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«Une filière dont les lauréats peinent à s’insérer dans le marché du travail devrait se mettre à jour ou être fermée»

Pour le bon déroulement de la rentrée 2017-2018, de nombreuses actions ont été entreprises par l’Université Mohammed V de Rabat, en collaboration avec les acteurs de l'enseignement supérieur. Saaïd Amzazi, son président, souligne dans cet entretien que l’Université accueille, cette année, plus de 20.000 nouveaux bacheliers.

«Une filière dont les lauréats peinent à s’insérer dans  le marché du travail devrait se mettre à jour ou être fermée»

Le Matin : Comment se passe la rentrée à l’Université Mohammed V de Rabat ?
Saaïd Amzazi : La rentrée universitaire de cette année a cette double particularité de se dérouler peu après le récent discours Royal à l’occasion de la Fête du Trône, dont les directives acculent plus que jamais les institutions administratives nationales à s’acquitter  pleinement et de façon optimale de leur mission de service publique, et d’être placée sous la tutelle d’une nouvelle équipe ministérielle dont les priorités sont claires : une rentrée précoce, début septembre et la priorisation du service à l’étudiant.
à l’UM5, de nombreuses réunions avec les chefs d’établissements au cours du mois d’août ont permis d’homogénéiser et d’optimiser les procédures et les plannings des inscriptions, et nous avons veillé à ce que l’accueil des étudiants soit irréprochable, aussi bien sur le plan des services que des infrastructures. Plus de 20.000 nouveaux bacheliers ont donc pu intégrer notre université cette année.


Quels sont les défis à relever pour adapter l’Université aux besoins de demain ?
C’est un long débat mais je tacherai d’être clair et concis. Le maillon le plus faible de notre système universitaire, celui qui mériterait de toute urgence d’être amélioré, reste incontestablement le bachelier, tel qu’il arrive chez nous, dans les filières à accès ouvert bien sûr. Il s’inscrit en Licence fondamentale généralement par défaut, n’ayant pu réussir aucun concours, il n’a pas encore assez de maturité pour faire un choix de filière suffisamment  éclairé, et une fois sur les bancs des amphithéâtres, il doit faire face à une fracture linguistique très handicapante par rapport au système du secondaire, sans compter qu’il manque très souvent d’autonomie, d’esprit de synthèse et qu’il a du mal à adopter les méthodes de travail universitaires. Par quel miracle voulez-vous que l’université, en à peine 3 ans, en fasse un profil prisé par le marché du travail, à l’heure où même les diplômés les plus qualifiés commencent à être touchés par le chômage ? Sur d’autres plans, il est clair que de nombreuses mesures s’imposent, je citerai brièvement l’évaluation des enseignements, la part de l’enseignement numérique et surtout l’autonomie de l’université, cette dernière étant loin d’être aussi effective que l’avait stipulé la loi 01-00 en 2000.

Vos étudiants se professionnalisent-ils après l’obtention de leur diplômes ?
Je suppose que là encore vous parlez des 80% de nos étudiants qui sont dans les établissements à accès ouvert et pas de ceux en faculté de Médecine ou en écoles d’ingénieurs… En ce qui concerne les étudiants en licences fondamentales, notre dernière étude montre que près de 27% d’entre eux nous quittent pour rejoindre le marché du travail, et seul un diplômé sur 3 parmi ceux-ci est embauché. C’est un chiffre faible, je vous l’accorde, dont la justification se trouve dans ma précédente réponse. Par contre, dans les filières plus sélectives, de type Licence professionnelle ou Master, le taux d’embauche dépasse les 80%, preuve que le fait de sélectionner les étudiants peut totalement changer la donne…

Assurez-vous un suivi de vos lauréats ?
Nous travaillons au sein de l’UM5 en étroite collaboration avec l’Anapec (Agence nationale pour la promotion de l'emploi et des compétences), qui a implanté d’ailleurs une agence au sein de notre campus. Nous mettons en place actuellement un système de suivi des lauréats à 6, 12, 18 et 24 mois après l’obtention de leurs diplômes. Ces données nous seront extrêmement utiles par exemple pour l’évaluation de nos filières au moment de leur ré-accréditation : une filière dont les lauréats peinent à s’insérer dans le marché du travail devrait dès lors se mettre à jour et s’actualiser ou être fermée. Nous ne pouvons plus nous payer le luxe de former pour former.

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