Encore une fois, une large place sera accordée aux diverses sonorités de la nouvelle génération qui ne manque pas d’impressionner par son apport musical, notamment par le biais de fusions de sonorités jazz, reggae, rock, soul ou pop. Mais il faut dire que l’Institut du monde arabe reste toujours fidèle au volet oriental classique et à la tradition patrimoniale. Ainsi, un menu diversifié est prévu pour agrémenter la soirée du 21 juin selon la programmation suivante : El Bahdja (tambours et cornemuses) à 19 h 30, Trans-Galactif Arabic Music Orchestra (Musiques d’hier, langage d’aujourd’hui) à 20 h, Cheveu et Doueh (la mémoire vive du sablier) à 20 h 30, Mazzika (Beyrouth Tarab) à 21 h 30, Klima (la Tunisie festive) à 22 h 30 et Kader Tiarti (le raï des Hauts-Plateaux) à 23 h 30. Une pléiade d’artistes et de musiciens qui ont tous fait preuve d’un grand talent, chacun dans son domaine musical. S’agissant de l’artiste marocain Doueh, ce virtuose de la guitare a su en extraire les plus merveilleuses sonorités aussi bien africaines qu’occidentales qu’il métisse avec brio et savoir-faire. S’étant inspiré de Yassine Oueld Enana, l’artiste Doueh, maître du «Tinidite» saharien et aussi de la guitare électrique, a dressé dès les années 1970 des ponts entre la musique traditionnelle africaine (notamment éthiopienne) et le folk/blues dans une vision psychédélique, puis le rock de l’Occident qu’il découvre chez le l’ingénieux Jimi Hendrix, puis James Brown, qui l’ont marqué profondément dans ses créations devenues une véritable source de musiques hybrides, enrichissant le patrimoine sahraoui du Maroc.
Ce qui fait, comme il l’indique, de la musique hassanie une musique mélangée à des éléments modernes et qui touche un grand public, pas uniquement oriental ou maghrébin. Ce natif de Dakhla entame l’expérience Doueh en privilégiant les successions d’arpèges rythmiques, créant un état d’hypnose et de fascination tel «l’halluciné Fagus», ou bien en utilisant parfois les effets des sons spéciaux d’une pédale Wah-Wah comme dans «Eid for Dakhla». Libre comme le vent du désert, Doueh a pendant longtemps évolué sur des scènes internationales, gardant précieusement ses compositions jusqu’au jour où il décide de concéder à Sublime Frequencies l’édition de quelques-uns de ses enregistrements maison qui le feront connaître à sa juste valeur à travers l’Occident.
Il devient ainsi le Roky Erickson ou le Daniel Johnston pour les fans de sa génération, comme il est, également, à l’instar de Tinariwen, une figure emblématique de la musique sahraouie dans sa diversité, son authenticité et son universalité. Ses passages, un peu partout dans le monde, sont toujours un succès et laissent de bons échos chez les mélomanes de tous les horizons. Sa fusion artistique avec le trio néo-punk Cheveu donnera au final «un big bang tellurique, une création atomique, une histoire d’énergies “primitives” qui remet les pendules à l’heure du Tout-Monde. Entendez deux entendements du temps si différents».