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Quand le terrorisme «islamiste» l’emporte sur le terrorisme blanc

En juin 2015, un jeune de 21 ans dénommé Dylann Roof a abattu de sang-froid neuf Afro-Américains dans une église. Le meurtre, dont le caractère raciste ne peut être nié, met à jour une réalité qui contraste fortement avec le fameux melting pot idéal que les États-Unis enseignent au monde.

Quand le terrorisme «islamiste» l’emporte  sur le terrorisme blanc
Donald Trump, en «grand orateur» s’est précipité pour relier les triples attentats perpétrés à New York au terrorisme international. bPh. AFPb

Un remake des attentats de Birmingham : Il y a un peu plus de 50 ans, en 1963, une bombe posée dans une église noire de Birmingham tuait 4 petites filles. Un acte atroce, qui avait été l’un des déclencheurs de la marche de Selma, mais qui se reproduit encore une fois aujourd’hui et de façon encore plus atroce. Dylann Roof a déclaré aux enquêteurs qu’il avait tué ces 9 personnes au nom de la suprématie des Blancs et qu’il n’avait aucune raison de se sentir coupable du traitement qui était subi par les Noirs. Ce discours n’est pas sans rappeler celui d’Anders Berin Brevick (auteur de l'attenta de Norvège en 2011 qui avait fait 77 victimes) qui avait également justifié son crime de masse par une bataille contre toutes les personnes qui tentaient de mettre en péril la suprématie des Blancs.

Aux États-Unis, le terrorisme blanc est devenu une vraie menace, mais les autorités n’osent pas la nommer ouvertement. Car même si nous sommes loin des nœuds coulants et des costumes blancs du Ku Klux Klan, la répression blanche contre les Noirs est plus que jamais meurtrière. Une étude réalisée par la police indique en effet que les extrémistes blancs ont perpétré 337 attaques et ont tué 245 personnes durant la décennie post 11 septembre. C’est cinq fois plus que les 20 attaques et les 50 morts causés par les extrémistes islamistes, si l’on en croit les chiffres de l’étude menée par le Police Executive Research Forum, en collaboration avec Charles Kurzmann et David Schanzer. Ils ajoutent que l’extrême droite est la première source idéologique de violence aux États-Unis, mais qu’elle reste minimisée puisque la mettre en évidence n’apporte rien en échange.
Pourquoi ce contraste avec le terrorisme «islamiste» ? Tout simplement parce que ce dernier permet de justifier, au niveau externe, des guerres qui renforcent la domination américaine sur toute l’aire des hydrocarbures qui s’étend de l’Algérie jusqu’en Afghanistan. Au niveau interne, en cette période des élections, elle permet aux deux candidats de se positionner par rapport à cette problématique. La preuve c’est qu'une demi-heure après, alors que même le maire de New York avait appelé à «la prudence» et à éviter «les conclusions hâtives», Donald Trump, en «grand orateur» s’est précipité pour relier les triples attentats perpétrés à New York au terrorisme international : «On ferait bien d’être très, très sévères, les amis. C’est terrible ce qui se passe dans le monde, dans notre pays. Nous allons être sévères, malins et vigilants et on va mettre fin à tout ça». Le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, avait pourtant éloigné la piste d’un attentat relevant du terrorisme mondialisé, il avait d’ailleurs précisé : «Une bombe qui explose à New York est évidemment un acte terroriste (…), mais à ce stade, il n’y a pas de preuve d’un quelconque lien avec le terrorisme international». Pour plusieurs observateurs, le maire de Big Apple a fait preuve de sagesse et de retenue.

La même attitude réfléchie a été adoptée par la candidate démocrate Hillary Clinton, dont la réplique à Donald Trump ne s’est pas fait attendre dans la soirée du samedi : «il est plus sage d’attendre d’avoir l’information avant de tirer des conclusions». On voit bien que chaque candidat choisit ses mots et ses propos selon ses convictions, ses intérêts prioritaires et son électorat, certains saisissent même ce terrorisme comme une opportunité en surfant sur la vague de la vulnérabilité des citoyens et de l'insécurité. Dans un pareil contexte, les médias sont censés jouer un rôle d’informateur avéré. Toutefois, l’information est souvent fondée sur une analyse non approfondie induisant une perception erronée. Pendant ce temps, la question raciale aux États-Unis est toujours le cadet des soucis des candidats. 


Obama : Le faux espoir

L’élection de Barack Obama avait suscité de nombreux espoirs dans la communauté afro-américaine, mais aussi dans le monde, au sujet des avancées concernant la place des Noirs aux États-Unis. Certes, l’homme a des origines africaines qui en font un symbole, mais il est avant tout un homme politique. Et s’il a pu gagner les élections deux fois, c’est d’abord parce qu’il a présenté un programme attractif pour la majorité de la population, blancs et noirs confondus, qu’il a pu faire repartir l'économie des États-Unis, alors qu’ils subissaient de plein fouet la crise et qu’il représentait la seule alternative crédible face à ses adversaires plus ou moins défaillants.
Sur la question des Afro-Américains, le Président est toujours resté assez distant. Se contentant de citer Martin Luther King dans les grandes occasions, il est resté assez discret sur les préoccupations de la communauté noire et ne s’est pas déplacé durant les événements de Ferguson. Il faut dire que sa position reste assez difficile, en tant que Président des Noirs comme des Blancs, et qu’il lui est plus facile de punir l’Iran pour son programme nucléaire que de punir la police américaine pour ses bavures à répétition. Sa femme Michelle, qui avait tenté de prendre des initiatives au début du premier mandat, a très vite été rappelée à l’ordre. La première dame s’occupe désormais principalement de la question de l’obésité chez les Américains : une question qui reste importante et surtout beaucoup moins brûlante que la question raciale.

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