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L’esthétique douloureuse des corps de Mohamed Alami

L’Espace «Pourquoi pas moi» de la Villa des arts de Casablanca accueille, jusqu’au 30 juin, les œuvres de l’artiste Mohamed Alami. Une exposition tout à fait exceptionnelle qui suscite l’intérêt et la curiosité de tous ceux qui la visitent.

L’esthétique douloureuse des corps  de Mohamed Alami
Les œuvres de Mohamed Alami ne sont pas le simple fruit de l'imagination, mais trouvent leur source dans le vécu de l’artiste, qu'on devine être passé par des moments très difficiles.

Pour une deuxième exposition dans sa carrière artistique, on peut dire que l’artiste Mohamed Alami a brûlé beaucoup d’étapes, puisqu’il est arrivé à émerveiller les plus fins connaisseurs par sa démarche plastique, son esthétique et sa profondeur. Ce talentueux peintre désire, à travers son pinceau et sa toile, transmettre sa douleur et les profonds sentiments inspirés de son vécu quotidien et les inégalités de la société qu’il dénonce avec beaucoup de fermeté.

L’artiste confie lui-même, à propos de ses corps, que ces derniers représentent la dureté de ces hommes, la dureté de leur cœur et permettent de mettre en exergue les contrastes de ce monde. Il faut dire que ces compositions ne sont pas le simple fruit de l'imagination, mais trouvent leur source dans le vécu de l’artiste, qu'on devine être passé par des moments très difficiles. Une manière de dénoncer des réalités quotidiennes, des souffrances et des douleurs qu’on peut rencontrer un peu partout dans le monde. On y décèle de l’audace à travers une esthétique d’angoisse, réalisée avec de la peinture à l’huile et des cristaux, et engendrant une œuvre poignante.
Le critique Abderrahman Benhamza la qualifie de réelle force expressive, une dynamique graphique et un traitement de la couleur qui attestent un tempérament d’artiste-né. «Ce sont des personnages kafkaïens vus de face, de profil, en solitaires ou en couples étrangement mutiques, pris dans de longues poses de gens qui s’ennuient, ou sous forme de silhouettes».

Et d’ajouter que sa peinture est d’un expressionnisme tel qu’on n’en connaît pas beaucoup dans les annales plastiques au Maroc. «Et ce n’est pas une vue de l’esprit de l’aligner, les particularités stylistiques et la facture en moins, sur ce qu’ont fait dans ce domaine un Aziz Abou Ali et un Mohammed Drissi. Mohamed Alami, qui est un autodidacte, y est allé de toute la puissance de son affect, de tout l’élan de ses émotions. Un esprit de révolte contenue filigrane aussi la composition, comme une crise d’identité entraînant un violent repli sur soi… L’art de Mohamed Alami devient, du fait une sourde quête de libération, une espèce d’exorcisme métaphysique. Sa perception des couleurs et sa pratique des contrastes, parfois l’aspect frontal de ses représentations, donnent lieu à une approche ardue de la condition humaine, partant à une esthétique de la douleur ne se prévalant d’aucune mise en scène».

Ainsi, dans les quelque 18 œuvres que l’artiste présente, on décèle ce cri de douleur perceptible dans chacune d’elles, soulignant la force du caractère de l’artiste qui, dans sa démarche, ne veut reculer sous aucun prétexte. 

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