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Jeudi 28 Mars 2024
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La créativité et l’imaginaire de tout un continent à l’honneur

Rabat célèbre, jusqu’au 28 avril, l'Afrique dans toute sa splendeur artistique et créative. Des artistes sélectionnés aux quatre coins du continent mettent en exergue la force de cette terre, sa diversité et sa richesse. «L’Afrique en Capitale» est un événement grandiose qui célèbre le continent et auquel participent plusieurs institutions de la ville, pour lui assurer un rayonnement accru.

La créativité et l’imaginaire de tout un continent à l’honneur
L'événement «L'Afrique en Capitale» se poursuit jusqu'au 28 avril. Ph. Aic Press

Une volonté royale concrétisée avec beaucoup de dévouement par les nombreux opérateurs culturels et institutionnels qui, comme l’a souligné le président de la Fondation nationale des musées, Mehdi Qotbi, «se sont mobilisés pour offrir une programmation riche placée sous le signe du talent, de l’émotion et du partage». En effet, de multiples arts y étaient présentés, notamment l’art contemporain, le patrimoine, le septième art, la musique, l’art urbain, en plus de conférences et de contes. Tous les prestigieux espaces de la capitale sont investis par des expositions, on ne peut plus pertinentes d’artistes africains de renommée internationale, qui furent eux aussi très contents de participer à cette manifestation au Maroc, pays qu’ils portent tous dans leur cœur. «Selon les quelques expériences que j’ai eues en Afrique, j’ai constaté qu’il y a une politique culturelle qui manque assez cruellement. Donc, voir un événement de cette ampleur au Maroc est un exemple pour toute l’Afrique», affirme l’artiste congolo-français Kouka, dont les œuvres plastiques magnifiquement exécutées ont touché tous ceux qui ont eu le plaisir de les voir. «Je travaille sur le peuple Bantus qui a construit l’Afrique depuis des milliers d’années.

À travers mon art, j’essaye de rendre hommage à cette population subsaharienne qui est passée par l’esclavage et les flux migratoires, a subi beaucoup de malheurs et fut exilée un peu partout dans le monde. Donc, on peut dire qu’il y a des Bantus aux quatre coins de la planète. Pour moi, c’est un honneur de présenter ce travail au Maroc, ce pays qui possède une politique culturelle contribuant à la construction de l’Afrique et surtout à la lutte contre le racisme», renchérit Kouka qui ne cesse de rappeler que l’espace public, comme le monde, n’appartient à personne et que s’il est possible d’occuper un territoire, on ne peut s’approprier sa culture. Toutefois, que ce soit au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain, à l’Espace Expressions CDG, à la Villa des arts de Rabat, à la Galerie Bab Rouah, à la Galerie Bab El Kébir, ou encore au Musée Bank Al Maghrib et à la Bibliothèque nationale, les expositions d’art contemporain et patrimonial présentées ne manquent pas de séduire les plus fins connaisseurs. On y découvre une Afrique avec ses éclats, ses couleurs, son imaginaire, ses hommes et ses femmes… une Afrique qui parle et raconte à travers son art.

«C’est un événement qui met en valeur la création artistique contemporaine africaine. Le Musée participe à travers trois expositions : la première dédiée à ce qu’on a appelé un mémorial d’artistes, avec Leïla Alaoui, Othmane Dialmi et Malek Sidibé. Une seconde exposition collective présentée à l’étage et une autre avec Kouka et Wahib Chehata. Ce qui fait découvrir un art très disparate et très particulier», précise Abdelaziz Idrissi, directeur du Musée Mohammed VI. Effectivement, les artistes eux-mêmes étaient très touchés par cette manifestation qui constitue une étape importante dans leur parcours.


Questions à l’artiste photographe tunisien Wahib Chehata

«La scène artistique marocaine est à la fois brillante et totalement enracinée dans son identité et son espace»

Que pensez-vous de cet événement présentant l’Afrique dans sa diversité culturelle et artistique au Maroc ?
C’est un événement qui a plusieurs lectures. Une lecture personnelle concernant l’attention particulière portée à mon travail. C’est une invitation presque honorifique, puisque mon travail est consacré pour la première fois dans un espace muséal. D’autant plus que nous sommes sur une terre vers laquelle convergent beaucoup de cultures. Une culture ancrée dans sa tradition et qui n’est pas dans la lutte ni dans le déni. Il y a un souffle tout à fait particulier que j'observe à travers mes voyages, sachant que je traverse souvent Casablanca. Je suis plutôt attentif d’une manière générale à la scène artistique au Maroc, que je trouve à la fois brillante et totalement enracinée dans son identité et son espace.

En contemplant vos œuvres, il ne nous vient pas à l'idée que c’est un Nord-Africain qui les a accomplies ?
Beaucoup penseront à un Occidental. C’est ce qui est intéressant lorsqu’on se projette face à une œuvre qui dit des choses, au-delà des mots, des cultures et des histoires. Par exemple, moi en tant que Français d’origine tunisienne ou Tunisien d’origine française, peu importe, je retrouve ici toutes les racines essentielles, ma langue, mon propos, mon art prend tout son sens, en tant qu’artiste et en tant qu’être humain, même s’il a une connotation totalement différente. Tout converge et tout fait sens.

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