Le continent africain est pleinement conscient de l'ampleur des problèmes climatiques. Boom démographique (2,5 milliards de personnes en 2050, selon les dernières projections de l'ONU, soit un quart de la population mondiale), urbanisation galopante, chômage... constituent autant de menaces en matière de développement durable. Sans compter les sécheresses, la raréfaction des ressources en eau, les désertifications, les inondations, les tempêtes... toutes en relation avec le dérèglement climatique. Selon le rapport «L'écart de l'adaptation en Afrique (Africa's Adaptation Gap) du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), un réchauffement d'environ 2 °C entraînerait une baisse de 10% du rendement agricole total en Afrique subsaharienne d'ici à 2050 – une baisse qui pourrait atteindre 15 à 20% si le réchauffement va au-delà». De plus, selon les prévisions de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), même avec l’ambition de doubler la production agricole d’ici à 2050, une personne sur vingt risque encore d’être sous-alimentée. Selon les observateurs, «Si rien n'est fait pour faire face aux menaces qui guettent le continent dans les années à venir, la facture sera très lourde».
Dans ce contexte, l’Afrique a tout intérêt à ce que des politiques climatiques efficaces soient mises en œuvre à l’échelle africaine et mondiale, en général. Pour ce faire, un énorme pavillon a été réservé spécialement au continent. Dressé pour servir d’espaces d'échanges et de débats, ce pavillon a abrité de nombreux événements, dont des tables rondes, des conférences... Objectif : Essayer de trouver des réponses aux solutions durables : adaptation et atténuation, industrialisation verte, agriculture, transports, santé, eau et assainissement, biodiversité et innovation, mais aussi financement. «L’ampleur des défis auxquels est confronté notre continent, notamment en termes de stabilité et de sécurité, nous impose, en tant qu’Africains, de s’appuyer sur notre potentiel de coopération, dans une démarche préventive pour une stabilité durable», a souligné Salaheddine Mezouar, président de la COP 22 dans une allocution lue en son nom par le commissaire de la COP 22, Abdelâadim Lhafi, à l’occasion d’une réunion des ministres africains consacrée au lancement officiel d’un plan d’action pour la soutenabilité, la stabilité et la sécurité en Afrique (3S).
Et d’ajouter que l’Afrique est «riche de ses avoirs traditionnels et attachée à ses valeurs de solidarité et de partage, disposant d’un potentiel inestimable de créativité et d’esprit d’initiative en faveur du climat qu’il convient de transformer en projets concrets à l’instar de l’Initiative des 3S». Il s’agit d’une initiative qui vise, entre autres, à faire face aux changements climatiques à travers la valorisation des ressources humaines du continent. Parmi les ambitions affichées : la formation d’un million de jeunes Africains dans les domaines de l’agriculture et de l’adaptation au changement climatique. Dans la première phase, 5.000 villages répartis dans 50 pays d’Afrique feront partie du programme d’éducation pour la restauration/réhabilitation des terres. Cette initiative s'ajoute à une série de mesures prises en marge de cet évènement historique.