Le langage des chiffres a ceci de commun avec celui des fleurs, on leur fait dire ce qu’on veut. Bien évidemment si on s’arrête à la statistique des huit cas avérés en 2014, on pourrait facilement minimiser l’ampleur de la triche dans le sport marocain comparativement à des pays comme la Russie (148), l’Italie (123), l’Inde (96), la Belgique (91), la France (91), la Turquie (73)… Ce chiffre est loin de refléter la réalité puisqu’il ne s’agit que de l’athlétisme. On n’a pas d’autres indicateurs concernant les 44 autres disciplines. À l’exception de la Fédération d’athlétisme qui a mis en place un programme de lutte contre le dopage, et qui a, certes, besoin d’être perfectionné, aucune autre fédération n’a réellement de programme antidopage proprement dit.
Certaines se contentent de faire de la sensibilisation, mais rien de plus. La preuve est venue ces derniers jours de la boxe où Mohamed Arjaoui a été contrôlé positif. Certes, il clame son innocence, mais l’image du sport marocain a pris un autre coup et rend la thèse de la présence massive du dopage dans le sport marocain crédible. L’autre élément qui incite à la prudence à la lecture des chiffres est le fait que le rapport 2014 s’est appuyé sur les violations commises et sanctionnées en vertu de l’ancien code antidopage qui date de 2009. Ce code a été considérablement durci en 2015 en y incluant des produits qui étaient jusque-là tolérés, comme le Meldonium interdit à partir du 1er janvier 2016. C’est d’ailleurs ce produit qui a fait tomber la tenniswoman Maria Sharapova.