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À quoi ressemblera le monde en 2030 ? Le spécialiste des économies émergentes et l’auteur notamment de Chindiafrique (Odile Jacob, 2013), Jean-Joseph Boillot, soutient que trois puissances seront incontournables à l’approche de cette date. Il s’agit de la Chine, de l’Inde et de l’Afrique. Invité de l’Association Pour le Progrès des dirigeants (APD), jeudi dernier à Casablanca, le spécialiste a tenu à rappeler que la vraie force, notamment de l’Afrique, sera sa population qui croît à une vitesse importante et non seulement ses ressources naturelles.
Les changements se font donc à grande vitesse. Le Professeur agrégé de sciences sociales estime, dans ce sens, que le poids démographique considérable de la «Chindiafrique», qui représentera 50% de la population mondiale à l’horizon 2030, permettra l’émergence d’un bloc géopolitique incontournable. Cette explosion démographique que connait surtout l’Afrique, est «un atout», et non une contrainte, a-t-il affirmé.
Appelant à une analyse modérée de la situation en Afrique afin d’éviter les excès d’optimisme ainsi que la domination d’une vision pessimiste, M.Boillot a puisé dans sa culture africaine pour sortir les proverbes illustrant la vision qu’il a du continent. «Qui rame dans le sens du courant fait rire les crocodiles», a-t-il rappelé pour tempérer les ardeurs de ceux qui tracent un avenir en rose pour l’Afrique ou ceux qui y voient le contraire. Pour l’auteur du livre «L’Afrique pour les nuls», l’essentiel est que «le continent s’est mis en marche et rien ne pourra plus l’arrêter».
Interrogé sur les risques que peut représenter l’importation massive des produits chinois et indiens en Afrique, notamment en ce qui concerne l’entrave à l’émergence d’une industrie locale, l’expert a affirmé que c’est grâce à cette importation des produits à bas prix que l’Afrique s’est réveillée. Soutenant que la consommation dans le continent a créé un certain dynamisme et a donné l’envie de travailler aux jeunes africains, M.Boillot a donné l’exemple du Nigeria qui commence à développer sa propre industrie dans plusieurs secteurs suite à l’émergence du marché local.
La rencontre, faisant partie d’un cycle de conférences multi-thèmes programmé par l’APD tout au long de l’année 2017, a constitué également l’occasion de revenir sur l’expérience des opérateurs économiques marocains dans le continent. Dans ce sens, deux champions de l’économie marocaine, l’un spécialisé dans la finance et l’autre dans l’ingénierie, ont passé en revue les grandes lignes du parcours de leur intégration dans les marchés africains, notamment au niveau des pays francophones.
Attijariwafa bank, avec une histoire africaine d’une douzaine d’années, s’est implantée dans 14 pays avec 600 agences et quelque 6.000 collaborateurs. Satisfaite de ces résultats en Afrique et qui constituent désormais 30% de ces revenus, la banque marocaine affirme avoir un nouveau plan de développement au niveau des pays anglophones. Du côté du Laboratoire public d’essais et d’études (LPEE), c’est également une histoire de réussite qui n’a rien à envier à celle d’Attijariwafa bank. Avec une expérience de plus de 25 ans dans les marchés africains, le Laboratoire marocain est aujourd’hui présent au niveau de plusieurs pays de la région en association avec les laboratoires africains.
