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Métiers verts, des milliers de postes à saisir

Les métiers verts ont le vent en poupe au Maroc. Grâce à une stratégie intégrale pour le développement durable, le secteur représente un gisement considérable d’emplois. Près de 110.000 postes seraient à pourvoir d’ici 2020 dans les différents secteurs liés à la protection de l’environnement. La formation est également un des nouveaux créneaux appelés à se développer pour répondre aux besoins du marché.

Métiers verts, des milliers de postes à saisir

Le Maroc a pris le tournant de l’énergie propre et lui consacre toute une stratégie nationale qui la hissera au rang des pays les plus avancés dans ce domaine. Le Maroc est ainsi sur la bonne voie pour porter la part des énergies renouvelables dans sa production électrique à 52% d’ici à 2030. Cette situation sera également consacrée avec l’organisation de la COP 22 en novembre prochain à Marrakech.

Ce secteur représente également un véritable gisement d’emplois. Le potentiel d’emplois que peuvent générer les filières des énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse et hydroélectricité) au Maroc est estimé, selon une étude réalisée par le ministère de l’Énergie des mines, de l’eau et de l’Environnement, à plus de 23.000 postes à l’horizon 2025. Pour sa part, la ministre déléguée chargée de l’Environnement, Hakima El Haïti, avait indiqué que la protection de l’environnement permettrait de créer 110.000 emplois d’ici 2020. En détail, selon
El Haïti, les énergies renouvelables pourraient générer 13.300 emplois en six ans, les mesures de l’efficacité énergétique, 36.800, la protection des forêts, 50.000, et les politiques d’assainissement de l’eau et la gestion des déchets, 10.000. C’est dire l’importance que cela représente pour le marché du travail national. Et pour répondre à une demande qui va crescendo en termes de compétence, le Maroc a misé sur la formation dans l’objectif de fournir aux entreprises différents profils avec des degrés de qualification variés : des opérateurs, des techniciens, des cadres, des ingénieurs… spécialisés dans les métiers des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

Le Conseil économique et social s’est d’ailleurs déjà saisi de la question et avait sorti, en 2012, un rapport intitulé «Économie verte : Opportunités de création de richesses et d’emplois», pour tirer la sonnette d’alarme sur la nécessité de renforcer la qualité de la formation ainsi que le développement de nouveaux créneaux pour la recherche et l’innovation pour accompagner les projets engagés et anticiper les besoins en compétences «tout en veillant à intégrer les nouveaux besoins en compétences des grands consommateurs d’énergie (architectes, industriels, promoteurs immobiliers, responsables facilities, opérateurs de transport...)».
La Stratégie nationale de développement durable (SNDD) 2015-2020 insiste également sur les opportunités d’emplois générées par ce secteur. «Cette stratégie vise à renforcer la prise en compte des exactions environnementales dans les politiques publiques pour découpler croissance économique de la pression sur les ressources, mais également à créer des emplois verts durables dans les métiers liés à l’environnement» lit-on dans le rapport final de la SNDD. D’ailleurs, dans ses conclusions, le rapport précise que «la concrétisation des mesures recommandées par la SNDD favorise la création de près de 250.000 emplois, à horizon 2020, soit un gain de 2% du PIB. Le gain escompté correspond à la création de valeur ajoutée par les nouveaux emplois créés».

Face à ce plan ambitieux de développement des énergies renouvelables et les opportunités d’emplois à venir, les ressources humaines font encore défaut dans les entreprises du domaine. Pour pallier ce manque, le Maroc s’est lancé dans la formation de compétences dans les métiers des énergies renouvelables.
Ce créneau a été pris en charge par les acteurs de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle afin de permettre l’émergence de profils qualifiés qui devront porter la stratégie de notre économie verte.
Ainsi, la SNDD a placé parmi ses objectifs la mission de : Définir les besoins en formation des métiers «verts» et «verdissants», Contractualiser les formations avec les différents opérateurs et Intégrer les institutions de formation professionnelle dans le processus de mobilisation de profils en métiers verts.

Un forum aux allures d’avant-goût de la COP 22

C’est donc dans ce contexte riche marqué par l’engagement du Maroc dans la voie de l’économie verte que sera organisé le 2 juin prochain, le premier Forum marocain des métiers verts (FMV), à l'initiative du magazine «Énergies & Environnement», sous l’égide de cinq ministères, en l’occurrence le ministère de l’Habitat et de la politique de la ville, le ministère du Tourisme, le ministère délégué chargé de l’Environnement, le ministère délégué chargé de l’Eau et le ministère de l’Emploi. «Ce forum se veut une occasion particulière pour créer un cadre de discussion et d’échanges hautement fertile entre les différents acteurs concernés dans l’optique de réfléchir, d’analyser, d’orienter et de partager les idées et les expériences, le tout pour une seule et unique finalité : développer davantage les emplois verts au Maroc», précisent les organisateurs. Et d’ajouter que la vocation prise par le Maroc dans le secteur du développement durable «présente d’immenses potentialités de création d’emplois verts. Lesquels emplois verts, parce qu’ils donnent du sens à la dimension inclusive de ce développement durable, sont, aujourd’hui, plus que jamais, une réelle opportunité pour le Maroc de réduire le taux du chômage des jeunes». 


Entretien avec Sidi Mohammed Lamghari, directeur du Forum marocain des métiers verts (FMV2016)

«L’émergence du gisement d’emplois verts ne peut être que la suite logique de la genèse d’une industrialisation verte au Maroc»

Éco-Emploi : Le développement durable représente un gisement d'emplois. Quelle lecture faites-vous de la situation actuelle ?
Sidi Mohammed Lamghari : L’engagement du Maroc dans la lutte contre les changements climatiques est un choix impératif, stratégique et souverain qui traduit la ferme volonté du Royaume à mettre l’accent sur le développement durable. Cette volonté souveraine constitue un exemple à suivre que ça soit au niveau régional ou continental ce qui est d’ailleurs salué sur la scène internationale. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises sont labélisées ou en cours de labélisation RSE. En plus d’importants projets ont été initiés par le Maroc avec la naissance de l’économie verte. Donc l’émergence du gisement d’emplois verts ne peut être que la suite logique de la genèse d’une industrialisation verte au Maroc synonyme de réduction du taux de chômage tout en intégrant en amont la formation.

Pensez-vous que le Maroc dispose des compétences qualifiées pour lever le défi de l'économie verte ?
Le Maroc dispose absolument des compétences requises pour relever le défi de l’économie verte. La mise en place de structures marocaines telles que Masen ou la Société d'investissement énergétique (SIE) qui accompagnent le Royaume dans cette transition énergétique engagée démontrent les compétences du Royaume. À juste titre, la réalisation de certains projets à l’exemple de Noor n’a eu recours qu’à un effectif étranger réduit. De nouvelles branches de formation consacrées uniquement à répondre à une demande accrue du secteur privé en matière de développement durable voient aussi le jour. Il ne faut pas oublier que le Maroc est aujourd’hui un modèle pour les pays africains et arabes. Mais l’aspect le plus important est la prise de conscience. On ne peut aller loin si les Marocains ne suivent pas le gouvernement dans les efforts fournis en matière de développement durable.

Quels sont les efforts qui restent à fournir au niveau de la formation, notamment ?
Accréditer et structurer ! Aujourd’hui, il existe un nombre important de lauréats dans certaines branches alors que dans d’autres, il y en a qu’une poignée. Ce déséquilibre conduit à augmenter le chômage alors que le plus simple serait de prendre en considération l’offre du marché. Il faut aussi intégrer dans tous les cycles scolaires cette notion de développement durable pour conscientiser l’enfant dès les bas âges sans oublier le corps professoral à former davantage. La pratique de ces profils verts au sein de structures spécialisées pour acquérir de l’expérience est aussi importante. Ainsi, on peut s’inspirer de certains pays qui sont plus avancés que nous tels que la France, l’Allemagne ou les pays scandinaves.

Un premier rendez-vous dédié aux emplois verts au Maroc qui coïncide avec la COP 22. Quelles en sont vos attentes ?
Ce rendez-vous incontournable se veut un cadre d’échanges hautement fertile entre les différentes forces vives gravitant autour de la thématique de l’emploi vert. Un appel fort a été lancé aux institutionnels, professionnels, sociétés privées, organismes de formation professionnelle, société civile… qui répondent présents en soutenant le Forum depuis sa conception. Et cela dans le but unique de fédérer toutes ces parties prenantes autour d’une thématique commune servant de réflexion, d’orientation et de partage d’idées et d’expériences dans le développement des métiers verts au Maroc. Organisateur et média engagé, la revue «Énergies & Environnement» inscrit pleinement sa politique dans ce dynamisme vert qui gagne le Royaume. 

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