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L’agriculture pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20%

L'agriculture, y compris la foresterie, la pêche et la production animale, génère environ un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre selon l'édition 2016 du rapport sur «La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture» présenté mi-octobre à Rabat. Cependant, les secteurs agricoles et forestiers sont à la fois émetteurs et capteurs de gaz à effet de serre, particularité qui leur permet d’être plus sobres en carbone.

L’agriculture pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20%
Selon l'ONU, il suffira d’une augmentation de 1,2 à 1,9 °C, d’ici 2050, pour accroître d’entre 25 et 95% le nombre d’Africains sous-alimentés.

Le changement climatique pèse déjà sur l’agriculture et la sécurité alimentaire et, sans action immédiate, il constituera une menace pour des millions de personnes qui risquent de souffrir de la faim et de la pauvreté, avertit l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) dans l'édition 2016 du rapport sur «La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture» présenté mi-octobre à Rabat. Avec les secteurs de l’énergie, de l’industrie ou des transports, l’agriculture a aussi sa part de responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales. Avec 35%, la production d’énergie arrive en tête du total des émissions des GES, l’agriculture et la forêt (24%) occupent le deuxième rang, suivies de l’industrie (21%), des transports (14%) et du secteur du bâtiment (6%). Cependant, et en plus de ces émissions de GES, responsables du réchauffement planétaire, le rapport sur «La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture» de la FAO avertit que la part de l’ensemble du système alimentaire dans le total des émissions de gaz à effet de serre est encore plus grande, si l’on prend en considération celles générées par la fabrication de produits agrochimiques, par l’utilisation de combustibles fossiles dans les exploitations agricoles et par les opérations de transport, de transformation et de commercialisation postérieures à la production. Le dernier rapport de la FAO souligne qu’avec le changement climatique, entre 35 et 122 millions de personnes supplémentaires pourraient vivre dans la pauvreté d'ici à 2030, en grande partie à cause des effets négatifs du changement du climat sur les revenus dans les secteurs de l'agriculture. «C'est en Afrique subsaharienne que l'augmentation du nombre de pauvres serait la plus forte, notamment parce que la population y est davantage tributaire de l'agriculture».

En 2014, l’ONU publiait un rapport intitulé : «L’Afrique face au changement climatique» où il est affirmé que d’ici 2050, il suffira d’une augmentation de 1,2 à 1,9 °C pour accroître d’entre 25 et 95% le nombre d’Africains sous-alimentés (+25% en Afrique centrale, +50% en Afrique de l’Est, +85% en Afrique australe et +95% en Afrique de l’Ouest). D’après la même source, les variétés de blé se développent bien à des températures comprises entre 15 et 20 °C, mais la température moyenne annuelle en Afrique subsaharienne dépasse actuellement cette plage pendant la saison de végétation. «Si ces tendances climatiques se poursuivent, la production de blé pourrait donc enregistrer une baisse de 10 à 20% d’ici à 2030 comparé aux rendements des années 1998-2002», conclut l’ONU. De plus, l’épuisement de l’humidité du sol réduit la productivité des principales espèces forestières, favorise les incendies de forêt et modifie l’activité des ravageurs.

Comment y remédier ?

Les secteurs agricoles et forestiers sont à la fois émetteurs et capteurs de gaz à effet de serre. Cette particularité permet, par conséquent, d’envisager plusieurs solutions. «De profonds changements devront être apportés à l’agriculture et aux systèmes alimentaires, de la pré-production à la consommation, afin de maximiser les retombées bénéfiques conjointes des efforts d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets», peut-on encore lire dans le rapport sur «La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture» de la FAO. Les nouvelles pratiques agricoles préconisées passent par de simples techniques : «On peut par exemple remplacer une monoculture intensive par l’association d’une céréale et d’une légumineuse. Cette dernière permet d’augmenter la matière organique qui va dans le sol et produit donc un engrais naturel lequel permet une meilleure résistance à la sécheresse et une meilleure croissance des cultures à venir. Cela permet aussi d’atténuer les émissions, car c’est autant de carbone qui ne repart pas dans l’atmosphère», préconise le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). «L’élevage intensif émet du méthane, par l’éructation des ruminants», poursuit le Cirad. Or, cela dépend beaucoup de la qualité de l’alimentation des bêtes. On peut y remédier en améliorant la qualité des fourrages. À en croire le rapport du Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (France), rendu public en septembre, le secteur agricole pourrait contribuer à réduire les émissions de GES d’au moins 20%, voire de 60% d’ici 2030. Il limiterait ainsi le changement climatique qui le menace directement.

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