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L'engagement social pèse lourd dans la balance

Face à l'augmentation du taux de chômage des jeunes, le développement des compétences est plus que jamais nécessaire pour décrocher un emploi. Pour ce faire, les jeunes s'engagent dans des activités sociales qui leur permettent de se professionnaliser et ainsi mieux s'insérer dans la vie active. «L'engagement civique peut aider à renforcer l'employabilité des jeunes, à combler le fossé des compétences et à offrir des points de départ plus inclusifs, flexibles et alternatifs pour leur participation au développement socio-économique», souligne Naoual Bakry, consultante en développement social. Le point.

L'engagement social pèse lourd dans la balance
Un candidat engagé dans des activités citoyennes ne rencontre en principe aucun blocage pour réussir son entretien d’embauche.

Éco-Conseil : Quel est le rôle des activités sociales dans le renforcement de l’employabilité ?
Naoual Bakry : Le Maroc a besoin des jeunes et les jeunes ont besoin de leur pays. Notre pays connait plusieurs défis sociaux, ce sont des faiblesses ou des menaces qui peuvent être converties en opportunités pour les jeunes afin de prouver qu’ils peuvent être acteurs du changement, qu’on peut leur faire confiance et qu’ils peuvent participer à la dynamique socio-économique du pays. Les taux élevés de chômage des jeunes que connait notre pays et dans différents pays qui souffrent de ce fléau ont entravé la participation d’une grande proportion de jeunes à la dynamique économique.

Quelques cas de figure se présentent. Des jeunes qui ont des métiers en main et des compétences techniques et ont la possibilité de monter des micro-entreprises, voire des TPE à travers des programmes d’accompagnement dédiés. Des jeunes qui doivent absolument trouver des moyens pour subvenir à leurs besoins fondamentaux et vivre et qui s’orientent vers le seul recours qui se présente sous forme d’opportunités, le secteur informel ! D’autres jeunes, qui sont en veille active de recherche d’emploi et peuvent attendre et vivent dans des milieux qui peuvent les soutenir financièrement le temps de trouver un emploi, ce qui peut durer des mois, voire des années. Pour cette catégorie, beaucoup d’entre eux sont impliqués dans la vie associative en général et préfèrent y consacrer une bonne partie de leur temps, motivés par le besoin de forger leurs compétences et préparer la transition vers le monde de l’emploi tôt ou tard.

En effet, participer à des activités citoyennes, adhérer à des associations, s’inscrire dans des programmes de volontariat ou développer un club dans le cadre de ses études sont tous des moyens intelligents, qui coûtent peu et permettent de développer des compétences qui n’ont pas été abordées dans les cursus scolaires, à savoir la confiance en soi, la prise de parole en public, les techniques de négociation, le travail en équipe. C’est aussi le meilleur moyen pour les jeunes de développer les réseaux de contacts qui peuvent les aider à trouver un emploi.

En sus, on enregistre ces dernières années une montée en flèche des initiatives menées par plusieurs organisations et associations, qui ont pour objectif de promouvoir la citoyenneté et l’esprit d’entreprise chez les jeunes du collège, du lycée, de l'université ou du centre de formation professionnelle. Ces jeunes ont 10 fois plus de chance de décrocher un job avant l’obtention de leur diplôme ou juste après. On les repère facilement, ils se démarquent par leur posture, par leur éloquence, par le travail soigné qu’ils délivrent et par leur sens de l’engagement et leur professionnalisme. En plus, ils ont des connexions importantes et un réseau qu’ils peuvent exploiter pour trouver un emploi.

Dans ces espaces où les jeunes s’engagent et recherchent de l’épanouissement et du sens à leur vie, ils peuvent acquérir des compétences, une gestion et une compréhension pratiques qui sont fondamentales non seulement pour accroître l'employabilité, mais aussi pour permettre une transition harmonieuse et la participation à la vie active. Ainsi, l'engagement civique peut aider à renforcer l'employabilité des jeunes, à combler le fossé des compétences et à offrir des points de départ plus inclusifs, flexibles et alternatifs pour leur participation au développement socio-économique.

Comment le chercheur d’emploi peut-il valoriser ce volet pour trouver un emploi ?
Un jeune engagé dans des activités citoyennes est avant tout un jeune connecté avec d'autres personnes qui sont impliquées dans le même domaine, soit des volontaires comme lui, soit des bénéficiaires ou des interlocuteurs d’organisations sociales. Ces mêmes connexions peuvent lui servir pour trouver un emploi ou peuvent carrément être de potentiels employeurs. Un jeune engagé est un jeune qui fait déjà un pas sur le chemin de son employabilité. En effet, je connais des jeunes qui, au démarrage, étaient des bénévoles dans des associations et qui se sont convertis en salariés, d’autres ont démarré dans le cadre de stages et ont fini par occuper des postes de responsabilité dans ces mêmes associations, mieux encore, des jeunes qui ont démarré comme volontaires finissent par créer eux-mêmes une structure sociale.Un jeune engagé est un jeune qui a accès à de la connaissance, à de l’expertise et de la formation. N’oublions pas que dans le cadre des actions associatives, des ateliers, des formations et des séminaires sont organisés. L'occasion pour le jeune de compléter son apprentissage et de mieux se positionner pour occuper les postes de travail demandés par le marché. Un jeune engagé est un jeune qui développe son capital connaissances et sa personnalité parce qu’il va être impliqué dans des projets différents avec des personnes différentes dans des domaines différents. Même s’il manque d’expérience dans l’entreprise, un jeune engagé peut prétendre à un emploi, il suffit de valoriser tout ce qu’il aura appris et de le convertir en compétences qui sont recherchées par l’entreprise.

Quel intérêt pour le recruteur de prendre en considération ces aspects lors du processus de recrutement ?
L’engagement social est très important et toute action de volontariat portée par les chercheurs d’emploi a de la valeur aux yeux du recruteur. Un employeur qui a entre les mains un CV d’un candidat qui a fait des actions sociales, caritatives ou autres le privilégie par rapport à un autre qui a choisi de ne rien faire. Un candidat de ce type reflète, à travers son CV, qu’il fait preuve d’ouverture, qu'il partage avec d’autres son temps et ses connaissances. Il a pu collaborer avec d’autres personnes, donc il n’a pas de mal à travailler en équipe. S’il a engagé des actions sociales, c’est qu’il s’est organisé et a pu gérer son temps. L’ouverture, le partage, le travail en équipe, la gestion du temps, l’organisation, la prise de parole en public et l’esprit d’initiative sont des compétences très recherchées et qui ne s’enseignent pas sur les bancs de l’école. Un jeune engagé ne rencontre en principe aucun blocage pour réussir son entretien d’embauche, il est plus ouvert, a de l’aisance relationnelle et n’a pas de mal à parler de lui-même. Il a de la confiance en soi et va tenir un discours passionnant sur ses actions, ce qui va séduire les employeurs.

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