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Les mères célibataires toujours en quête d’une citoyenneté intégrale et active

Dans l’objectif d’approfondir les principales recommandations et conclusions des ateliers de travail du séminaire des 30 ans de l’Association Solidarité féminine, une rencontre débat a été organisée samedi 3 décembre à Casablanca.

Les mères célibataires toujours en quête  d’une citoyenneté intégrale et active
L’ONG a organisé samedi dernier à Casablanca une rencontre-débat sur le thème «Pour une citoyenneté intégrale et active des mères célibataires au Maroc».

Afin de restituer les résultats du séminaire des 30 ans de l’Association Solidarité féminine (ASF), tenu les 13 et 14 novembre 2015, l’ONG a organisé samedi dernier à Casablanca une rencontre-débat sur le thème «Pour une citoyenneté intégrale et active des mères célibataires au Maroc». Initié en partenariat avec la Fondation Heinrich Boll, cette rencontre a été marquée par la participation de nombreuses personnalités du monde associatif venues approfondir les principales recommandations et conclusions des ateliers de travail qui ont eu lieu au cours du séminaire et qui ont questionné la meilleure possibilité de mobilisation et de dynamique de coordination en matière de plaidoyer en faveur des mères célibataires et de leur descendance.

«Nous sommes réunis aujourd’hui pour présenter le compte rendu du séminaire de l’an dernier. Nous sommes conscients que pour faire évoluer les choses, il faut rendre compte aux politiciens sur ce qui se passe sur le terrain. Nous espérons qu’ils prendront en considération les recommandations que nous avons formulées, car malheureusement nous en tant qu’acteurs de la société civile nous n’avons aucun pouvoir politique. Et il faut bien que quelqu’un puisse garantir à ces enfants, qui n’ont pas demandé à venir au monde, le droit de rester avec leurs mamans. Nous sommes donc aujourd’hui là pour donner un rendu de la réalité de la problématique des mères célibataires telle qu’elle est», a souligné Aïcha Ech-Chenna, présidente de l’Association Solidarité féminine, lors de cette rencontre.

Parmi les principales recommandations formulées par l’association figure l’activation de l’approche globale inclusive et démocratique, constituant des contenus de la nouvelle Constitution 2011, sur le socle de l’harmonisation des lois selon l’approche pilier des droits fondamentaux et de l’égalité entre les sexes, faisant des hommes et femmes des sujets, des personnalités juridiques, des citoyens et des citoyennes libres et responsabilisés par des droits et devoirs, et capables de décider alors avec discernement. Il a également été recommandé d’élaborer et faire adopter un cadre juridique pour les familles monoparentales qui repose sur le principe de l’indivisibilité et de l’inaliénabilité des droits fondamentaux, et sur le droit à un plein exercice de la parentalité centrée sur les droits de l’enfant et les libertés personnelles des individus dont fait partie le désir d’avoir un enfant ou pas… et y impliquant le principe de la CEDAW (Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes) pour que les femmes puissent exercer leurs droits quel que soit leur état matrimonial.

Par ailleurs, l’ASF appelle à la constitution d’un réel lobbying associatif, féministe pour mener à terme le chantier des droits des femmes constituant des familles monoparentales hors mariages et les droits de leurs enfants et adapter le discours selon les réalités sociales en transformation.


Questions à Aïcha Ech-Chenna, présidente de l’Association Solidarité féminine

«Il faut commencer par changer les mentalités dans la société mais aussi auprès des politiciens»

Le Parlement européen vient de vous rendre un hommage lors de votre participation à la conférence sur la contribution de l’Union européenne à l'émancipation des genres dans les pays du Maghreb. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
J’avoue que j’avais très peur au début. Je me suis dit que j'allais parler à des politiciens, alors que ne suis pas une femme politique. Du coup, j’ai décidé de parler de mon expérience sur le terrain et de mon combat pour les mères célibataires. On m’a écouté avec beaucoup d’attention et d’après ce qu’on m’a dit j’ai eu un succès extraordinaire. J’estime que ces gens ont été touchés par la sincérité de mon discours où j’ai dit que l’injustice et l'absence de solidarité entre les riches et les pauvres sont à l’origine des différents problèmes sociaux qu’on rencontre de nos jours. J’ai également dit qu’il n’y a pas de honte à ce que nos pays puissent collaborer avec l’Union européenne pour éviter les catastrophes. Pour aider les mamans à garder leurs enfants, il faut bien sûr avoir les moyens. Il s’agit en effet d’un investissement pour un meilleur futur.

Cela fait plus de 30 ans que Solidarité féminine se bat pour la cause des mères célibataires. Croyez-vous que leur situation s’est améliorée ces dernières années ?
La situation n’est pas encore améliorée comme on le voudrait, parce que le nom de l’enfant est toujours présumé «Abd». Nous ce que nous voulons c’est que les procédures soient simplifiées et que le père puisse reconnaître son enfant plus facilement sans qu’il soit obligé d’épouser la mère, car cela n’est pas toujours positif, au contraire. Et nous ne voulons pas que l’enfant soit reconnu par son père via le tribunal, car cela aura un impact sur l’amour que pourrait avoir l’enfant pour son père.

Qu’est-ce qui bloque à votre avis ?
Il faut commencer par changer des mentalités dans la société, mais aussi auprès des politiciens et arrêter de faire la politique de l’autruche, car si cela continue, on se dirige droit vers la catastrophe. Les enfants qui sont privés aujourd’hui de leurs droits les plus naturels finiront par demander des comptes. Il faut donc changer les lois pour mieux protéger les enfants et leurs mères sans oublier l’éducation sexuelle qui joue un rôle très important.

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