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Éco-Emploi : Cette année, l'ESITH célèbre son 20e anniversaire. Quel bilan faites-vous de ces vingt ans d’existence ?
Mohamed Lahlou : Le bilan de ces vingt années est tellement dense et riche qu’il doit être apprécié à différents niveaux. Il y a d’abord le mode de gestion partenariat public-privé (PPP) adopté il y a vingt ans, et qui s’est avéré être un très bon choix. En effet, la gestion par une société anonyme à Conseil de surveillance et directoire a démontré son efficacité et son adaptation à la gestion d’une école-entreprise qui délivre des diplômes d’État signés par le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique. La présence forte des industriels dans les organes de gestion assure une très bonne proximité de l’institution avec les secteurs industriel et de services qui sont les principaux recruteurs des lauréats. C’est ainsi que l’École a anticipé les besoins des entreprises et a développé des filières qui se sont avérées extrêmement précieuses et indispensables.
L’autre indicateur est le nombre d’étudiants qui n’a cessé d’augmenter. Le programme 10.000 ingénieurs nous a permis de passer de 400 à 800 étudiants, jusqu’à atteindre 1.060 en 2016. Et d’ici 2020, il atteindra 1.300 sur notre site actuel. Nous avons aussi un projet à Tanger qui permettra de former, dans 3 ans, quelque 400 étudiants avec la volonté d’en arriver à 1.200 vers 2036.
Par ailleurs, l’école a développé une direction recherche & développement très active, en partenariat avec différentes universités nationales et internationales. L’organisation de la grande conférence ITMC sur les textiles techniques et la mass customisation a permis de constituer un très vaste réseau de partenariats potentiels. Sans oublier que l’ESITH est très active au sein des clusters textiles techniques, denim et textiles de décoration. Je peux vous annoncer qu’un important partenariat avec le Centre européen des textiles innovants (CETI) est en cours de finalisation.
Comment se manifeste votre engagement en faveur de l’environnement et du développement durable ? Avez-vous une stratégie dans ce sens ?
Le lancement du Master hygiène sécurité et environnement il y a huit ans est la meilleure preuve de notre engagement en faveur de l’environnement et du développement durable. Dans le même ordre d’idées, nous avons préparé grâce à l’appui de la coopération allemande GIZ un master Optimisation des ressources, qui forme sur les méthodes et approches permettant l’économie d’eau, son recyclage, les économies énergétiques et l’optimisation de toutes les consommations de matières et consommables. Le recyclage des déchets et leur valorisation fait partie intégrante de cette formation et c’est dans ce sens que nos étudiants ont développé plusieurs projets de recyclage des déchets textiles pour obtenir des non-tissés avec une vraie valeur ajoutée. Nous proposons aussi une formation pour nos enseignants pour qu’ils intègrent l’environnement et le développement durable dans leur cours en introduisant des études de cas et des projets de recherche.
La participation de l'ESITH à la COP 22 a été marquée par l'adhésion à la Charte en faveur de la logistique verte et la signature de la Charte d’engagement de la Mode pour le climat. Comment comptez-vous concrétiser ces engagements ?
L’école a lancé la formation en logistique dès 2002 et la 1re cohorte d’ingénieurs diplômés en 2005 était la 1re sur le marché national. Nous disposons également depuis six ans d'un centre de recherche & développement en logistique CELOG. Nos experts et nos enseignants chercheurs ont ainsi accumulé un savoir-faire, une connaissance du terrain qui leur ont permis d’introduire dans leur formation des aspects comme : l’utilisation du matériel et équipements propres ; la veille pour que les infrastructures et installations logistiques soient efficientes ainsi que la normalisation et la labélisation qui font partie intégrante de notre formation qualité.
Ces principes directeurs font déjà partie de notre quotidien et nous avons signé avec grand plaisir et intérêt la charte en faveur de la logistique verte. Le réseau des différents signataires est extrêmement riche et va nous permettre de mettre en relief une de nos cinq valeurs, à savoir le Partage.
Pour la charte de l’engagement de la mode pour le climat, c'est une initiative extrêmement importante pour notre école, nous avons déjà suivi avec un grand intérêt les travaux qui ont été présentés lors de la COP 21. Ces travaux ont démontré que le secteur textile-habillement est un grand pollueur et agit sur le climat tout au long du cycle de fabrication du fils, tissage, teinture, ennoblissement, confection, transport et distribution. Mais on peut contrecarrer les effets néfastes par le choix des matières premières et des produits chimiques qui ont le moins d’impact sur l’environnement. Toutes ces problématiques doivent être gérées intelligemment afin de respecter deux principes de base : Changer la mode pour le climat et Habiller le monde sans déshabiller la planète. La gestion et le partage de toutes ces notions doivent commencer durant le cursus de formation de nos lauréats. Ils doivent s’approprier ces principes pour les intégrer ensuite lors de leur parcours professionnel. À l’ESITH revient une autre mission à savoir partager l’ensemble des principes directeurs de la charte avec tous les industriels du secteur textile-habillement.
