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Driss Jettou estime que la réforme proposée ne permettra pas de juguler l’hémorragie

Le premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, n’a pas caché son scepticisme hier quant à la pertinence de l’approche adoptée par le gouvernement pour éviter la faillite du système des retraites. M. Jettou, qui s’exprimait devant les conseillers et les députés réunis en séance plénière, a affirmé que la réforme proposée demeurait insuffisante quoique nécessaire.

Driss Jettou estime que la réforme proposée ne permettra pas de juguler l’hémorragie
La Cour des comptes demeure «intimement convaincue que la réforme des retraites n’est pas impossible.» Ph. Saouri

Le premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, estime que la réforme proposée par le gouvernement pour obvier à la faillite des régimes de retraite demeure insuffisante quoique nécessaire. M. Jettou, qui s’exprimait hier devant les conseillers et les députés réunis en séance plénière, a affirmé en effet que l’approche paramétrique proposée n’englobait pas l’ensemble des régimes de retraite puisqu’elle ne concerne que le volet civil de la CMR (Caisse marocaine des retraites). «Par conséquent, cette réforme ne contribuera pas à favoriser la convergence des régimes même au sein du seul secteur public. À titre d’exemple, l’âge de départ à la retraite est fixé à 63 ans en ce qui concerne la CMR, alors qu’il est fixé à 60 ans pour ce qui est du Régime collectif d’allocation de retraites (RCAR)».

Autre motif invoqué par M. Jettou pour justifier son scepticisme quant à la pertinence de la réforme proposée : l’approche paramétrique adoptée ne peut que réduire le déficit actuel, mais sans jamais le juguler. «Les cotisations ne suffiront pas à couvrir les engagements et le payement des pensions. Donc le déficit sera toujours là et va s’aggraver davantage au cours des prochaines années. Il passera en effet de 6,8 milliards de DH en 2016 à 3,2 milliards de DH en 2017, mais il repartira à la hausse pour atteindre 4,1 milliards de DH en 2020 jusqu’à épuiser toutes les réserves en 2028», prévient le premier président de la Cour des comptes.
L’aggravation du déficit est due d’une part au recul du «facteur démographique» puisque, selon le même responsable, aujourd’hui on compte seulement 2,5 adhérents actifs pour chaque retraité, et d’autre part à l’augmentation notable des salaires et des promotions dans le secteur public. Dans le même ordre d’idées, M. Jettou a souligné que la réforme proposée présente une autre lacune : elle n’aborde pas les dispositions relatives à la retraite anticipée qui confère au fonctionnaire ayant passé plus de 30 ans de service effectif le droit de toucher une pension de retraite sans condition.

Or ce point contribue à l’aggravation du système. «Si le nombre moyen de départs à la retraite anticipée était de seulement 1.250 par an au cours de la période 2004-2016, il a connu une évolution inattendue puisqu’il a atteint 7.500 en 2015». Compte tenu de toutes ces considérations, il aurait été plus judicieux, selon M. Jettou, de s’abstenir de liquider les pensions de retraite tant que l’âge réglementaire n’est pas atteint, comme c’est le cas pour la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ou du moins revoir les pensions à la baisse de manière à garantir la neutralité de l’opération pour le régime. Nonobstant ces contraintes, la Cour des comptes demeure «intimement convaincue que la réforme des retraites n’est pas impossible, pour peu que l’ensemble des partenaires économiques et sociaux s’implique dans ce chantier». Pour M. Jettou, la réforme paramétrique, en dépit de son caractère insistant et urgent, ne peut être qu’une étape dans le cadre d’une réforme plus globale.

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