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Jeudi 28 Mars 2024
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Nouzha Bouamoud, conseillère stratégique auprès du président de l’Université Mohammed V

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«Cette date du 8 mars doit d’abord être l’occasion de rappeler une particularité remarquable de notre pays : nous avons la plus ancienne université du monde, qui est l’Université Al Quaraouiyine de Fès, et celle-ci a été fondée au neuvième siècle par une femme : Fatima al Fihria. Douze siècles plus tard, les effectifs d’étudiants au sein de nos universités comptent quasiment autant de filles que de garçons, mais je peux vous dire que les étudiantes détiennent une majorité indiscutable parmi les lauréats primés pour leur excellence. De même, les deux tiers des bourses d’excellences attribuées au titre de l’année 2017 aux doctorants à l’échelle de tout le Maroc ont été raflées par des étudiantes. Pour les effectifs d’enseignants chercheurs universitaires, même si on retrouve une parité homme-femmes, la balance penche complètement en faveur des hommes au niveau des postes de responsabilité. Et le domaine de la recherche ne fait pas exception à la règle : il est légitime par exemple de se demander aujourd’hui, pourquoi l’Académie Hassan II des sciences et techniques ne compte que trois femmes, ou encore pourquoi aucune université marocaine n’est actuellement présidée par une femme ? Personnellement, je pense qu’il serait trop facile de pointer du doigt ce cliché récurrent de la discrimination des femmes, d’autant plus que les “victimiser” ne les honore pas. En fait, la génétique est pour beaucoup dans cet état de fait… Les hommes sont naturellement plus portés vers la compétition, vers la prise de risque et n’hésiteront pas une seconde à briguer un poste de responsabilité sans se remettre en cause, là où la femme va plutôt hésiter longuement par crainte de ne pas assurer. Mais je reste persuadée que peu à peu, les femmes universitaires marocaines, finiront par imposer leur compétence au sein des plus grandes instances de notre pays.»

Afafe El Amrani EL Hassani, chercheure en sciences de gestion

«Le développement et la croissance socioéconomique de tout pays est tributaire de la contribution et l’implication de l’ensemble de ses composantes. L’approche genre ne doit plus constituer une entrave à l’émancipation de la femme marocaine mais plutôt une opportunité pour elle de démontrer ses capacités et ses potentialités. Le milieu universitaire, à l’instar des autres milieux au Maroc, connait une présence féminine de plus en plus importante qui se manifeste à travers une bonne croissance du pourcentage des femmes enseignantes chercheuses, docteures et/ou doctorantes. Cette croissance a été consolidée par la nouvelle Constitution de 2011. Malgré cela, nous persistons à penser que cette croissance ne répond pas aux ambitions du Maroc ni à ses espérances du moment. Le nombre des femmes enseignantes chercheures reste relativement faible dans les établissements d’enseignement supérieur au Maroc vu que les statistiques du ministère de l’Enseignement supérieur de 2013/2014 indiquent l’existence de 3.255 femmes seulement sur un total de 12.332 dans les 117 établissements de l’enseignement supérieur universitaire que compte le Royaume. Cette réalité doit nous interpeller, nous les femmes chercheures, et constituer un leitmotiv pour nous encourager à continuer d’avancer sereinement vers la réalisation de nos ambitions et la concrétisation de nos rêves de voir notre pays doté d’un système de gouvernance où parité et égalité homme-femme n’est plus un droit à revendiquer mais plutôt un droit dont il faut jouir.»

Fatim-Zahra Biaz, fondatrice de New Work Lab

«En tant que femme entrepreneure, j’ai rencontré les obstacles que toute personne rencontre dans une démarche entrepreneuriale. Ni plus, ni moins. La principale difficulté a été le manque de confiance en mon projet. J’avais parfois du mal à croire en mes capacités et en la possibilité de construire des choses qui peuvent avoir de l’impact. Je pense que le doute est un problème récurrent chez les femmes. Les hommes se lancent souvent dans des projets avec plus de confiance. Cette confiance était d’autant plus difficile à acquérir que plus le projet se développait, plus il fallait se confronter à un milieu masculin. On sait en effet aujourd’hui que plus on monte en hiérarchie, moins la parité est respectée. J’ai trouvé de nombreux soutiens d’autres entrepreneurs, de managers d’entreprises et de journalistes. Mon conseil aux femmes entrepreneures marocaines est de ne pas se décourager, de croire en leur projet et de chercher des soutiens autant que faire se peut. Aujourd’hui, entreprendre au Maroc est accessible aux femmes autant qu’aux hommes. Il n’en demeure pas moins que l’entrepreneuriat reste un domaine plus masculin que féminin.»

Dina Hessissen, entrepreneure

«Concernant l’évolution de la situation de la femme marocaine, je vois beaucoup de contradictions. On avance sur le plan législatif, mais on recule sur le plan social. On manque également de structures d’appui pour aider la femme dans son développement professionnel (crèches ou autres institutions similaires). J’encourage vivement les jeunes femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat. Elles peuvent y arriver. Comme on est capable d’être une bonne mère, on est aussi capable d’être une bonne chef d’entreprise. Une bonne mère, c’est d’abord une femme équilibrée, quel que soit l’endroit où elle trouve son équilibre. Il n’y a pas un schéma type ou idéal. Si votre équilibre est dans votre entreprise, votre foyer n’en sera que plus joyeux. En un mot, on est actrices (et non spectatrices) de notre destinée et de notre bonheur.»

Zoulikha Ghallab, la première dame des parfums

« La passion et la persévérance sont le secret de la réussite. Grâce à l’amour que je porte pour l’essenc­e des fleurs, j’ai pu m’introduire dans l’art et l’industrie de la parfumerie. Depuis mon enfance, j’ai été attiré par les agréables et riches odeurs du Maroc. Dieu m’a offert un don et une passion est née. J’ai alors décidé de la développer. J’ai fait une formation de quatre ans à Grasse en France. Dès le départ j’ai été soutenue par l’un des plus grands nez de France et dans le monde. Il a cru en mon don et a prédit mon succès. J’ai créé mon premier parfum avant de terminer ma formation. Un soir, alors que je dinais avec des amis sous un citronnier à Cannes, j’ai eu la bonne idée d’entamer un projet : créer un parfum, que j’ai intitulé Rêve à Marrakech. Puis «La rose des sables», et «Sahra» l’ont suivi sur les marchés marocains et internationaux. Je m’inspire de mon identité marocaine, des odeurs qui ont marqué mon enfance, de la magie de l’Orient, du mystère de l’Occident et surtout de la persévérance de la femme arabe amoureuse de la beauté. Aujourd’hui je suis nommée première dame des parfums au niveau arabe et africain. Je crée des parfums rares et uniques pour des grandes personnalités. Je prépare également une nouvelle surprise pour les fans de fragrances rarissimes ».

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