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Résolution 2334 : la grande bonne surprise

Bouchra Rahmouni BenhidaProfesseur à l’Université Hassan Ier, elle est aussi visiting professor aux USA, en France et au Liban. Ses travaux de recherche lui ont permis d’intervenir dans des forums mondiaux et des special topics dans des institutions prestigieuses à Hong Kong, en France, au Liban, aux Emirats arabes unis et en Suisse. Elle compte à son actif plusieurs ouvrages : «L’Afrique des nouvelles convoitises», Editions Ellipses, Paris, octobre 2011, « Femme et entrepreneur, c’est possible», Editions Pearson, Paris, novembre 2012, « Géopolitique de la Méditerranée », Editions PUF, avril 2013, «Le basculement du monde : poids et diversité des nouveaux émergents», éditions l’Harmattan, novembre 2013 et de « Géopolitique de la condition féminine », Editions PUF, février 2014. Elle a dirigé, l’ouvrage «Maroc stratégique : Ruptures et permanence d’un Royaume», éditions Descartes, Paris, 2013.

Résolution 2334 :  la grande bonne surprise

Depuis 1979, les États-Unis ont toujours soutenu Israël sur le dossier des colonisations. Pour la première fois, ils n'ont pas mis leur veto à une résolution du Conseil de sécurité relative à ce dossier très sensible. Grâce à l’abstention américaine, la résolution 2334 a recueilli quatorze voix en sa faveur et a pu passer.

Les réactions violentes de la classe politique israélienne contre le vote de la résolution ne se sont pas fait attendre. Le bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a aussitôt rejeté cette «résolution anti-israélienne honteuse» et annoncé qu’Israël ne s’y conformerait pas. Selon Benyamin Netanyahou, l'administration américaine a donné «un coup anti-israélien honteux aux Nations unies». Pour Danny Danon, l’ambassadeur israélien auprès de l’ONU, la résolution représente un «non à la possibilité d’une paix (…) C’est une victoire pour le terrorisme, la haine et la violence». Comme si dépouiller un peuple de ses terres pouvait amener la paix et la stabilité.

Déjà, le 1er juillet, un rapport établi par le Quartet pour le Moyen-Orient (États-Unis,
Russie, Union européenne et ONU) dressait un état des lieux alarmant de la réalité sur le terrain.
La résolution 2334 se situerait dans la suite logique de ce rapport puisqu’elle exige la «cessation immédiate» de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés, dont Jérusalem-Est, estime que la construction et l’extension des colonies mettent «gravement en danger la viabilité de la solution à deux États» et «condamne tous les actes de violence contre les civils, dont les actes terroristes».

Quels enseignements tirer du vote de cette résolution ?
1. Donald Trump, Président élu, mais non encore en fonction, s’est impliqué pour faire avorter le projet de résolution. Il n’a réussi qu’à moitié. Les pressions sur l’administration Obama afin que les États-Unis usent de leur droit de veto n’ont rien donné. Par contre, il est arrivé à faire renoncer l’Égypte à son initiative. Cette dernière avait présenté le texte de la résolution pour le retirer juste après. Il a fallu que quatre membres non permanents du Conseil de sécurité – la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, le Sénégal et le Venezuela – promeuvent la résolution dans une version identique faisant fi des représailles israéliennes, qui ne se sont pas fait attendre d’ailleurs à travers la convocation des ambassadeurs et le gel des aides.

2. La réaction de Donald Trump suite au vote de la résolution 2334 dans un Tweet, «Les choses seront différentes après le 20 janvier», conforte le sentiment qu’il va gérer le conflit israélo-palestinien différemment. Un sentiment né avec le choix du futur ambassadeur en Israël, David Friedman, connu pour son soutien idéologique à la colonisation et son opposition à un État palestinien, ce qui en dit long sur ses intentions.
3. L’administration d’Obama avait mis son veto à une résolution similaire en 2011, mais cinq ans plus tard, on assiste à un revirement de la position du Président sortant, qui entretient des relations tendues avec Benyamin Netanyahou. Après le rapprochement avec l’Iran et avec Cuba, Obama cherche à marquer à jamais les esprits comme étant le Président américain derrière ce vote historique. Sans oublier que quelques mois auparavant il avait validé, vis-à-vis de la communauté sioniste, le nouvel accord de défense sur dix ans, conclu entre les États-Unis et Israël pour un montant de 38 milliards de dollars (36,3 milliards d’euros).

4. Cette résolution, qui a suscité la réprobation d’Israël, ne prévoit aucune sanction contre l’État hébreu, mais elle peut constituer un soubassement légal pour des poursuites judiciaires et donc de futures sanctions à l’encontre d’Israël. La question qui doit être sur toutes les lèvres est la suivante : quelles vont être les réactions et les actions qui seront entreprises après l’investiture du nouveau Président américain ? Mais gardons tout de même à l’esprit que ce que l’ONU a fait, Trump ne peut le défaire !


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