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L’évaluation des programmes de formation et d’emploi en question

Selon la Banque mondiale, seulement 30% des programmes de formation et de l’emploi mis en place par les pays de la région MENA ont un impact sur l’employabilité. D’où l’importance du suivi et de l’évaluation de ces programmes. Dans ce cadre, une conférence internationale a été organisée hier à Rabat.

L’évaluation des programmes de formation et d’emploi en question
Dans les secteurs de l’emploi et de la formation professionnelle, la mise en place d’un système de suivi et d’évaluation est essentielle. Ph. Kartouch

L'importance du suivi et de l'évaluation des politiques publiques n’est plus à démontrer de nos jours. Cette question occupe désormais une place centrale dans les agendas des gouvernements. Car la mise en place d’un système d’évaluation et de suivi des programmes et politiques permet aux décideurs de mesurer et d’apprécier la valeur et l’impact de leurs actions afin de les améliorer pour plus d’efficacité et pertinence aussi bien au niveau des résultats qu’au niveau de la dépense budgétaire. C’est dans ce cadre-là que la Banque mondiale, en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD) et le Centre pour l’intégration en Méditerranée (CMI) ont organisé à Rabat une conférence internationale portant sur le suivi et l’évaluation des programmes de formation professionnelle et d’emploi au Moyen-Orient. L’objectif étant de sensibiliser les acteurs œuvrant dans ce domaine à l’importance de bien suivre et évaluer les politiques de formation professionnelle et d’emploi, promouvoir l’usage des évaluations afin de mieux orienter la gestion des programmes. Le choix de cette thématique s’inscrit dans le cadre d’une prise de conscience internationale, vu l’ampleur qu’a prise cette question au cours de ces dernières années. «L’obligation de résultat à laquelle son soumis les gouvernements, dans un contexte d’accroissements des contraintes budgétaires, a fait que cette question soit devenue prioritaire, explique Faïza Amahroq, directrice de la planification et de l’évaluation au ministère de l’Education et de la formation professionnelle.

Dans les secteurs de l’emploi et de la formation professionnelle, la mise en place d’un système de suivi et d’évaluation est essentielle. C’est une solution pour enrayer le chômage des jeunes. Un phénomène qui frappe les pays de la région MENA, d’autant que le secteur privé ne crée pas suffisamment d’emplois formels, comme l’a souligné Marie Nelly, directrice des opérations pour le Maghreb de la Banque mondiale. Pour relever ce défi, Abdeslam Sedikki, ministre de l’Emploi et des affaires sociales, souligne l’importance de mettre en place une approche intégrée et cohérente qui combine à la fois des interventions macroéconomiques et sectorielles, touchant tant à l’offre qu’à la demande du travail dans leurs aspects quantitatifs et qualitatifs. À cela s’ajoutent les programmes d’insertion, de promotion et d’accompagnement des demandeurs d’emploi. Le Maroc a ménagé des efforts à ce niveau à travers la mise en place d’une série de programmes comme Idmaj, Taahil, Tahfiz et Taatir, en plus des programmes prévus dans la nouvelle stratégie de l’emploi lancée en 2015. Certes, les résultats de ces programmes sont importants, mais il y a encore du chemin à faire.

Sur ce point, le ministre de l’Emploi a soulevé la question du déficit constaté en termes d’outils de pilotage de la politique de l’emploi. Un déficit qui reflète, selon le ministre, le manque de moyens et de compétences et l’absence d’un cadre formalisé systématique pour la coordination, le suivi et l’évaluation rigoureuse des programmes mis en œuvre. D’où l’importance de la mise en place d’un système de suivi et d’évaluation des programmes d’emploi afin de rendre compte des réalisations de l’action publique dans le domaine de la promotion de l’emploi, de mesurer l’impact des programmes mis en œuvre sur leurs bénéficiaires et de s’assurer que les résultats prévus sont atteints, selon le ministre. M. Seddiki estime que l’évaluation des politiques actives de l’emploi peut être menée selon deux optiques. La première cherche à apprécier la cohérence d’ensemble de cette politique considérée comme une combinaison de programmes non mutuellement indépendants. La seconde est complémentaire de la première et consiste à évaluer quantitativement les effets de tous les programmes mis en œuvre en fonction de leurs objectifs, leurs réalisations, leurs résultats et leurs moyens. Étant conscient de l’importance de l’évaluation, le Maroc a entrepris une série d’initiative favorisant l’institutionnalisation de cette pratique. Il s’agit notamment de la mise en place d’un manuel de suivi et d’évaluation, en 2013, dans la perspective de standardiser l’approche méthodologique de suivi et d’évaluation des programmes de promotion de l’emploi, comme l’a souligné le responsable gouvernemental.

À cela s’ajoute la création de l’Observatoire national du marché du travail. En tout cas, la consécration du suivi et de l’évaluation des programmes de formation et de l’emploi n’est plus un choix, mais une nécessité, étant donné que seulement 30% des programmes mis en place par les pays de la région MENA ont un impact sur l’employabilité, comme l'a fait savoir Diego Angel Urdinola, du département de développement humain de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord de la Banque mondiale. Outre le faible impact des programmes sur l’employabilité, la politique de l’emploi des pays de la région MENA se caractérise aussi par la fragmentation du système, la duplication des programmes mis en œuvre et le manque de coordination, toujours selon Diego Angel Urdinola. 

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