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La contrefaçon menace toute une industrie

Des articles sportifs des clubs marocains contrefaits sont vendus un peu partout au Maroc, au grand dam des équipementiers ou de leurs représentants et des clubs. Des répliques presque parfaites de maillots de l’ensemble des clubs sont disponibles à des prix abordables aux marchés Koréa, Derb Guelef, Derb Sultan ou Bab Marrakech. Un business florissant qui occasionne un énorme manque à gagner pour les clubs et les équipementiers eux-mêmes. Le dernier à avoir poussé un cri de détresse est Gold Sport, représentant de la marque italienne Macron, équipementier du Wydad de Casablanca. Retour sur un fléau qui menace une industrie du sport encore balbutiante.

La contrefaçon menace toute une industrie
Ph. Seddik

Tout y passe : maillots, T-shirt, casquettes, écharpes, polos, survêtements, accessoires flanqués des logos des clubs. La contrefaçon sévit dans les articles du sport en toute impunité. Certes, les pouvoirs y sont pour quelque chose dans la prolifération de ce business illégal, mais ils ne sont pas les seuls responsables. Boubker Ammari, ancien président de la commission marketing du Raja de Casablanca, blâme les clubs qui, d’après ses dires, n’ont encore rien compris au marchandising sportif. «Les clubs au Maroc n’ont pas mis à la disposition de leurs supporters des structures où ils peuvent trouver des produits à des prix accessibles, à l’exception de deux ou trois clubs. Cette absence de boutiques fait les affaires des contrefacteurs qui mettent sur le marché des maillots et d'articles contrefaits à des prix abordables». Interrogé les clubs ayant leurs boutiques, mais touchés également par la contrefaçon (c'est le cas du Wydad et du Raja), Ammari a assuré que ces deux clubs sont équipés par des marques mondialement connues et que leurs maillots officiels sont commercialisés à 500 ou 600 DH, alors que le pouvoir d’achat des supporters est trop limité pour leur permettre de s’offrir ce genre de produits. Du coup, la contrefaçon profite de cette guerre des prix et met à la disposition des fans des produits vendus à 100 ou 150 DH, parfois même un peu moins. Ce sont des produits fabriqués localement dans des petits ateliers ou parfois importés d’Asie, mais dont le prix reste toujours abordable», a-t-il précisé.

Hicham El Jaouhari, DG de Yes Equipement, abonde dans le même sens : «Les clubs ne sont pas toujours conscients que le merchandising est une manne d’argent non négligeable pour eux. La plupart n’ont pas de structure où les fans peuvent trouver facilement les maillots et les accessoires des clubs. Du coup, c’est le marché de la contrefaçon qui fleurit». Pour El Jaouhari, la lutte contre ce fléau passe avant tout par le développement du marchandising sportif, comme c’est le cas en Tunisie, dit-il, de façon à créer de nouveaux produits, attirer le maximum de sponsors ou assurer des animations au sein des stades. Et de poursuivre : «Nous essayons d’expliquer à nos partenaires que le contrat équipementier, ce n’est pas seulement offrir à un club du matériel ou des maillots, c’est un partenariat gagnant-gagnant pour toutes les parties». L’autre recette d’UHL sport pour réduire au maximum la contrefaçon de ses produits est d’anticiper la demande des supporters et surtout de leur offrir des maillots à des prix abordables n’excédant pas 150 DH. Cette politique de bas prix est devenue possible grâce au made in Morocco, puisque Yes Equipement a obtenu la licence pour produire localement.

Un immense manque à gagner pour les clubs

D’après Marwane Mellouki, patron de Gold Sport, «pour chaque maillot officiel vendu, il y a en parallèle 20 autres contrefaits écoulés. Ce qui représente un manque à gagner non négligeable pour les clubs». C’est ce qui explique pourquoi Gold Sport, représentant de la marque italienne au Maroc (équipementier officiel du Wydad), a récemment porté plainte contre des usines qui produisent le maillot des Rouges. «Nous avons eu du mal à convaincre la marque “Macron” de venir au Maroc. La contrefaçon des produits Kappa et Puma par le passé ont beaucoup fait réfléchir les responsables de la marque italienne. On a eu du mal à les convaincre. Et là, à peine quelques mois après son arrivée, on se rend compte que nos produits sont contrefaits. En cinq mois, on a perdu un million d’euros», s’indigne Mellouki. Et de poursuivre : «En plus de payer les droits de douane qui sont de l’ordre de 47% pour des produits textiles fabriqués en Asie, on paye aussi de TVA, la patente et la CNSS. Et en fin de compte, quelqu’un vient et copie notre travail et fait fabriquer des maillots sans rien payer. C’est tout bénéfice pour lui», a-t-il regretté. En plus de toutes ses charges, la marque doit verser un pourcentage au club pour l’exploitation de son logo et son image.


Questions Boubker Ammari, Ancien président de la commission marketing du RCA

«Il ne faut pas blâmer les supporters, parce qu’ils ne trouvent pas de structures où s’équiper»

Pourquoi le business des produits sportifs contrefaits est-il en plein essor ?
Pour la simple raison que les clubs ne mettent pas à la disposition de leurs supporters des produits à leur portée. Il ne faut pas blâmer les supporters, parce qu’ils ne trouvent pas de structures où s’équiper à des prix abordables. Du coup, ils cherchent les produits sur le marché parallèle. Les clubs doivent créer des structures afin de mettre à la disposition des fans des produits dérivés du club à des prix accessibles.

Moins de maillots vendus est synonyme de moins de recettes pour les clubs, est-ce que c’est valable aussi au Maroc ?
C’est vrai. C’est une règle universelle. Mais permettez-moi de vous dire que cette règle n’est pas valable au Maroc, pour la simple raison que moi en tant que supporter, je n’ai pas d’infrastructures où je peux partir un dimanche et acheter le maillot de mon club, une écharpe ou une casquette… à l’exception de deux clubs, le Raja et le WAC. On ne peut parler de pertes ni les chiffrer, parce qu’on n’a pas de base de données ni d’historique pour le faire. On ne peut quantifier tout cela que si on a des boutiques et un réseau de distribution pour faire remonter l'information.

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