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Achèvement des travaux d’excavation du Super collecteur ouest

La Société de développement local Casablanca Aménagement a annoncé, lundi dernier, l’achèvement des travaux d’excavation du tunnel du Super collecteur ouest. Ultime étape avant son entrée en service : la construction d’un ouvrage d’entonnement, dernière pièce manquante du puzzle.

Achèvement des travaux d’excavation du Super collecteur ouest
L’entreprise turque chargée des travaux a mobilisé autour de ce projet 250 personnes, dont 14 Turcs, 1 Espagnol et 235 Marocains. Ph : AIC Press

Le mégaprojet du Super collecteur ouest (SCO) vient de franchir une nouvelle étape dans sa réalisation. Ouvrage titanesque dont la vocation est la protection de la ville de Casablanca contre les crues de l’Oued Bouskoura, le SCO a, en effet, abordé un nouveau tournant, suite à l’achèvement des travaux d’excavation du tunnel. La seule pièce encore manquante du puzzle consiste en un ouvrage d’entonnement dont le premier coup de pioche sera donné dans quelques jours.

Selon la Société de développement local (SDL) et maître d’ouvrage délégué, Casablanca Aménagement, pour les travaux d’excavation, entamés en juin 2015, la technique de creusement qui a été adoptée est celle du «TBM» (Tunnel Boring Machine) et voussoirs préfabriqués, avec une moyenne de 20 mètres linéaires par jour. Il s’agit d’un tunnelier à bouclier dont le principe consiste à faire avancer une structure cylindrique en acier suivant l’axe défini du tunnel tout en forant le sol. La structure en acier soutient la partie excavée en attendant la construction du revêtement provisoire ou permanent du tunnel. «Depuis le 25 juin 2015, soit 18 mois de travaux, la machine excavatrice a pratiquement travaillé 24h/24, 7j/7, afin d’atteindre les objectifs escomptés. Avec une moyenne de 20 mètres par jour, elle a ainsi parcouru 5.910 m», a déclaré au «Matin» Driss Moulay Rchid, DG de Casa Aménagement. Et d’indiquer : «Nous allons incessamment entamer les travaux de réalisation de l’ouvrage d’entonnement, dernier ouvrage restant avant l’achèvement du projet dans sa globalité, comme cela a été convenu, à la fin du mois de mars prochain».

Doté initialement d’un budget de 855 millions de DH, le SCO sera finalement réalisé pour un montant global de 900 millions de DH. La différence s’explique par une extension du tunnel de 640 mètres, selon le maître d’ouvrage délégué, «qui a permis aux autorités de la ville de récupérer plus de 14 ha de terrains inondables à Hay Hassani, afin d’ériger des espaces verts et des terrains de proximité au profit de la population locale».
«Notre fierté est que sur ce projet, l’ingénierie est à 100% marocaine, le bureau de contrôle et le bureau géotechnique sont également marocains… En somme, plus de 90% du staff qui a travaillé sur le SCO est marocain», a conclu le patron de Casa Aménagement. En ce sens, l’on indique que l’entreprise turque chargée des travaux a mobilisé autour de ce projet 250 personnes, dont 14 Turcs, 1 Espagnol et 235 Marocains.

Un ouvrage titanesque

Trente ans après avoir été évoqué pour la première fois, le SCO n’est sorti des tiroirs qu’au début de l’année 2014 pour une durée des travaux qui était estimée, à l’époque, à 36 mois. Justifié dans sa réalisation par les crues ravageuses de l’Oued Bouskoura, le SCO revêt un aspect fondamental dans la protection de la ville de Casablanca contre les colères répétitives de l’Oued en question. Quant au concept du projet, l’idée était de trouver une voie d’évacuation des eaux de l’Oued Bouskoura vers la mer. La solution envisagée a consisté en la réalisation d’une sorte de tunnel aux dimensions imposantes, avec une partie à ciel ouvert, partant de la route d’El Jadida et débouchant sur l’Océan Atlantique. La longueur de cet ouvrage sera d’un peu plus de 9 km à différentes profondeurs. Le tracé de cette canalisation gigantesque se déploie sous les grandes artères de la zone ouest du périmètre urbain et rejoint la mer à proximité de Sidi Abderrahmane.

Fixée initialement à 100m3/s, débit correspondant à la crue de période de retour 100 ans, la capacité de l’ouvrage sera finalement fixée à 140 m3/s. Dans le concret, le projet est divisé en deux tronçons. Le premier, prenant source à l’amont de la Route d’El Jadida, consiste en un canal à ciel ouvert d’une longueur de 3 km environ. Sa conception comporte des pentes et des sections variables afin de s’adapter au mieux à la morphologie du lit naturel de l’Oued Bouskoura. Au-delà de ce point, et jusqu’au débouché du SCO en mer, l’ouvrage est composé d’une galerie en tunnel souterrain d’une longueur de 5,9 km de 5,5 m de diamètre et d’une tranchée remblayée, d’une longueur de 800 m environ et de 4,6 m de diamètre après revêtement en béton. La côte en radier de l’entrée du tunnel est fixée à 50 m NGM (nivellement général marocain). La sortie en bordure du littoral est à la côte 3 m NGM, de manière à éviter toute submersion en cas de marée haute extrême.

«Le profil en long du tunnel se maintient à une profondeur dépassant largement la dizaine de mètres sur les 5 premiers kilomètres. Au-delà, côté mer sur la route d’Azemour, la couverture diminue si bien que le tunnel, tout en conservant sa section intérieure, est réalisé en tranchée remblayée sur une voie de la route de Sidi Abderrahmane. À l’approche du rivage, le gabarit limité par la côte de sortie, d’une part, et par la ligne rouge des voies de circulation d’autre part, conduit à passer à un dalot quadruple après une section de transition assurant une bonne répartition du débit entre les 4 pertuis du dalot», avait indiqué, à l’époque, Casa Aménagement.

Par ailleurs, outre sa vocation première de protéger la ville à travers un tracé optimal, des dimensions et un débit suffisamment important pour canaliser toutes les eaux de l’Oued Bouskoura, le SCO pourrait également avoir un autre usage. En effet, il est également possible d’y adjoindre le réseau d’assainissement des eaux pluviales de toute la zone Ouest de Casablanca. En d’autres termes, le Super collecteur ouest est un projet qui devra permettre, collatéralement, de résorber les déficits accumulés en termes d’assainissement des eaux pluviales dans cette région. 


Une menace nommée «Oued Bouskoura»

Oued Bouskoura constitue l’une des menaces majeures qui planent sur la métropole. Le danger réside dans le fait que la ville de Casablanca est construite sur le lit naturel de l’Oued. Le lit traversait, dans le temps, la ville d’est en ouest, avant de se déverser dans l’océan au niveau de l’ancien port de pêche, exactement là où se situe, aujourd’hui, la gare ferroviaire Casa-Port. Depuis le temps, les constructions ont poussé çà et là, obstruant par là même le tracé naturel de la rivière. De nos jours, la route d’El Jadida, Maârif, le boulevard Roudani, le Parc de la Ligue arabe, jusqu’au boulevard Houphouët-Boigny se situent dans le parcours naturel de l’Oued Bouskoura.
Les dégâts causés par les crues, au milieu des années 90, sont toujours présents à l’esprit. Les eaux avaient alors submergé l’École Hassania des travaux publics, le club de l’OCP et plusieurs édifices dans la zone de la route d’El Jadida. Depuis cette époque, plusieurs voix se sont élevées et n’ont cessé de souligner l’urgence de réaliser un exutoire de l’Oued vers l’océan. Rien n'a été fait. Quinze ans plus tard, le scénario catastrophe se répétera encore une fois, c’était en novembre 2010.
Ainsi, ces crues dévastatrices de l’Oued Bouskoura survenues en 1995 et en 2010, causant de sévères dégâts au niveau du Grand Casablanca, ont démontré l’urgence de mettre en œuvre une solution visant à véhiculer les apports de l’Oued vers la mer, vu que son parcours naturel a progressivement disparu avec l’urbanisation.

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