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Le décollage de l'Amérique latine, en retard sur les vols low-cost

Le décollage de l'Amérique latine, en retard  sur les vols low-cost
Selon l'Organisation mondiale du tourisme, 96,6 millions de touristes ont visité l'Amérique latine en 2015, avec une croissance estimée à 4-5% en 2016.

Cent dollars un vol Paris-Madrid, six fois plus pour la même distance en Amérique latine : les liaisons low-cost, courantes en Europe, aux États-Unis ou en Asie, décollent à peine dans cette région pourtant très touristique. Que ce soit pour parcourir 1.000, 2.000 et 3.000 km, la comparaison révèle des tarifs bien plus élevés qu'ailleurs dans le monde. Martin Rötig et Hélène Le Bras, couple d'architectes approchant la trentaine, ont mis leur vie parisienne entre parenthèses pour faire un tour du monde. Après avoir traversé l'Asie, ils veulent explorer l'Amérique du Sud début 2017, mais en privilégiant le bus, malgré les distances. «On va prendre le moins d'avions possible, car ils sont bien plus chers qu'en Asie», raconte à l'AFP Martin, qui se souvient avoir «fait l'aller-retour entre Kuala Lumpur et Osaka, soit un vol de 7 h, pour 450 euros à deux grâce à Air Asia». Ces deux routards ne sont pas un cas isolé. Forums et blogs de tourisme avertissent des prix élevés des vols en Amérique latine, à cause d'un développement insuffisant des compagnies low-cost. Les raisons sont facilement identifiables : moins d'aéroports secondaires, distances plus longues et réglementations plus contraignantes, faute de marché commun comme en Europe.
Dans la région, seuls le Mexique, le Brésil et la Colombie ont des lignes aériennes à bas coût depuis les années 2000, mais à desserte principalement locale et tarifs moins économiques qu'en Europe.

En Amérique latine, «l'environnement était assez peu favorable. Mais c'est en train d'évoluer», résume Bertrand Mouly-Aigrot, associé au cabinet parisien Archery Strategy Consulting, spécialisé dans le transport aérien.
«Vous avez un bassin de population importante, des économies globalement en croissance, de vraies classes moyennes, le tourisme s'y développe. Il n'y a pas de raison que le phénomène low-cost, qui s'est imposé dans toutes les autres régions du monde, ne s'impose pas en Amérique latine», estime-t-il.
Outre le virage libéral pris par l'Argentine et le Brésil, deux marchés jusqu'ici très réglementés, les analystes soulignent la densification en cours du réseau des low-cost. En Argentine, la compagnie Flybondi, dont l'actionnaire majoritaire est Julian Cook, fondateur de la Suisse Flybaboo, compte se lancer prochainement avec une douzaine de vols intérieurs.

Le groupe Viva, implanté au Mexique avec VivaAerobus, et en Colombie avec VivaColombia, vient d'inaugurer en novembre Viva Air au Pérou.
Un de ses actionnaires est Irelandia Aviation, la société d'investissements de Declan Ryan, co-fondateur de la compagnie irlandaise Ryanair, dont le modèle a déjà été dupliqué en Asie (Tiger Airways) et aux États-Unis (Allegiant). «Aujourd'hui, une personne sur quatre qui voyage dans le monde avec une compagnie aérienne emprunte une low-cost.

Cependant, l'Amérique latine a des tarifs exubérants pour des distances aussi courtes. C'est déplorable !», déclare à l'AFP William Shaw, fondateur et président de VivaColombia. Pour se développer, «on regarde le Chili, l'Argentine, le Venezuela et l'Amérique centrale». Selon l'Organisation mondiale du tourisme, 96,6 millions de touristes ont visité l'Amérique latine en 2015, avec une croissance estimée à 4-5% en 2016. En trafic de passagers, Boeing prévoit une hausse de 5,8% dans la région dans les 20 prochaines années, indique à l'AFP Dona Hrinak, présidente pour l'Amérique latine, avec des avions pour la plupart à classe
unique, «traduisant la croissance continue des compagnies à bas coût et leur expansion en Amérique latine et dans les Caraïbes». «Il y a vraiment beaucoup de potentiel en Amérique latine», confirme Carlos Ozores, consultant du cabinet américain ICF.

«Au Mexique ou au Brésil, où les compagnies à bas coût sont développées, une partie du public provenait des autobus. Une fois qu'ils ont pris l'avion, ils ne veulent pas revenir» à la route, ajoute-t-il.
«Nous voulons faire en sorte que le marché grandisse. Qu'un client de l'intérieur de l'Argentine puisse se rendre à l'intérieur du Brésil», estime Eduardo Bernardes, vice-président commercial de la Brésilienne Gol, plaidant pour un «assouplissement des réglementationsde vols».

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