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«Les collaborateurs de l’entreprise sont au centre de toute la démarche de la gestion des risques professionnels»

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Éco-Emploi : Quel état des lieux faites-vous de la situation de la santé et sécurité au travail au Maroc ?
Tariq Essaid : Il y a des chiffres qui circulent depuis un moment. Personnellement, je ne suis plus dans les hypothèses de ces chiffres qui annoncent 3, 5, 6 ou 10% parce qu’il faut qu’on soit optimiste et qu'on souligne qu’il y a beaucoup de choses qui ont été faites et qu'on rende hommage à ceux qui œuvrent jour et nuit pour faire avancer les choses. D’ailleurs, une étude de terrain de la direction du travail menée par les inspecteurs de travail sur l’ensemble du pays donne des chiffres optimistes qui dépassent de loin ce qui a été avancé jusque-là. On se situe dans une fourchette de 20 à 30% des entreprises qui répondent aux exigences réglementaires. C’est vrai que nous avons un secteur qu’on qualifie d’informel et là on n’est pas dans les chiffres, donc on ne peut rattacher ces chiffres à ce secteur. Nous avons des multinationales et surtout de grandes entreprises marocaines, soit des établissements publics, soit des entreprises du secteur privé, qui sont à la une en termes d’organisation, que ce soit en termes de l’infrastructure nécessaire, c'est-à-dire les services médicaux du travail, la présence du médecin de travail et de responsables qualité, hygiène et sécurité. En plus, elles sont bien avancées sur l’aspect managérial et organisation de la prévention. À titre d’exemple, il m’est arrivé d’assurer des enseignements dans des écoles qui forment des étudiants dans ce domaine. Les lauréats de ces formations sont insérés dans le monde professionnel en qualité de chargés d’hygiène et de sécurité, chose qui démontre qu’il y a une dynamique de changement. Le deuxième point concerne la 4e édition du Congrès Préventica International. Les participants nous ont souligné la qualité du visitorat, un visitorat spécialisé en hygiène, santé et sécurité au travail. Aujourd’hui, les exposants et les intervenants lors des conférences précisent qu’ils ont un lot d’experts nationaux qui sont dans un registre d’échange au niveau souhaité. Aussi, il faut souligner l’engagement des pouvoirs publics et des partenaires sociaux, notamment les syndicats et les représentants des employeurs. Nous bénéficions de l’engagement de huit ministères parrains, ce qui montre l’intérêt accordé à cette question. D’ailleurs, le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle a effectué une visite au Salon, au lendemain de sa nomination, là où on a reçu dix directeurs généraux du travail de différents pays.

Quel intérêt de mettre en place une stratégie de prévention des risques ?
Quand vous demandez à une entreprise, aujourd’hui, ce qu’elle met au cœur de sa stratégie, si la réponse n’est pas l’aspect humain, c’est que l’entreprise n’est pas inscrite dans une dynamique de développement. Qui dit le capital humain doit être au centre de la stratégie de l’entreprise dit qu’il faut tout mettre en œuvre envers cette composante pour ne pas la perdre. Il y a d’abord cet aspect humain. Autrement dit, quand vous protégez les gens des accidents, des blessures, des maladies professionnelles, c’est une famille, un entourage auquel vous épargnez des souffrances et des malheurs.
D’un autre côté, c’est une responsabilité juridique. Car, s’il y a des maladies ou des accidents, au-delà du droit des victimes à réparation prévu depuis 1927, il se pourrait qu’il y ait une poursuite judiciaire par manquement à cette obligation de respect de la santé et de la sécurité au travail. D’ailleurs, même au niveau de la Constitution, il est précisé clairement que personne ne peut ou n’a le droit de porter atteinte à l’intégrité d’une autre personne et l’accident de travail peut être analysé en tant que tel.
Le troisième aspect qui ressort est d’ordre organisationnel, la mise en place des outils de prévention et de management permet d’avoir une organisation structurée. C’est aussi un outil qui va vous faciliter le dialogue social au sein de l’entreprise et éviter le malaise social, parce que l’entreprise aura un témoin concret comme quoi elle se préoccupe de ses collaborateurs. Il faut noter que des études effectuées à l’international ont démontré qu’un euro investi en prévention rapporte entre 2 et 3 euros de bénéfices pour l’entreprise.

Qu’en est-il de la participation des collaborateurs à la gestion des risques professionnels ?
Les collaborateurs de l’entreprise, comme le souligne la stratégie SOBANE, présentée par Jacques Malchaire, sont au centre de toute la démarche de la gestion des risques professionnels. Elle le place même en tant qu’expert de la prévention, car il est le premier concerné, c’est lui qui maîtrise la situation de travail qui est source des ennuis.
D’où la nécessité de l’intégrer en tant que partie prenante de la démarche. Les deux conditions sine qua non de la réussite de toute démarche, quelle que soit sa nature, sont l’engagement de la direction et la participation des collaborateurs.

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