Elle peut très bien avoir une grande difficulté à montrer des émotions positives. Ce que j’aimerais ajouter, c’est que nous nous retrouvons avec un mélange de ces personnalités ou plus vraisemblablement un mélange de deux d’entre elles, voire plus. Sachant que le qualificatif «difficile» ne peut s’appliquer qu’à un excès de ces traits de caractère et non à une «tendance à» se comporter de telle ou telle manière. D’après Christophe André, spécialiste dans le domaine de la gestion des personnalités difficiles, «on peut dire qu’une personnalité devient difficile quand certains traits de son caractère sont trop marqués, ou trop figés, inadaptés aux situations, et qu’ils entraînent souffrance pour soi-même ou pour autrui (ou les deux). Cette souffrance est un bon critère pour porter le diagnostic de personnalité difficile».
Comment faire pour supporter ces personnes ?
Pour y faire face, il faut tout d’abord avoir une meilleure connaissance de soi et avoir développé une écoute active qui permet la connexion à ses émotions.
Pourquoi est-ce que je parle d’émotion ? Tout simplement parce que les émotions sont les premiers indicateurs à nous envoyer des signaux clairs sur ce que nous sommes en train de vivre ou de subir. Si nous arrivons à lire et à interpréter nos émotions à l’occasion de notre interaction avec la personne dite difficile, nous pouvons très bien agir avec sagesse et bienveillance envers soi-même et envers l’autre et éviter justement toute souffrance qui pourrait se ressentir lors d’une confrontation.
