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Corps, temps et espace comme matériaux de base, voici la trilogie que le plasticien Ahmed Bennani a choisie dans sa démarche artistique. C’est cette même trilogie que les amateurs de l’art contemporain pourront découvrir ou redécouvrir à partir du 5 mai prochain à la galerie Loft Art de Casablanca où l’artiste expose ses œuvres récentes jusqu’au 23 du même mois. Cet artiste inspiré, natif de Fès en 1976, s’appuie sur cette trilogie pour signaler la nécessité pour la femme de se libérer des codes que la société conservatrice lui impose. C’est ce que constate également le critique d’art Ben Mimoune.
Pour ce dernier, cette démarche cherche à instaurer «un meilleur dialogue entre les différentes générations d'artistes et garantir une position plus claire de la performance comme pratique artistique. Par ses moyens techniques et son habileté plastique, l’artiste imprime sa sensibilité à l’œuvre, la transcende, la restitue. Cette opération de recréation fait de l’œuvre un objet unique et nouveau. À travers ses expositions, l’artiste Ahmed Bennani ne cesse pas d’enchanter et d’émerveiller ses fans par l’originalité de ses œuvres et l’audace de ses idées», affirme-t-il. Cet éclectisme ambiant, perceptible dans la technique de l’artiste Ahmed Bennani, est le résultat d'un travail original, novateur, intuitif et issu de sa créativité qui semble sans limites. C'est un artiste qui possède de grandes capacités picturales et qui aime développer son univers, en le transformant, en le décomposant. Et si l'art contemporain a pour désinvolture de se séparer, alors là, il faut bien admettre qu'apparemment ce temps est révolu.
L'art qu’Ahmed Bennani nous donne à apprécier aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec cet art contemporain – art de la séparation et du sublime détachement, du néo-plasticisme à l'expressionnisme abstrait – qui semble réjouir certains artistes peintres ou sculpteurs. «Les œuvres qui font objet de cette exposition constituent un pèlerinage entre des mondes antagonistes : l’enfer et le paradis, la liberté et l’esclavage, la lumière et les ténèbres. Ce voyage dantesque consiste pour l’essentiel d’abord en un refus du monde, ensuite en une renaissance, enfin en un état nouveau du rapport de l’être au monde. Des œuvres qui font corps avec le passé et racontent le présent pour envisager l’avenir. Un avenir où le corps jouit de sa liberté après avoir traversé de nombreuses épreuves», indique à ce propos Ben Mimoune. Il faut dire aussi qu'Ahmed Bennani demeure malgré tout un artiste moderne. Et donc, il ne peut se résoudre à se lover dans un rassurant discours «peinture-peinture» prônant un sublime retrait. Son œuvre est à la fois une peinture et une critique de celle-ci.
Une critique de l'histoire de la peinture et du discours souvent entendu sur la peinture. «Est-ce bien Dante qui est ressuscité parmi nous pour annoncer ses souffrances et ses aspirations ou bien le cri d’un disciple fuyant son passé et ses facettes obscures ? Ce souci de vraisemblance est une sorte d’autobiographie où l’artiste cherche à exprimer ses aspirations illimitées que rien ne peut satisfaire dans notre réalité tangible, elle est aussi un refuge pour fuir la vérité comme disait Nietzsche : “Nous avons l’art afin de ne point mourir de la vérité”», conclut Ben Mimoune.
