Décidément, le corps est la thématique de prédilection de l’artiste-peintre Souad Byad. C’est ce que l’on retient aussi de ses travaux récents qu’elle vient d’exposer à la Salle Maurice Bonnard du Bourget dans le cadre de la 58e édition du Salon arts, formes et couleurs, qui a pris fin samedi dernier. Le parti pris de cette artiste : explorer le corps selon une nouvelle esthétique. Cette verve se répercute sur sa production picturale. Et si la diversité est le propre de la nature humaine, cette plasticienne jongle avec les différentes techniques mises à sa disposition : acrylique sur toile de lin, collages, le tout dans un rendu néofiguratif où la vie est toujours présente. La couleur est primordiale pour son tableau. Elle l'utilise à profusion avec cependant une gamme chromatique qu'elle ajuste avec finesse et élégance. En témoigne son œuvre «Duel» que le public français a pu découvrir lors de cette édition. C’est cette même œuvre qui lui a valu le prix de cette manifestation. Lyrique, le travail de cette artiste-peintre est un abécédaire des couleurs, toutes plus éclatantes les unes que les autres dans leurs relations tonales, dans le vocabulaire des formes et des signes qui les redessinent, les emprisonnent ou les exposent, car les figures font corps avec la nature. L'artiste est une virtuose et son jeu est sensible.
Cela s'applique par les stratégies mises en œuvre pour chaque tableau et le plus ou moins grand tressage des éléments en présence. «Parler de la peinture de Souad Byad, c’est consentir à céder au vertige d’une sensibilité chromatique qui explore inlassablement les virtualités du corps. Chaque toile est une modulation d’une infinité de vibrations somatiques, de vives saisies d’instants spontanés qui sollicitent une perception active sortant des évidences académiques», indique à ce propos le critique d'art Lahsen Bougdal. Il faut dire qu’avant tout Souad Byad est une plasticienne qui donne libre cours à sa sensibilité. Et la fantaisie qui caractérise sa liberté d'expression demeure quasiment lyrique. Ainsi, son œuvre révèle une audace picturale et une base structurelle parfaitement ordonnancées et qui révèlent une intensité stylistique originale.
Avec aisance, mais sans complaisance, elle puise dans l’authenticité ce qui peut combler sa vision artistique. Mais pour transmettre ses messages, elle a presque fait une fixation sur le corps. C’est «la clé de lecture», histoire de permettre aux visiteurs de décoder ses tableaux. «Des corps suggérant mille et une grâces à peine insinuées. Puis la plasticienne se dérobe et cède à la tentation de la coloriste, laissant le regardeur avide de détails partir en conjectures. Mais notre artiste ne se soucie guère des étiquettes ni même des intentions. Dans une peinture très personnelle avec des distorsions et un jeu dynamique des entrelacs, sa peinture ne saurait ne pas refléter ce stress, cette difficulté d'être de l'art de notre temps», conclut Lahsen Bougdal. Dans l’œuvre de cette plasticienne, tout se passe comme s'il fallait conjurer un péril en évitant l'insistance d'un motif familier et connoté. Du décor ou du sujet, pas de frontière. Tout élément s'imbrique dans l'autre, en une force d'engrenages parfaitement huilés. Pointes de surréalisme et touches de symbolisme constellent l'œuvre hors du champ commun de l'artiste.
