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Abdeljalil Lahjomri : «Affirmer qu'il y a un retour à la période d'éviction de la philosophie constitue un non-sens historique et une grande erreur»

Affirmer qu’il y a un retour vers la période où la philosophie avait connu une «éviction» est un «non-sens historique et une grande erreur», a souligné, samedi à Rabat, le président de la Commission des programmes, des méthodes et des manuels du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), Abdeljalil Lahjomri, se disant «étonné» de certaines affirmations au sujet du débat suscité par le contenu d’un manuel d’éducation islamique portant sur la philosophie.

Abdeljalil Lahjomri : «Affirmer qu'il y a un retour à la période d'éviction de la philosophie constitue un non-sens historique et une grande erreur»
Abdeljalil Lahjomri.Ph. MAP

«Dans les années 70 du dernier siècle, la philosophie avait effectivement été écartée et plusieurs personnalités de l’État peuvent en témoigner. Mais depuis l’avènement de S.M. le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, nous assistons plutôt à une affirmation de la philosophie, à une confirmation de cette discipline et à une dynamique irréversible de cette matière», a affirmé M. Lahjomri dans un entretien à la MAP. «Cette matière s’inscrit dans le paysage éducatif marocain comme une donnée essentielle et incontournable», a fait observer M. Lahjomri, assurant que «la philosophie au Maroc, beaucoup plus qu’ailleurs, a été introduite dès la première année du lycée». Ainsi, a-t-il insisté, «la présence et l’ancrage de la discipline de la philosophie au Maroc connaissent une dynamique irréversible», rappelant que le Maroc a accueilli, en 2014, un colloque international avec la participation de plus de 400 philosophes du monde entier autour d’un thème extrêmement important «Du possible à l’impossible». M. Lahjomri a précisé que l’Académie du Royaume du Maroc tiendra sa 44e session du 24 au 26 janvier courant sous le thème : «De la modernité aux modernités» qui va réunir de grands penseurs, des philosophes et des
académiciens.

Tous ces faits confirment que «la philosophie est actuellement au Maroc une discipline dont la présence est irréversible et incontournable dans le paysage éducatif national. Elle s’inscrit dans ce système comme une matière essentielle de la formation des jeunes esprits», a relevé encore le membre du CSEFRS, faisant noter que les manuels de philosophie en circulation au Maroc sont de «bons manuels» élaborés par de «bons enseignants qui sont objectifs dans leur travail». Par ailleurs, M. Lahjomri a mis l’accent sur l’importance et la nécessité d’aborder la réforme des manuels, des programmes et des méthodes de manière «didactique et pédagogique et non idéologique», déplorant le fait que le débat concernant un texte dans le nouveau manuel scolaire de l’éducation islamique de la première année du Baccalauréat soit «entièrement idéologique».

Pour la Commission des programmes, des méthodes et des manuels du CSEFRS, il est «extrêmement important» d’étudier les manuels sur la base d’un axe pédagogique, a-t-il expliqué, ajoutant que cet axe de pédagogie est «essentiel». «Si on aborde les manuels pour en faire des instruments idéologiques, à ce moment-là on ne forme pas les jeunes esprits, mais on les déforme», a dit M. Lahjomri, soulignant que la Commission ne cesse d’appeler et d’insister sur cette question, à savoir, dégager la pédagogie de l’idéologie. Dans ce sillage et pour éviter ce genre de débats, la Commission propose la mise en œuvre, le plus rapidement possible, de l’instance nationale permanente des révisions des programmes et des manuels, ajoutant que cette instance autonome pourrait réunir les spécialistes et les didacticiens, prendre le temps nécessaire pour les révisions du fond comme de la forme des manuels, suivre l’évolution des matières, des disciplines et des programmes et organiser même, à l’instar d’autres pays, des ateliers pour conseiller les concepteurs de manuels, a-t-il poursuivi, insistant sur le fait que l’élaboration des programmes «doit éviter la confrontation et la fragmentation des disciplines». 

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