Menu
Search
Jeudi 18 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 18 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Conférence Internationale Du Sucre

La Chine et les États-Unis : entre compétition et cohabitation

Derek ELZEIN,Maitre de conférences en Sciences politiques à l’Université Paris Descates, il compte à son actif de nombreuses publications sur l’Afrique.

La Chine et les États-Unis : entre compétition et cohabitation

La Chine est une grande puissance internationale tant sur le plan militaire, géographique qu’économique, et ce notamment en raison de sa position territoriale stratégique, de sa taille, ainsi qu’en raison de l’importance et du dynamisme de sa population.

Les intérêts nationaux de la Chine sont par conséquent représentés dans la plupart des régions du monde, ainsi que dans la plupart des organisations internationales. Plus encore, la Chine est peut-être perçue aujourd’hui comme le seul pays à pouvoir concurrencer et mettre en péril la domination mondiale des États-Unis, d’autant plus qu’elle n’a pas tenté de créer un système concurrentiel parallèle à celui des Américains, mais a, au contraire, depuis plusieurs décennies, intégré et utilisé le système économique mondial à son profit, tout en ayant la volonté affirmée de rendre prioritaire ses intérêts régionaux afin de s’imposer comme la principale et incontestée puissance en Extrême-Orient. Malgré cette concurrence parfois perçue comme agressive et expansionniste, force est de constater qu’en réalité la Chine préfère user plus traditionnellement du soft power pour arriver à ses fins, plutôt que d’employer la force. Les Chinois ont donc naturellement franchi la grande muraille qu’ils avaient construite pour se protéger et s’isoler du reste du monde et désormais accumuler les succès en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe et jusqu’en Amérique latine, ce qui permet à la Chine depuis 2005 d’être le premier fournisseur de l’Afrique devant la France et l’Allemagne.

Sur un plan plus local, les frontières que la Chine a en commun avec 14 pays, en fait, avec la Russie, le pays avec le plus grand nombre de voisins. Précisons que parmi ses 14 pays limitrophes, la Chine a mené des guerres durant ces 70 dernières années contre 5 de ses voisins. Si on rajoute à ces pays qu’un très grand nombre ne partagent pas les mêmes intérêts que ceux de la République populaire de Chine, on constate que la situation à ses frontières est souvent vue comme une préoccupation majeure guidant souvent ses prises de position sur la scène internationale. Cela est d’autant plus vrai que les soutiens internationaux apportés aux dissidents tibétains et la reconnaissance de Taïwan par 23 pays, dont les États-Unis, rendent les relations diplomatiques chinoises avec le reste du monde souvent plus que délicates. Par conséquent, si la Chine n’oublie pas de renforcer sa puissance militaire par des investissements massifs, elle mise aujourd’hui également sur la diffusion de sa culture millénaire, sur l’aide au développement, sur la mise en valeur de son patrimoine tout en utilisant intelligemment à ces fins sa diaspora qui est numériquement la plus importante au monde.
Ces efforts chinois sont cependant parfois mis à mal puisque l’Empire du Milieu ne montre pas toujours de lui-même une image positive et compatible avec la bienséance internationale. Ainsi, la Chine agit souvent au mépris des règles les plus élémentaires du commerce international.

Les intérêts nationaux de la Chine sont par conséquent représentés dans la plupart des régions du monde, ainsi que dans la plupart des organisations internationales. Plus encore, la Chine est peut-être perçue aujourd’hui comme le seul pays à pouvoir concurrencer et mettre en péril la domination mondiale des États-Unis, d’autant plus qu’elle n’a pas tenté de créer un système concurrentiel parallèle à celui des Américains, mais a, au contraire, depuis plusieurs décennies, intégré et utilisé le système économique mondial à son profit, tout en ayant la volonté affirmée de rendre prioritaire ses intérêts régionaux afin de s’imposer comme la principale et incontestée puissance en Extrême-Orient. Malgré cette concurrence parfois perçue comme agressive et expansionniste, force est de constater qu’en réalité la Chine préfère user plus traditionnellement du soft power pour arriver à ses fins, plutôt que d’employer la force. Les Chinois ont donc naturellement franchi la grande muraille qu’ils avaient construite pour se protéger et s’isoler du reste du monde et désormais accumuler les succès en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe et jusqu’en Amérique latine, ce qui permet à la Chine depuis 2005 d’être le premier fournisseur de l’Afrique devant la France et l’Allemagne. Sur un plan plus local, les frontières que la Chine a en commun avec 14 pays, en fait, avec la Russie, le pays avec le plus grand nombre de voisins.

Précisons que parmi ses 14 pays limitrophes, la Chine a mené des guerres durant ces 70 dernières années contre 5 de ses voisins. Si on rajoute à ces pays qu’un très grand nombre ne partagent pas les mêmes intérêts que ceux de la République populaire de Chine, on constate que la situation à ses frontières est souvent vue comme une préoccupation majeure guidant souvent ses prises de position sur la scène internationale. Cela est d’autant plus vrai que les soutiens internationaux apportés aux dissidents tibétains et la reconnaissance de Taïwan par 23 pays, dont les États-Unis, rendent les relations diplomatiques chinoises avec le reste du monde souvent plus que délicates. Par conséquent, si la Chine n’oublie pas de renforcer sa puissance militaire par des investissements massifs, elle mise aujourd’hui également sur la diffusion de sa culture millénaire, sur l’aide au développement, sur la mise en valeur de son patrimoine tout en utilisant intelligemment à ces fins sa diaspora qui est numériquement la plus importante au monde.
Ces efforts chinois sont cependant parfois mis à mal puisque l’Empire du Milieu ne montre pas toujours de lui-même une image positive et compatible avec la bienséance internationale. Ainsi, la Chine agit souvent au mépris des règles les plus élémentaires du commerce international.

Elle refuse par exemple obstinément de réévaluer le yuan, utilise le dumping, l’espionnage industriel et se spécialise parfois dans la contrefaçon. Plus grave encore, sur un plan politique, le régime est irrespectueux de nombreux droits de l’Homme et entretient des liens privilégiés avec des États mis au ban de la communauté internationale.

Malgré cela, le concept d’«émergence pacifique de la Chine» qui a été imaginé dès la fin 2003 par les dirigeants chinois se veut rassurant pour la communauté internationale. Ainsi, la Chine serait le premier empire capable d’émerger sans être vecteur de conflits majeurs et sans afficher d’ambitions hégémoniques. Naturellement, de nombreux pays demeurent sceptiques face à cette possibilité, d’autant plus qu’aucune puissance n’a jamais émergé dans l’ordre international sans ambitions expansionnistes et par conséquent sans provoquer de conflits majeurs.Afin de démontrer néanmoins qu’une pareille émergence est possible et depuis la crise financière asiatique de 1998, la Chine a commencé à entamer la construction de son image de membre responsable de la communauté internationale et de se présenter comme un acteur pacifique dans les affaires internationales, faisant passer le nombre des organisations internationales dont elle fait partie de 26 en 1982, à plus de 170 depuis 2010. De même, l’assistance active à résoudre les conflits de la péninsule coréenne et de la zone du Moyen-Orient démontre que les objectifs chinois sont bien réels, tout comme la collaboration active avec les États-Unis dans son programme d’antiterrorisme, tant au niveau matériel qu’au niveau moral. Quant à ses relations de voisinage, la Chine met en œuvre sa nouvelle pensée de sécurité. Elle a ainsi réduit et exempté la dette des pays voisins, leur a offert son aide économique et technologique dans le but affiché d’un développement commun, ce qui ne l’empêche pas d’affirmer sa présence parfois virile dans le Sud de l’océan Pacifique.

Par ailleurs, l’étau militaire étasunien, qui enserre aujourd’hui déjà la Chine, constitue en réalité la colonne vertébrale de la politique d’endiguement utilisée dans le passé contre l’URSS et inquiète naturellement l’Empire du Milieu. Malgré tous ses efforts, la responsabilité régionale de la Chine l’emporte encore sur sa responsabilité mondiale. La sécurité de voisinage demeure la base de la sécurité de l’État chinois et elle doit être assurée à tout prix. D’un point de vue global, la Chine n’est par conséquent encore qu’une puissance régionale, elle n’a pas encore obtenu la force et l’influence mondiale. Ainsi, si la Chine n’est par exemple pas intervenue dans l’affaire du Darfour ou même en Irak, c’est parce qu’elle n’arrivait pas à cumuler les affaires de voisinage, prioritaires à ses yeux, et les problèmes importants, mais géographiquement plus lointains.Enfin, rester prudente, circonspecte et discrète, ne pas se hâter, ni rivaliser avec les États-Unis semble être la clé de la réussite chinoise jusqu’à présent. Hypersensible au développement des autres pays, la Chine préfère qu’on lui reproche d’être irresponsable et passive plutôt que d’être active, et de se précipiter dans les affaires internationales. Tout en étant consciente de cette mentalité hégémonique des États-Unis et des autres pays européens industrialisés, la Chine esquive plus qu’elle n’affronte les grandes puissances. En cas d’affrontement ou de lutte ouverte, tout du moins les États-Unis ne sont jamais sortis vaincus jusqu’à aujourd’hui et la Chine en a bien conscience.

Lisez nos e-Papers