Menu
Search
Mercredi 24 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 24 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2006

Une étude identifie les mille et un maux des laboratoires publics

Un rapport accablant, celui que vient de publier le ministère de la Santé cette semaine sur les laboratoires de santé publique au Maroc. Le document, réalisé par une mission composée d’experts marocains soutenus par une équipe de l’Organisation mondiale de la santé, suite à l’évaluation de 10 laboratoires publics, dresse un tableau sombre de ces structures sanitaires.

Une étude identifie les mille et un maux des laboratoires publics
Les auteurs du rapport soulignent la nécessité d’entamer une réforme complète du système du laboratoire.

Une faible gestion de la qualité au niveau centrale et une coordination très fragmentée entre les laboratoires publics. Ce sont là les principales conclusions de l’évaluation du système de laboratoires publics menée par le ministère de la Santé en collaboration en collaboration avec l’Organisation mondiale de santé dans 10 laboratoires. D’après cette étude, il n’existe aucun réseau reliant ces structures. Une situation que l’enquête impute à la faible gestion de l’information et des données au sein des laboratoires. L’étude pointe du doigt également une absence de standardisation des méthodologies, des analyses et des processus analytiques permettant une meilleure comparabilité des résultats. Elle fait état également de l’absence d’une politique claire de mise en place et de gestion des contrôles de qualité interne, à l’exception des laboratoires d’épidémiologie et d’hygiène du milieu.

En outre, le rapport déplore une faible gestion de la biosécurité et des risques biologiques. «La biosécurité est un problème récurrent de beaucoup de laboratoires, et ce dans de nombreux pays incluant le Maroc». Selon le rapport, «le niveau de biosécurité observé était faible à très faible». Un état des lieux que l’étude attribue à l’absence d’une législation claire dans ce domaine. En effet, il n’existe aucun cadre légal appliqué qui classifie les laboratoires selon leur niveau de biosécurité. Ce flou juridique conjugué à l’absence d’inspection de la biosécurité des laboratoires fait que l’élimination des déchets médicaux n'est pas appliquée.
Par ailleurs, une évaluation comparative des laboratoires de santé publique – il en existe trois types : laboratoires d’épidémiologie et d’hygiène du milieu, laboratoires d’appui aux programmes verticaux et aux institutions spécialisées, et laboratoires hospitaliers – aboutit à la conclusion que les laboratoires hospitaliers représentent le maillon faible de la chaîne. Ces structures se caractérisent en effet par leur très faible gestion de qualité, leur équipement qui laisse à désirer et qui est, par-dessus le marché, mal entretenu. La biosécurité au sein de ces structures est par ailleurs très limitée, voire dangereuse. Quant au personnel, il est démotivé et ne bénéficie que de très peu de formation continue.

D’après le rapport, l’existence même de ces établissements serait menacée par la mise en place inappropriée du Régime d'assistance médicale (Ramed). En effet, le système central ne rembourse pas les laboratoires qui fournissent ainsi leur analyse à titre gratuit sans remboursement associé. Aussi et parallèlement à une surconsommation d’analyses médicales qui ne sont pas forcément justifiées, il n’existe aucun recouvrement des coûts possible ! Le hic, relève le rapport, c’est que ces structures avaient déjà bénéficié d’un important programme de mise à niveau qui a été décliné en plusieurs phases.

S’agissant des laboratoires privés, si l’étude ne procède à aucune évaluation de ces structures, elle fait toutefois allusion à la caducité du cadre légal qui les réglemente. «Les laboratoires privés évoluent quasiment sans cadre légal ou dans un cadre légal non évalué et contrôlé et ne participent pas à la notification des maladies», souligne le rapport. Les auteurs de ce dernier pointent du doigt également l’absence d’un mécanisme d’évaluation et d’inspection périodique en bonne et due forme. «Il y a normalement des évaluations régulières de laboratoires prévues dans les textes, normalement obligatoires, mais inconstantes. Dans les faits, l’inspection sanitaire n’est pas régulière, elle est menée uniquement en cas de problèmes ou de plainte», souligne-t-on dans le document.
L’étude formule à la fin un certain nombre de recommandations. Les auteurs du rapport soulignent en effet la nécessité d’entamer une réforme complète du système du laboratoire. Une étape qui devrait être suivie par l’élaboration d’un plan stratégique national de renforcement des laboratoires qui devra être développé avec la collaboration de tous les intervenants et qui aura pour but d’améliorer l’efficacité et l’efficience des laboratoires effectuant des fonctions de santé publique et faciliter leur intégration dans le système sanitaire marocain. 

Lisez nos e-Papers