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Accueil next L'humain au centre de l'action future

«Il y a une meilleure visibilité des artistes femmes sur la scène marocaine, mais je ne parlerais pas d'art féminin»

Considérée comme l’une des artistes plasticiennes les plus en vue de sa génération, Ahlam Lemseffer est connue à travers une démarche qui s’articule autour des médiums tels que la peinture, la sculpture et l’installation. Ses recherches explorent les formes, les espaces et les couleurs et interrogent ainsi l’interdépendance qui existe entre planéité et spatialité. Cette native d’El Jadida a pu conquérir, grâce à la visibilité de son œuvre, aussi bien la scène artistique nationale qu’internationale dès les années 80.

«Il y a une meilleure visibilité des artistes femmes sur la scène marocaine, mais je ne parlerais pas d'art féminin»

Le Matin : En revisitant votre parcours plastique, on s’aperçoit de sa richesse et de sa qualité professionnelle. Êtes-vous, vous-même, satisfaite de votre carrière ou bien aviez-vous d’autres rêves que vous n’avez pas eu la possibilité d’exaucer ?
Ahlam Lemseffer : Je ne peux pas considérer que je suis satisfaite. Il est difficile de parler de satisfaction. D'ailleurs, c'est un mot que je rencontre rarement. Je suis dans le doute permanent et en perpétuelle mutation. Je continue à chercher et à tenter d'autres aventures dans mon parcours.

Vos œuvres rassemblent aussi bien la peinture, la sculpture que des installations. Où est-ce que vous vous retrouvez le plus ?
En fait, chaque expression traduit une émotion donnée. Je travaille par thème et à chaque étape j'utilise le moyen qui exprimera au mieux ma pensée.

En 2012, vous avez fondé, en compagnie d’autres collègues plasticiens, le MAC à Briech-Assilah. Depuis, vous avez organisé plusieurs prestations en sollicitant des artistes d’ici et d’ailleurs. Avez-vous accompli les objectifs tracés pour le MAC ?
Le MAC s'est tracé des objectifs depuis le début pour le développement culturel, et tout est mis en œuvre pour les atteindre malgré toutes les difficultés que nous rencontrons. Des objectifs tels que le partage et la transmission. Le partage par l’organisation d’ateliers, de résidences d’artistes, de symposiums et d’expositions tout au long de l’année. La transmission par les ateliers pour enfants, élèves des écoles rurales avoisinantes et élèves des lycées de la région. En novembre dernier, nous avons organisé, avec les élèves de Briech, un atelier d’initiation à la peinture et de sensibilisation à l’environnement. Début février, nous avons reçu les élèves de l'Institut national des beaux-arts de Tétouan pendant deux semaines. C'était leur première résidence stage. Nous avons encore d’autres projets de ce genre dans le futur.

Vous faites partie de la grande exposition au Musée Mohammed VI : «Femmes, artistes marocaines de la modernité, 1960-2016». Que pensez-vous de cet événement ? A-t-il été, à votre avis, bien mené par la Commissaire de l’exposition, Rim Laâbi ?
L'exposition retrace des itinéraires à sensibilités différentes, rien ne peut prouver que c'est une exposition de femmes, vu la variété des styles exposés sans référence au genre. La commissaire Mme Rim Laabi s'est très bien acquittée de sa tâche. Elle a réussi à réunir dans un même espace des œuvres de factures différentes sans heurts et dans une parfaite scénographie. Elle a, en outre, initié le public à la lecture des œuvres par des textes par groupes d’artistes sur leur traitement de la lumière, de la matière, de ce qui fait l’âme de chaque œuvre.

Pour parler de l’art plastique marocain au féminin, qu'est ce qu'il vous inspire ? Est-ce que la femme marocaine plasticienne a acquis son droit le plus légitime dans cet univers ?
Il y a une meilleure visibilité des artistes femmes sur la scène marocaine, mais je ne parlerais pas d'art féminin, c'est plus une sensibilité qu'un genre. La femme trouve sa place par son travail et son authenticité. Elle n'a pas besoin d'une reconnaissance par l'homme. C'est la qualité de son travail qui la positionnera et qui lui donnera ses droits. L’artiste authentique, homme ou femme, suit la même démarche dans sa quête de l’indicible, en cherchant au fond de lui-même ce qui n’a pas été altéré par sa condition d’homme ou de femme. 

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